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Emission mardi soir et Rassemblement vendredi soir pour Alban

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Collectif Emploi Jeune

Emission mardi soir et Rassemblement vendredi soir pour Alban

Message non lu par Collectif Emploi Jeune » 07 déc. 2004 14:46

Voilà, ça peut vous paraître dérisoire, mais ça a la mérite d'exister, donc on vous passe l'info : une émission consacrée à notre compagnon Alban ce soir sur France culture, un 2 pages bientôt dans le nouvel OBS, et surtout un rassemblement vendredi soir prochain....

Ce soir à 17h30, "les pieds sur terre" émission de France Culture, consacrée à Alban, notre ami et camarade qui a mis fin à ses jours le 30 octobre dernier. Stéphane TO, emploi jeune cossu du collectif viendra notamment témoigner de notre lutte commune.

Pour rappel



Rassemblement en hommage à Alban

Vendredi 10 décembre à 18h30

2 passage Beslay M° Saint Ambroise

75011 PARIS



Lumières, flambeaux et bougies bienvenues.

Parents, enfants, collègues, amis, famille, militants seront présents.



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APPEL AU

RASSEMBLEMENT EN HOMMAGE

A ALBAN

ALBAN a été aide-éducateur pendant 5 années au terme desquelles il s’est retrouvé sans travail et sans qualification.

L’institution lui a refusé le droit de passer le concours interne de professeur des écoles.

Après s’être engagé fougueusement dans toutes les luttes contre la précarité, Alban n’a pas pu supporter le « néant social » où le système l’a laissé.

Il a mis fin à ses jours le 30 octobre 2004 à 26 ans.

Ses collègues

Le 15 mars 2004 "ALBAN" arrivait en fin de contrat d'aide-éducateur en emploi-jeune dans une école maternelle à Paris.

Il avait quitté sa Bretagne, sa famille, ses amis pour s'investir auprès des enfants, des familles, du corps enseignant ; non par nécessité alimentaire mais par passion.

Il s'est ensuite battu très vivement auprès du collectif emploi jeune, pour lui, mais aussi pour les autres.

La précarité et la non-reconnaissance de l'utilité de son travail auprès des enfants ont contribué à son mal-être.

Continuez la lutte avec son souvenir, pour qu’il ne se soit pas battu en vain.

On l'a aimé, il a aimé les autres, aimons-le ensemble une dernière fois, pour un hommage à l'homme généreux et humain qu'il était.

Merci d'avance de votre soutien et présence.

Sa famille

ALBAN adorait son travail, ses années passées auprès des enfants lui ont donné envie d’être enseignant ou éducateur spécialisé et de continuer. C’est aussi parce qu’il aimait son boulot qu’il s’est mis à militer.L’engagement de nos jours n’est pas chose facile, surtout contre la précarité : nous connaissons plus de défaites que de victoires, et l’unité syndicale est rarement de notre côté. Pourtant Alban s’est battu en 2003 et 2004, allant de grèves reconductibles, en manifs, d’AG en occupations. Vivre cet engagement n’est pas sans difficultés.Le contraste entre l’espoir de mai porté par la lutte dans l’Education et la fatalité du chômage imminent en juin ; notre engagement dans nos missions face à l’abandon des politiques ; l’idée qu’on devrait accepter ce chômage « parce qu’on avait signé pour 5 ans, point barre », comme si un métier se balançait comme ça. Il s’agit bien de violence sociale que cette histoire là.

Pourtant, du lien social, de la transmission de savoirs, du service public : ça mérite plus que 5 ans non ?Pour le droit de se projeter dans l’avenir, pour le droit d’exercer un métier qu’on aime, pour le droit à l’éducation, pour le droit de vivre sans entraves, et pour Alban, nous continuerons la lutte et chacune de nos victoires lui sera dédiée.

Ses amis et compagnons de lutte

Nous savons tous qui était ALBAN. Pendant cinq ans, attentif et compétent, sensible et talentueux, discret, il a su, mieux que quiconque, offrir à nos enfants, de l’école et du monde, une image chaleureuse, bienveillante, humaine. Ce qu’il leur a offert n’a pas de prix. C’est avec un grand regret qu’en mars nous avons appris son départ. C’est avec un immense chagrin que nous pleurons aujourd’hui sa disparition. Alban était sincère. Il était droit et généreux. Il était engagé aussi. Alban n’est plus, mais son amour pour son métier, nos enfants, ses engagements, ses espérances demeurent.

