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Sensation de couler

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Enid80
Messages : 2
Inscription : 08 sept. 2021 09:22

Sensation de couler

Message non lu par Enid80 » 08 janv. 2025 11:28

Bonjour à tous

Je viens vers vous car j'ai besoin de vider mon sac ... Je suis désolée d'avance pour le pavé.

Je suis diplômée ASS depuis 2023. La formation était une reprise d'études, et il s'agissait d'une reconversion qui était réfléchie. La première année s'est bien passée, je me sentais très bien, plutôt confiante, j'avais la sensation d'être cohérente dans mes réflexions... Je me suis beaucoup investie.

Cela s'est progressivement dégradé en deuxième année, avec une angoisse progressivement envahissante et paralysante sur les différents lieux de stage. Mais, je mettais ça sur le compte de la fatigue, des rendus, du début de la professionnalisation, de l'absence de confiance en soi...

C'est allé de mal en pis, un point culminant a été franchi avec l'étape du mémoire, qui a été un véritable blocage. Ce stress paralysant m'a suivi également sur mon lieu de stage, avec des difficultés à m'autonomiser et prendre confiance, à cadrer les entretiens... J'ai fait ce que j'ai pu, mais je pense que je n'ai pas su l' investir à 100% et qui est, encore là, un grand regret.

C'était une période compliquée, où je me suis trouvée diminuée physiquement et psychiquement, avec une sensation de tête vide, de problèmes de mémorisation, d'organisation qui perdurent encore aujourd'hui...
Malgré tout, j'ai eu mon diplôme avec de très bons résultats et j'en étais très fière. Je me disais que cela irait mieux en exerçant, que je serais plus autonome, que ma confiance en moi dans le travail se forgerait au fur et à mesure.

J'ai pu trouver très rapidement un travail dans une asso, un CDI. Mais voilà, cette première expérience a été très complexe. Il s'agissait d'un poste avec une surcharge de travail ++, avec une forte disponibilité qui n'était pas compatible avec ma vie familiale, un climat assez délétère, et avec un public assez complexe que je n'avais pas eu l'occasion de découvrir lors de mes stages. Je me suis sentie seule sur ce poste.

Il faut le dire également, je pense que l'état de fatigue lors de la formation, qui m'a beaucoup fragilisé, était encore présent. Il y avait nécessité de trouver vite, mais avec le recul, j'aurais peut être dû prendre un temps supplémentaire de repos (j'ai pu avoir deux mois avant ma prise de poste)...
Bref, ce cocktail a fait que mon état physique et mental s'est très vite dégradé, je n'arrivais plus à prendre du recul sur les situations, impossible de prendre des décisions seules... Dès lors, je ne me suis plus reconnue.

Sentant que je ne pouvais plus continuer car en souffrance ++, j'ai donc démissionné de ce CDI. Cela m'a permis de reprendre un peu mon souffle. Toutefois, je ne suis pas sortie indemne de cette expérience, ma confiance en soi déjà basse ne s'est pas améliorée. Là encore, je me suis sentie très fragile.

Le contexte faisait que je devais cependant retrouver vite un travail... J'ai donc enchaîné mes deux expériences. J'ai pu intégrer une autre asso, cette fois ci dans le secteur médico social. Les conditions de travail sont bien meilleures, le rythme est plus tenable, l'ambiance de travail est saine, on a le temps pour travailler avec les familles ... En soi, c'est ce que je recherchais pour me reconstruire w et tout devrait rouler...

Au début, cela se passait bien, mais j'ai toujours eu cette angoisse permanente, cette sensation de tête vide et de brouillard mental a continué ... cette impossibilité de réfléchir aux situations aussi. A ce jour, je m'estime peu autonome sur mon poste malgré les mois passés. Je sollicite souvent mes collègues pour des questions qui me paraissent pas pertinentes , je demande trop souvent des avis et ne suis plus disposée à prendre des décisions, trop paralysée, peur de mal faire.... J'ai des problèmes de mémorisation, d'organisation malgré les outils mis en place, des difficultés à me positionner... et J'ai la sensation que cela se ressent dans l'équipe.

