travailleurs sociaux heureux

[cend]

Dans le cadre d'un mémoire de recherche en sociologie, j'ai l'intention de chercher à comprendre ce qui expliqueraient que certaines travailleurs sociaux seraient heureux dans leur rapport au travail et qui permettrait d'expliquer qu'ils ne souffrent pas au travail.

[Angie]

Bonsoir,

Je suis une éducatrice spécialisée heureuse dans mon travail... entre deux périodes de chômage!
J'adore sincèrement mon métier, je l'ai choisi et il me correspond. Que dire de plus?

[cend]

Merci pour votre réponse. Mon idée est de chercher à comprendre ce qui ferait que certains travailleurs sociaux ne sombreraient pas dans ce que l'on entend très souvent "usure professionnelle", etc... Est-ce uniquement lié aux conditions d'emploi ou davantage/aussi à des ressources personnelles, aux projections dans le métier, en gros à ce que l'on attend de notre métier.
Je suis également éduc spé "heureuse" dans mon travail et cela fait 20 ans que cela dure, mais j'ai besoin dans mon travail de rechercher sociologique d’objectiver cette question. Je pense procéder par entretiens, en rencontrant des travailleurs sociaux qui pourraient me parler de leur condition de travail de ce qui fait qu'ils ont choisi ce métier, connaitre leur parcours, leur trajectoire sociale et terminer par leur demander comment ils se sentent à leurs postes. Je suis preneuse de toute remarques. Merci de votre réponse Cend

[Angie]

Bonjour Cend,

Je pense que la vie privée est un élément essentiel... Même si nous avons tendance à nous en défendre, vie privée et vie professionnelle sont très liées. Les métiers du social en général exigent une grande disponibilité, y compris psychologique.
Pour pouvoir s'investir pleinement dans notre métier et s'y épanouir, il faut que ce choix soit aussi accepté par les personnes qui partagent notre vie.

J'en ai fait l'expérience. Avec un conjoint qui n'acceptait pas mon travail, dont je suis séparée maintenant. Et maintenant je partage ma vie avec une personne qui comprend mon travail et qui m'encourage... ça change tout!

[cend]

Merci de votre participation, effectivement cela fait partie des choses qui m'ont déjà été renvoyé et cela peut m'aider dans la formulation de questions pour mes entretiens. C'est aussi pour ma part parce que j'ai eu un conjoint suffisamment disponible pour notre vie de famille que j'ai pu faire de très nombreuses années en internant mais peut-être que cela est à vérifier. Les conditions de travail, le rapport au travail doit jouer aussi dans le plaisir que l'on trouve à travailler.

[juliette]

Bonjour,

Pour ma part, je crois beaucoup en nos ressources personnelles, à notre parcours individuel qui rejoint, bien sûre, notre sphère familiale (notre fameuse légende personnelle).
Bien que réaliste, je suis quelqu'un de foncièrement positive et le fait de voir le bon côté des choses même dans les pires moments de ma vie, cette faculté à prendre du recul me permet de voir la richesse que m'apporte ce métier. Et c'est en cela que je suis heureuse parce que mon métier me donne à voir ma richesse personnelle , au delà des frustrations liées à mon travail (lieu et organisation), au contexte toujours plus contradictoire dans lequel nous place les politiques sociales, aux injonctions insensées de nos directions...
Aujourd'hui, on veut nous faire croire que si la société avance si peu dans la lutte contre les exclusions c'est en partie parce que les travailleurs sociaux refusent de se remettre en question, refuse le changement...mais enfin à qui veut-on faire avaler cette couleuvre? les premiers à ne pas se remettre en question se sont les institutions qui demeurent campées sur les seuls aspects économiques du traitement de la pauvreté. Du chiffre, du chiffre.
Malgré cela je demeure optimiste parce que même si je parviens par mes actions à raisonner dans l'esprit d'une seule personne, c'est déjà beaucoup.