Afin de lui rendre hommage, parce qu’aucun d’entre nous ne peut renier l’espoir du monde plus juste auquel il croyait, nous invitons tous ceux qui l’ont connu et aimé à venir nous rejoindre.

Le conseil local de la FCPE



RASSEMBLEMENT EN HOMMAGE A ALBAN

devant l’école maternelle - 2 passage Beslay 75011

M° Saint Ambroise

Vendredi 10 décembre à 18h30



Lumières, flambeaux, bougies bienvenus



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ARTICLE PARU DANS LIBERATION LE 8 NOVEMBRE 2004

Nous sommes deux institutrices de maternelle en deuil. C'est le deuil d'un collègue et ami que nous subissons, mais aussi celui d'une « certaine idée de la France ».

Il va falloir apprendre à vivre avec la douloureuse certitude d'appartenir à un système incapable d'intégrer ses jeunes, qui les rejette, allant jusqu'à nier leur existence.

Il y a cinq ans, Alban, jeune aide-éducateur, débarquait dans notre école. Au fil des semaines, il a su imaginer et remplir ce tout nouveau rôle auprès des enseignants, des élèves et de leurs familles. Il est devenu l'interlocuteur qui nous manquait, à nous, enseignants, qui n'étions plus seuls face à la classe. Il a su se rendre disponible pour s'occuper avec finesse et bienveillance des petits groupes d'enfants qui avaient besoin de cette intimité pour progresser. Il a su nous raconter ce qu'il voyait dans les autres classes et concourir ainsi à des échanges fructueux.

Pendant ces cinq années, Alban s'est formé au métier d'enseignant. Il en a connu les joies, les écueils et les difficultés. Et c'est en connaissance de cause qu'il désirait devenir professeur. L'institution l'a-t-elle reçu pour un entretien au cours de ces années ? Non. A-t-il jamais été évalué ? Non. A-t-on demandé à l'équipe de témoigner de ses capacités ? Non. Pour l'institution, Alban n'existait pas.

Tant pis, Alban gardait espoir : il avait le projet de passer le concours interne puisque sa position d'aide-éducateur le lui permettait. Mais on lui a refusé de concourir : il lui manquait deux mois de travail à l'Education nationale ! Pourtant, Alban avait encore foi dans la justice. Il s'est battu pour que les contrats d'aide-éducateur débouchent sur des emplois. Au printemps 2003, il a été l'un des fondateurs du Collectif des aides-éducateurs.

Alban était de sa génération : il n'avait pas de culture politique. Il s'est lancé dans l'aventure à corps perdu, sans se protéger des coups. Ses convictions lui donnaient des ailes, il volait. Quand tout a été fini et qu'il a fallu partir sans rien obtenir, Alban ne s'est pas résigné, ses ailes étaient toujours déployées. Il a continué d'écrire partout, de dénoncer, de rappeler qu'il existait. Il n'a jamais eu de réponse.

L'autre jour, l'Ange s'est pendu. Dans l'espoir d'être enfin entendu. Et nous, nous restons là. La colère nous submerge.

Marie de Villartay et Laurence Kleinberger, Paris

http://www.liberation.fr/page.php?Article=252275

Collectif EJ

Pour ceux qui ont raté l'émission

Message non lu par Collectif EJ » 07 déc. 2004 19:46

Pour ceux qui ont Baffles sur leur ordi et qui n'ont pu écouter l'émission, le lien pour l'écouter, elle restera en ligne une semaine : http://www.radiofrance.fr/chaines/franc ... ons/pieds/


Si vous souhaitez faire part de vos réactions au journaliste, elles sont bienvenues, (c'est lui qui l'a dit) :


http://www.radiofrance.fr/chaines/franc ... ontact.php

Hélène

Re: Pour ceux qui ont raté l'émission

Message non lu par Hélène » 11 déc. 2004 00:18

Tu peux en dire plus ...

Amel

Re: Pour ceux qui ont raté l'émission

Message non lu par Amel » 11 déc. 2004 16:27

Je peux te dire, pour mémoire, quelques éléments de l'émission, mais ce ne sont que mes mots et cela ne remplacera pas leurs propre paroles, lien à la suite :




Dans cette émission la famille d'Alban est interviewée, ainsi que des collègues institutrices et un copain du collectif emploi jeune.