Cela fait maintenant 8 a 9 mois de présence dans cette asso, et je ne peux plus nier l'évidence : je n'y arrive pas, et je n'y arrive plus, j'ai la sensation de couler... J'essaie de maintenir mon investissement, je le dois aux usagers.

Lorsque j'en parle à mes supérieurs, il ne semble pas avoir de problèmes particuliers, on me renvoit que l'on est content de ce que je fais... mais je me sens, moi, en grandes difficultés. Je sais que les problèmes sont uniquement liés à de la confiance en soi, je fais de mon mieux...

Mais je ne me reconnais plus, celle que j'étais au début de la formation, empathique, souriante, posée et réfléchie, et celle que je suis aujourd'hui, qui est tout l'inverse...

J'éprouve énormément de culpabilité et de honte de cette situation. Je me suis énormément investie dans ma formation, tant financièrement que personnellement parlant. J'ai toujours eu de bons retours.

Je suis diplômée depuis peu de temps avec peu d'expérience. Je devrais avoir la niak, mais force est de constater que je me sens juste à côté de la plaque, avec la sensation de ne plus savoir penser... Il est a préciser que je travaille avec un camarade de promo, plus jeune, qui, lui, se débrouille très bien et pour qui j'ai énormement d'admiration ... Mais cela me renvoie également l à mes difficultés.

Je précise que je suis suivie par une psy avant même le début de ma formation. Le travail avec elle a été très salvateur pendant les premières années (c'est ce qui m'a permis de me réorienter, d'être plus ancrée), mais j'ai la sensation que mon état se dégrade depuis la deuxième année de formation, sans que je ne parvienne à retrouver de l'énergie...

A ce jour je ne sais plus quoi faire, je n'ai pas envie d'être un poids pour mon équipe ni pour les usagers qui ont besoin de quelqu'un de solide, qui a une faculté de réflexion et de prise de recul que j'estime ne plus avoir. Je ne pensais jamais arriver jusque là, j'ai honte de cette situation.
Je me questionne sur l'utilité d'un arrêt maladie , et sur la suite bien entendu (est ce que le social / médico social me correspond vraiment ? Est ce que je suis trop fragile ? Dois je faire une pause du social ? Est ce que j'arriverai à me maintenir dans un poste ? ).

Je me demandais si vous aviez déjà vécu ce genre de situation, en tant que jeune pro ou as confirmé(e).

Je vous remercie du temps que vous avez pu consacrer à la lecture de ce message

Mimi
Messages : 42
Inscription : 11 déc. 2017 20:47

Re: Sensation de couler

Message non lu par Mimi » 10 janv. 2025 14:30

Bonjour,

ce n'est pas facile ce que vous pouvez vivre et je ne dirais pas lié à un manque de motivation ou de professionnalisme mais peu être un trop plein.
peut être que ce vous avez besoin c'est de vous poser, de prendre du temps pour vous et après de voir ce que vous faites en terme de travail.
Est ce qu'un arrêt peut être envisageable financièrement ?

gina
Messages : 131
Inscription : 05 févr. 2020 14:24

Re: Sensation de couler

Message non lu par gina » 13 janv. 2025 12:17

Bonjour,
Vous décrivez très bien ce qu'est l'angoisse. Si vous aviez un devoir à écrire sur ce sujet vous auriez la meilleure note. Oui un arrêt maladie de quelques jours au moins vous permettrait de faire une pause mais ne réglera pas le problème. Un petit traitement contre l'angoisse en attendant de trouver une solution. Soit prescrit par votre médecin soit pas les plantes ( Fleurs de Bach par exemple) Apparemment votre employeur est satisfait de vous donc le problème c'est bien votre ressenti et vos hésitations - un des éléments de l'angoisse.
Êtes vous toujours suivi par une psychologue ?
Peut-être que le travail social ne vous convient pas mais peut-être aussi que votre psychologue ne vous convient pas.
Bon courage
Gina