Ce qui, je crois, permet aux travailleurs sociaux d'être heureux (en tout cas moi), c'est leur fondement intrinsèque. Ce qui, au delà de notre métier, fait qui nous sommes. Et la différence avec les collègues qui se retrouvent en burn out, c'est que je vois, au delà de ma propre personne, (au delà même du fait que c'est un "Travail",au delà de mes propres problèmes) le résultat de mes actions, de mes pensées et de mes paroles...le fameux recul je crois, une distance que je m'impose vis à vis de moi même, de mon histoire et de mon devenir. Je ne sais pas si je parviens à expliquer mes pensées, m'enfin je le souhaite.

[DENTALCLEASCH]

Bonjour, j'ai travaille exactement 44 ans dans le milieu medico-social et je ne me suis ennuye que pendant DEUX ans.

Dans un etblissement ou sevissaient trois dingos de premiere qualite !!!!

Trois types suffisent a pourrir la vie de quarante autres salaries !!!!! Il y avait un turn-over EFFRAYANT !!!! J'ai fait comme tous ceux qui avaient une formation : au bout de deux ans, je suis alle voir ailleurs......

Un des trois dingos a ecrit un blog qui vous edifiera. Sur Google tapez :

pensees impertinentes d'un mortel atypique

Vous passerez un bon momemt mais vous risquez de perdre confiance dans l'humanite. En meme temps, vus co;prendre pourquoi le social souffre.

[juliette]

Bonjour,

Je suis aller voir le blog de Renatus, comme il se nomme, DENTALCLEASCH et je dois dire que j'ai trouvé des passages très intéressants.
Il décrit des choses que j'avais moi même constaté (des choses qui sont communes à toutes institutions et à tout Homme donc) et s'il est dingo, j'en conclu que je dois l'être aussi.
Certes, je crois qu'il doit aimer se lire, comme certains aiment s'écouter parler et si son blog avait été conçu différemment, il aurait intégré des fonctions pratiques qui permettent d'aller de chapitre en chapitre sans avoir à descendre sur des "kilomètres".
Cela étant dit, je crois qu'il a touché du doigt ce qui provoque des dépressions chez certaines personnes et du fatalisme chez d'autres (d'autres encore sont purement indifférents) lorsqu'il décrit le fonctionnement de la hiérarchie, le pourquoi du pouvoir etc.
Mais enfin, s'il y a une chose qu'il a oublié c'est que son analyse ne se limite qu'à son expérience personnelle, à cet établissement dans lequel il a travaillé si longtemps (d'ailleurs) et aux personnes qu'il a croisé. Car en effet, si je peux repérer certains points communs, je repère aussi de grandes divergences avec ma propre analyse.
J'oserais dire que je suis CESF et que sa démonstration de mon métier ne coïncide absolument pas avec ce que je suis. Ceci pourra peut être expliquer que je suis comme lui, une "active toxique". Celle qui remet les choses en questions et qui ne se satisfait pas des normes et des repères qu'on aimerait que tout être humain "inférieur" adopte. Fermer les yeux sur les dysfonctionnements et la "profitasyon" (créole) j'en suis bien incapable.

Si je dois en retirer quelque chose, (je n'ai pas tout lu parce que c'est trop long) c'est que chacun se fait sa vérité de ce qu'il vit et de ce qu'il croit au delà des aspects immuables de la vie et de la nature humaine. Que pour ma part, malgré tous les travers que j'ai perçu dans notre société et chez mes frères et soeurs humains, malgré ce qu'il m'en coûte, j'ai choisi de poursuivre sur le chemin de la sincérité, de la franchise et des convictions.

[DENTALCLEASCH]

Mes frères et mes soeurs humains....

Amen
Amen

[cend]

Je vous remercie pour toutes ces réactions et réflexions qui m'aideront dans ma recherche.
Il est intéressant de voir que chacun de vous est parti de son expérience personnelle et même très personnelle. Je vais prendre le temps d'aller voir le blog dont vous parlez Juliette.
Pour poursuivre je suis à la recherche de travailleurs sociaux qui voudraient bien me consacrer une partie de leur temps, environ une heure pour un entretien.
Je vis dans le 64 et je me rends régulièrement sur Toulouse, je laisserai mon mail à ceux qui seraient disponibles pour un entretien. Merci