Son père, sa mère ainsi que Morgane, sa soeur, témoignent de l'amour d'Alban pour son travail notamment de l'histoire d'une petite fille autiste qui ne parlait pas du tout, dont il s'occupait à l'école, et qui a fini par dire un premier mot "Laban" pour dire "Alban". Toute l'attention et la proximité qu'Alban avait avec les gamins était résumée là... Sa famille témoigne aussi de son engagement (qui était récent, étant lui-même plutôt d'un tempéramment de "médiateur") et qui s'est fait face à la conscience de son emploi menacé, ils racontent leur conception de l'Education nationale et dénoncent son incapacité à intégrer des personnes pourtant qualifieés, il y a l'expérience du papa d'Alban qui a formé des CAP dans son travail et les jeunes repartaient avec un diplôme en main et un boulot quasi-assuré (pourquoi l'Education en est-elle alors incapable?), la dénonciation de la précarité qui se développe, l'inquiétude, l'injustice... Mais ils racontent aussi l'amour d'Alban pour la vie en général, sa capacité à deviner les choses belles, son goût pour la peinture, son intérêt pour les autres, son ouverture d'esprit...

Il y a eu aussi Laurence, une de ses collègues enseignantes, témoignant des compétences d'Alban, du rôle précieux qu'il a eu auprès des enfants, de sa place dans l'école qui s'est imposée au fil du temps comme une évidence, elle dit aussi qu'elle a été flouée par le dispositif emploi jeune, qu'elle imaginait que les 5 ans permettraient de réelle passerelles pour devenir enseignant et que la place ainsi laissée permettrait à un autre jeune de prendre le poste d'aide éducateur pour le former puis l'intégrer, et ainsi de suite... Il manquait 2 mois à Alban pour le concours 3 ème voie, et sa formation au CNAM avait été arrêtée.
Les collègues comme le directeur sont réellement attristés, et depuis le départ d'Alban, de nouveaux problèmes surgissent dans l'école pour suivre correctement tous les enfants.

Stéphane, du collectif EJ a plutôt parler de l'expérice militante d'Alban, les difficultés pour trouver les soutiens syndicaux (c'est un euphémisme, il vaut mieux écouter l'émission!!!) , l'engagement d'Alban, dans l'écriture des tracts, son côté plus discret alors que Stéphane était plutôt grande gueule, les AG et les manifs du printemps 2003 ... Quand le journaliste lui a demandé comment il avait vécu lui-même sa fin de contrat en 2003, Stépahne a conclu son propos en disant qu'il habite près du bahut où il travaillait avant. Une fois, il est passé dire bonjour, et des mômes du collège lui ont dit "Tu nous menti en fait" "Pourquoi vous dîtes ça?" "Ben tu avais dit que ton travail devait nous permettre de nous insérer, et en fait toi tu es au chômage maintenant. Ca n'a servi à rien". Stéphane avait un peu les boules, mais sa volonté de militer n'en est plus que renforcée...

Sinon,
vous dire que le rassemblement hier soir devant l'école était vraiment bien, Famille, parents d'élèves, enfants, collègues de l'école et des écoles alentours, amis, militants ... Une petite centaine de personne s'est retrouvée là, le directeur, l'oncle d'Alban, un copain du collectif, sont intervenus. Des enfants de l'école (qui ont grandi depuis qu'ils ont connu Alban) ont chanté une chanson des "choristes", avec une copine on a chanté une belle chanson de lutte "sans la nommer" de Moustaki.
La famille d'Alban nous a offert la reproduction de l'un de ses tableaux, ainsi qu'à l'école. Elle a pu faire une visite de l'école avec le directeur et les enseignantes. Les parents on pu voir le type de travail qu'a apporté Alban auprès des enfants.


Voilà, sinon, une expo des peintures d'Alban est prévue en Bretagne au printemps. Il était vraiment important de sortir de ce silence, nous restons en contact les uns les autres (famille, collègues, parents d'élèves, amis...) et les copains continuent la lutte en fidèlité à ce qu'était Alban, malgré notre profond chagrin.

Amel

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