Lily_la_Souris
Messages : 4
Inscription : 14 janv. 2025 08:35

Re: Sensation de couler

Message non lu par Lily_la_Souris » 14 janv. 2025 08:50

Bonjour Enid,
Juste une question : est-ce que tu doutes de ton orientation pro, est-ce que tu te sens bien dans la voie que tu as choisie ?
Je ressens exactement la même angoisse que toi (je suis en cours de formation), je me reconnais dans tes paroles, mais en m'analysant je situe mon angoisse au niveau de l'orientation professionnelle, et ma psy n'arrête pas de me dire que je suis sur la bonne voie, mais au vu des souffrances que j'endure (je me force à aller en cours, et à aller en stage, j'ai la boule au ventre) j'ai de sérieux doutes sur mon choix de carrière :cry:

Enid80
Messages : 2
Inscription : 08 sept. 2021 09:22

Re: Sensation de couler

Message non lu par Enid80 » 14 janv. 2025 23:30

Bonjour Mimi, bonjour Gina, bonjour Lily

Tout d’abord, je souhaitais vous remercier du temps consacré à la lecture de mon post, de votre écoute et de vos retours.
Depuis la rédaction de ce message, j’ai effectivement pris la décision d’en parler à mon médecin qui a posé le diagnostic de burn out. Je suis en arrêt de travail, mais culpabilise beaucoup de cette situation, vis-à-vis du service, des collègues, de ne rien faire... J’essaie de me concentrer sur le fait que cette période pourrait m’aider dans mon introspection et dans mes questionnements.

@Gina : vous le relevez bien, l’angoisse est une très vieille « colocataire » :’). J’ai effectivement conscience que cet arrêt de travail n’est pas une solution sur le long terme. Des traitements médicamenteux contre l’angoisse ont déjà été prescrits, mais finalement déconseillés par mon médecin au regard des effets secondaires et du risque d’accoutumance (et ça me va très bien finalement), j’ai tenté les compléments alimentaires. En soit, la psychothérapie reste la première indication en termes de prise en charge.
Je suis toujours accompagnée par ma psychologue, que je vois régulièrement depuis des années. Vous avez soulevé un point important, je me questionne depuis quelques temps sur le fait de changer de professionnelle, car je me sens moins alignée avec les techniques thérapeutiques proposées et donc, moins en progrès. Peut être que cela pourrait être un autre axe à envisager, avant de requestionner définitivement ma légitimité dans le travail social.

@Lily : tout d’abord, je te souhaite bon courage pour ta période de formation, qui est très enrichissante mais pas de tout repos. Tu es en quelle année actuellement ?
Je suis désolée d’apprendre que tu passes également par cette phase de doute très inconfortable et compatis pleinement à ta situation, qui m’a l’air similaire.

Actuellement, je doute de mon orientation professionnelle. Au cours de mes contrats, j’ai déjà expérimenté des moments où je me sentais bien dans ce que je faisais, où je me sentais à ma place, mais qui finissaient toujours par retomber en angoisse, avec le sentiment d’incompétence en sus…

Ces doutes étaient déjà présents en formation, mais je pensais (ou préférais croire ?) que cela était inhérent au processus de formation, même si je n’ai jamais osé en parler à mes camarades... Je redoutais le moment où j’allais devenir pro (les stages ont été validés et réussis, mais toujours difficiles à vivre), tout en ayant envie d’être autonome. Comme toi, ma thérapeute, mes proches et mon environnement professionnel m’ont poussé et me poussent à continuer, n’ont jamais requestionné (du moins, à ma connaissance) ma légitimité dans le travail social ou la formation. Cela peut être encourageant, mais on se sent toujours seule face à nos questionnements.

J’ai beau réfléchir et analyser la situation, je suis incapable de savoir si ce doute et ces remises en question fréquentes sont une manifestation de l’angoisse qui était déjà présente et qu’il faut de toute façon traiter, ou une véritable inadéquation dans l’orientation professionnelle (ou peut être que ce doute est inconsciemment entretenu, parce que la question de la légitimité dans ce poste est trop douloureuse au regard du chemin parcouru… ?).

De ton côté, est-ce que tu as déjà eu l’occasion d’échanger avec tes camarades de promo (tu n’es peut être pas seule à ressentir ces doutes et de cet inconfort ?) et/ou avec tes responsables de formation ? Comment cela se traduit pour toi au quotidien ?

En tout cas, je vous remercie encore de vos différentes réponses

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