relations salariés/usagers

[kakou]

Bonsoir,
Chef de service dans un CHRS, j'ai appris ce jour, par l'autre chef de service, que l'une de ses salariées entretenait une relation amoureuse avec un usager... (A savoir, que l'autre chef de service et cette salariée sont des amies de longue date...oui, rien de simple).
Cette nouvelle me turlupine beaucoup...quelle réaction à avoir devant ce type de situation? Y'a t'il faute professionnelle ( les personnes accueillies en CHRS sont aussi vulnérables, et il me semble qu'il doit y avoir un chapitre se rapprochant de ce sujet sur le règlement des salariés)de la salariée, ou non, et se taire, est-ce une faute? Doit-on tendre une main vers cette salariée, d'autant que l'usager est en grande difficulté, au cas où ce ne serai q'un égarement professionnel (quoique ça ferait déjà 5 mois...)... Bref, plein de questions, pour lesquelles j'aimerai avoir votre avis, vos expérience, car c'est la première fois que je rencontre ce type de situation...
Merci d'avance pour vos réponses..

[Brigitte]

Bonjour,

En effet, c'est un sujet délicat. En fait, pourquoi cette salariée vous a-t-elle confié cette information ? Je pense qu'en tant que chef de service se taire et attendre d'éventuelles conséquences peut être nuisible pour tout le monde.
Le mélange vie professionnelle et vie privé lorqu'il y a un usager au centre est source de problème.
Malheureusement, je n'ai pas d'expérience en la matière mais je suis intéressée par les éléments que vous obtiendrez, notamment dans le réglement des salariés.
Bon courage pour la suite!

[Pat]

Bonjour,
j'ai été confronté à ce problème en ESAT. Un moniteur d'atelier, par ailleurs marié, entretenait une relation avec une jeune femme, ouvrière handicapée. Cette jeune femme avait une déficience intellectuelle légère et surtout de gros problèmes d'ordre social, éducatif, elle était elle-même mariée mais séparée avec un enfant et avait une relation de dépendance affective avec sa belle famille qui s'intéressait davantage à son enfant qu'à elle-même : bref, elle était très mal dans ses baskets. J'étais moi-même éduc. spé coordinatrice de projet.
La jeune femme a fini par se confier à moi après quelques mois de relation soutenue et cachée de tous (il l'a retrouvait le soir chez elle) avec ce moniteur. Elle vivait mal cette situation : culpabilité, problèmes moraux par rapport à l'adultère, peur de l'avenir, peur qu'on lui prenne son enfant, ...N'étant pas sous mesure de protection (tutelle, curatelle), je me demandais dans quelle mesure, c'était illéga mais pour moi, ce n'était pas concevable de laisser faire car je pense que son statut de référent (travailleur social) lui conférait un pouvoir sur elle, qu'elle était quelque part "coincée" et pas en capacité de prendre une décision sereine vis à vis de cette relation (continuer ou cesser). Je lui ai demandé si elle voulait que j'en parle à la hiérarchie, elle m'a répondu quelle le souhaitait. J'ai donc informé ma direction qu'une usager se trouvait en difficulté face à une relation affective avec un salarié. Sans m'impliquer davantage, sans jugement moral, en essayant de garder de l'objectivité. Le salarié a été convoqué par la directiopn et la direction générale a un entretien préalable à un licenciemment et a été licencié. J'ai dû me justifier auprès de lui, évidemment et de certains de mes collègues. Pour certains, je n'aurais pas dû intervenir car il s'agissait d'une affaire privée (certains semblaient au couarnt depuis longtemps !)
Pour la petite histoire, le salarié s'est comporté par la suite comme un goujat en niant (pour sauver son mariage), la jeune femme a été très perturbée et sa belle famille lui a pris son enfant.
Je ne regrette pas ce que j'ai fait car, sur un plan juridique, ce n'est peut-être pas illégal mais la déontologie de notre métier ne nous autorise pas à avoir des relations affectives et/ou sexuelles avec les usagers : cela entrave la relation éducative et les places et rôles de chacun.
Cela dit, cela reste une décision difficile car il n'existe pas, à ma connaissance de texte légiférant sur le sujet. Je pense qu'il faudrait y penser, sous la forme d'un code de déontologie.
Qu'en pensez vous ?
Pour kakou, moi je préviendrais ma hiérarchie. Si tu te sens en confiance avec la professionnelle concernée, tu peux peut-être lui en parler avant mais attention qu'elle ne t'embrouille pas, garde ton objectivité et tes valeurs.
Bon courage.

