Bonjour à tous,
Je suis Eje depuis 5 ans, et pleine de doutes également depuis un moment...
J'ai exercé en crèche collective mais j'ai fini par partir car cela ne correspondait vraiment pas à mes attentes. Pourtant je perçois bien l'importance de l'EJE dans un lieu tel que celui-ci, mais j'ai la certitude aujourd'hui que ce n'est pas fait pour moi. D'autant plus avec la réalité du quotidien rythmé par le manque récurrent de personnel...
Je travaille desormais en crèche familiale. Cela correspond davantage à ma vision du métier, mais je ne m'y épanouis pas complètement non plus, et cela devient de plus en plus pesant. Cette impression d'être parfois consideree comme une animatrice ou de me heurter encore et encore à des résistances diverses, face à des professionnelles pour qui il est parfois bien compliqué de se remettre en question. Pourtant, c'est ça aussi notre métier et c'est ce qui peut en faire la richesse. Mais au quotidien c'est réellement épuisant d'avoir l'impression de travailler "dans le vide", avec des personnes pas motivées ou pensant déjà tout savoir. Certaines confondant parfois aussi le travail avec une cour de récréation ou un lieu de commérages entre copines, où l'hypocrisie est de mise (heureusement ce n'est pas une généralité, mais j'avoue supporter de moîns en moins cette ambiance... Est ce dû au fait que je n'ai eu des expériences qu'au sein d'équipes exclusivement féminines ?!). Alors bien sûr, il y a aussi de jolies surprises et des pros bienveillants, de toute formation, qui se saisissent réellement de l'observation et sont capables de réinterroger seul ou en équipe leurs pratiques professionnelles pour ameliorer la qualité d'accueil. Mais plus le temps passe, moins je prends de plaisir dans mon travail. Et ça me rend triste. De plus, les directives en lien avec la petite enfance n'aident pas toujours, l'institution venant alors parfois fragiliser encore davantage la motivation des équipes qui sont au plus près des réalités du terrain... Et puis ce mot, omniprésent : "remplissage", même si je comprends bien que la baisse des budgets est réelle et qu'il faut composer avec... Et puis tous ces projets qu'on nous demande de mettre en place, alors que le quotidien est dejà pas evident. Mais pour qui finalement ? Y a-t-il toujours un réel sens pour l'enfant ? Quelles sont nos priorités ?!
Ce métier je l'ai choisi pourtant, il y a 12 ans, pleine d'envie et de convictions profondes. Mais aujourd'hui je me sens déçue par cette réalité, et fatiguée, presque plus motivée. Déçue aussi de moi, de ne pas comprendre comment j'en suis arrivée là. Finalement, même si je suis très sensible à tout ce qui touche à l'accueil de l'enfant, de sa famille, que j'aime apprendre encore et encore, me questionner, réfléchir en équipe, et que j'ai adoré ma formation, peut être ne suis-je tout simplement pas faite pour ce métier ? Je ne le pensais pas auparavant, mais je sens qu'il est important pour moi aujourd'hui de pouvoir constater de façon plus concrète les résultats de mon travail au quotidien, avoir l'impression de progresser, de "valider"/"acter" certaines choses et ne plus y revenir pour continuer à avancer. Et le métier d'EJE ne me le permet pas forcément, parce que l'une des difficultés de notre travail c'est justement qu'il n'est pas toujours "palpable" ni mesurable, il est dans la repetition, s'apprécie parfois sur le long terme et les "résultats" ne sont pas toujours au rendez vous, malgré nos efforts. Parce que ce fameux résultat dépend aussi des autres professionnels, de leur implication, de leur motivation à se saisir de ce que l'on peut apporter. Et là, à un moment donné, on n'a plus aucune influence sur cela. Alors je suis fatiguée de me battre, de m'adapter encore et encore quand ce n'est pas réciproque, de perdre mon énergie pour tout cela si ca ne mène nulle part ou pas bien loin...
Peut-être est ce egalement le sentiment de certains parmis vous ? J'ai l'impression d'être arrivée à un point où j'ai besoin de me préserver de tout ça, de toutes ces choses négatives qui mettent progressivement à mal la santé, moralement et physiquement (car les métiers auprès des enfants sollicitent aussi énormément notre corps, et j'ai commencé à le sentir réellement et m'interroge sur ce que cela pourrait donner dans quelques années...). Je n'aime pas penser toutes ces choses et pourtant c'est ce que je ressens. Plus je prends du recul, plus je me dis qu'il faut que je trouve une nouvelle voie ailleurs, avant de me perdre dans quelque chose qui n'est pas Moi. Mais où ? Comment savoir, comment choisir et ne pas se tromper ? C'est vraiment étrange cette sensation d'être certaine que les domaines du social et de la petite enfance me correspondent, mais peut être pas finalement d'un point de vue professionnel.
Est ce que certains aussi parmi vous ont éprouvé le besoin de se reconvertir dans un domaine très différent ?
Ce post est un peu long, et loin de moi la volonté d'être dans le jugement. Juste besoin de déverser ici un peu le trop plein du quotidien actuel en attendant d'y voir un peu plus clair sur la suite
Le métier d'EJE est un métier intéressant, vivant, enrichissant, que l'on porte en soi. Mais c'est aussi un métier difficile, fatigant, et on peut se sentir parfois bien seul et démuni. Les responsabilités, le manque de reconnaissance et le salaire n'aidant pas non plus...
Bonne soirée