Bonjour,
Je travaille depuis quelques jours dans une MAS comme AMP remplaçante. Cette structure accueille des personnes autistes et/ou psychotiques déficitaires. Après discussion avec quelques collègues il m'apparaît que sur l'unité où je travaille, l'ambiance d'équipe est plutôt tendue: conflits ouverts ou larvés. Les salariés se critiquent les uns les autres. Il y a une sorte de clivage entre les personnes embauchées en CDI et les remplaçants, avec des enjeux de pouvoir. D'après ce que j'ai pu entendre un remplaçant est facilement "bouc-émissarisé". Les titulaires du diplôme d'AMP anciens dans la structure se montrent très exigeants envers des personnes qui débutent mais se permettent des libertés et donnent des informations contradictoires. Par exemple, j'ai pu observer un collègue faire une sieste sur son lieu de travail. D'autres collègues, (qui se montrent par ailleurs très exigeants et critiques sur mon travail, mon approche éducative) titulaires et bénéficiant d'analyse de la pratique, se moquent ouvertement de certains résidents sous prétexte qu'ils n'ont pas les capacités intellectuelles suffisantes pour comprendre ou les infantilisent notamment lors des repas dits "thérapeutiques". Par exemple, une AMP peut réprimander une résidente parce qu'elle "mange comme une cochonne" ou traiter un résident de "vilain pas beau" lorsqu'il a uriné sur ses draps. Une autre résidente est menacée d'être privée de dessert si elle ne boit pas son verre d'eau (mais c'est pour "rigoler"). Les résidents ont des troubles du comportement importants, automutilations, violence, défèquent dans leur chambre. Lorsque je demande des explications sur un comportement a des personnes qui connaissent bien le résident, c'est souvent la même réponse qui revient: "pour nous faire chier".
Par ailleurs les temps de chambre prescrits ne sont pas forcéments respéctés; une remplaçante qui a plus d'ancienneté que moi a pu me dire de fermer la porte a clé d'un résident, sorte de punition pour l'empêcher de sortir de sa chambre nu.
Je me sens en quelque sorte bâillonnée par mon statut précaire au sein de cette structure. Je n'ai pas encore accès aux séances d'analyse de la pratique; d'ailleurs certains collègues pensent que cela n'a aucun intérêt que les remplaçants aillent à ces réunions. J'ai peur d'être la cible de moqueries à mon tour et de ne pouvoir me défendre. Je n'ai pas le diplôme d'AMP mais j'ai un BAC+4 et 2 ans d'expérience sur le même type de poste.
Que pensez-vous de tout cela ?
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Maltraitance institutionnelle ?
Re: Maltraitance institutionnelle ?
Bonjour,
Je travaille depuis 10 ans en Mas en tant qu'éduc et je suis très surprise des retours que vous faites et vous avez bien raison de vous questionner.
La première pensée qui me vient, au delà de la question de la maltraitance institutionnelle, est plutôt la question de l'usure professionnelle. Oh combien ce public est très intéressant et enrichissant (j'adore mon travail), mais très difficile à accompagner dans l'expression du quotidien. Professionnels, nous sommes souvent poussés dans nos retranchements. Comment y faire face? Sommes-nous toujours irréprochables dans nos accompagnements? Je pense qu'il est sain de pouvoir dire à un Résidant "là, c'est trop pour moi, je passe le relais", " Je ne suis en colère, je m'occuperai de toi dans quelques instants". Bien entendu, si les choses sont dites avec respect. La grande vulnérabilité de ce public peut effectivement faire glisser des professionnels dans la toute puissance si l'institution n'y prend pas garde ; et c'est là où est le risque de maltraitance.
Pour moi, l'équipe pluridisciplinaire est le garde fou de ces dérives. Quand le cap est déjà passé, c'est du ressort de la Direction me semble-t-il. Je ne peux que vous conseiller de faire part de vos interpellations à vos collègues dans un premiers temps, puis dans un second temps, à la Direction. Les petites plaisanteries font parties du quotidien et parfois mieux vaut en rire...ceci étant, les Résidants doivent être traités dignement.
En espérant que la situation ne stagne pas.
Bon courage et n'hésitez pas si besoin
Je travaille depuis 10 ans en Mas en tant qu'éduc et je suis très surprise des retours que vous faites et vous avez bien raison de vous questionner.
La première pensée qui me vient, au delà de la question de la maltraitance institutionnelle, est plutôt la question de l'usure professionnelle. Oh combien ce public est très intéressant et enrichissant (j'adore mon travail), mais très difficile à accompagner dans l'expression du quotidien. Professionnels, nous sommes souvent poussés dans nos retranchements. Comment y faire face? Sommes-nous toujours irréprochables dans nos accompagnements? Je pense qu'il est sain de pouvoir dire à un Résidant "là, c'est trop pour moi, je passe le relais", " Je ne suis en colère, je m'occuperai de toi dans quelques instants". Bien entendu, si les choses sont dites avec respect. La grande vulnérabilité de ce public peut effectivement faire glisser des professionnels dans la toute puissance si l'institution n'y prend pas garde ; et c'est là où est le risque de maltraitance.
Pour moi, l'équipe pluridisciplinaire est le garde fou de ces dérives. Quand le cap est déjà passé, c'est du ressort de la Direction me semble-t-il. Je ne peux que vous conseiller de faire part de vos interpellations à vos collègues dans un premiers temps, puis dans un second temps, à la Direction. Les petites plaisanteries font parties du quotidien et parfois mieux vaut en rire...ceci étant, les Résidants doivent être traités dignement.
En espérant que la situation ne stagne pas.
Bon courage et n'hésitez pas si besoin