[Eric L]

Bonjour Kakou

sujet sensible !! mais a ne pas sous estimer...

il y a au moins 2 niveaux de reponse dans la situation que vous nous partagez :

- votre statut/posture de cadre et responsable dans 1 établissement qui a des règles surement (??) établies en ce qui concerne les relations avec les personnes accueillies

- la responsabilise des deux professionnelles (dont une a le même statut que vous...) en tant que dépositaire d'une situation qui engage l'accompagnement de la personne accueillie...

je me permettrai de vous proposer 2 pistes :

- 1) revoir rapidement les 2 protagonistes professionnelles et leur signifier qu'il FAUT qu'elle se positionne rapidement au vue de cette situation, en tant que verbaliser au bon endroit ce qui se passe (je proposerai que la salariée qui entretient 1 relation avec l'usager prenne RDV avec la direction afin de poser officiellement la situation, quitte a se faire accompagner/assister...)

- 2) si opposition/résistance/refus des deux protagonistes, les informer que vous ne pourrez faire autrement que d'informer la direction...

vous avez été mise dans 1 drôle de situation en étant interpelée par votre collègue qui pour des raisons compréhensibles n'a pu garder ceci pour elle, donc même si c'est une position "intenable" c'est à vous de les accompagner pour soit verbaliser soit c'est vous qui déclancherez le signalement.

Il ne s'agit pas ici de juger ou de delationner (dénoncer...) mais de protéger les 2 parties dans le contexte professionnelle de prise en charge, si la vie fait que 2 personnes sont amenées à êtres en relation nos règlements pèsent
peu dans la balance par contre la société (civile ou professionnelle) est impitoyable ; il est du devoir de la direction de "sanctionner" (dans le sens de prendre 1 décision...) par 1 position claire et tranchée qui devra prendre en compte d'une part la protection d'une personne fragile et vulnérable et d'autre part la compréhension de la "perdition" de la salariée sans toute fois oublier les conséquences que cela peut générer...

situation difficile à gérer tant pour vous que pour votre direction surtout si cette dernière a gardé une âme humaine et compatissante face à la "misère humaine, sociale, affective" auxquelles vous êtes confrontées quotidiennement dans le cadre de vos missions du CHRS

cordialement

[kakou]

Bonjour,
Déjà, un grand merci pour vos messages, qui m'éclairent pas mal...et confirme ma position au niveau déontonlongique.

J'ai été voir régulièrement l'autre chef de service, afin qu'elle se décide, elle, à faire qqchose, car il s'agit bien de son positionnement en tant que cadre qui est interrogé et non, celui de l'amie...
Au bout d'une semaine, elle s'est décidée à en parler à la direction, ouf! sinon, j'aurais été obligé de le faire.
Le directeur va convoquer la salariée et la chef de service bientôt, et une sanction disciplinaire sera prise pour la salariée, mais je ne sais pas encore laquelle, et lui non plus.

Pour répondre à Brigitte, sur le règlement intérieur, il est juste spéçifié "la distance relationnelle" à maintenir avec les usagers...mais c'est déjà une bonne base.

Je disais aussi "ouf", car, dans mon travail de cadre éducatif, cela pertube beaucoup ma pensée, afin daccompagner au mieux cet usager...

Maintenant, nous devons réflechir, à quel type de sanction, et commet l'aborder avec les autres salariés...