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Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 27 avr. 2008 23:56
par lisa

Déments et faux-déments


Mais que se passe-t-il là ? J'entends une voix.

(Fredonner sur les notes : do mi do ré mi mido mi ré do la)


À qui sont mes ongles
À qui sont mes doigts
À qui est ma bouche
Et mon estomac

À qui sont mes jambes
Qui ne marchent pas
Ou qui quand elle marchent
Se font mettre au pas

À qui est mon coeur
À qui est mon bras
Mon corps tout entier
Est resté là-bas

À qui est ma tête
Je ne comprends pas
J'essaie encor'd'être
Mais n'y arriv'pas

Je suis le dément
Chez les bien-pensants
Je cherche la vie
Avant le trépas

Qu'est-c' que j'ai de trop
Qu'est-c' que je n'ai pas
Mon corps en morceaux
Est vide de mots

Est-ce qu'on m'entend ?
Je crie par en d'dans
J'suis un faux-vivant
Suis-je un vrai dément

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 27 avr. 2008 23:58
par lisa
Voici ce qu’écrivent Yves Gineste et Rosette Marescotti à propos de « l’humanitude ».



Les liens d'humanitude, ou de l'art d'être ensemble jusqu'au bout de la vie
« On ne voit bien qu’avec le cœur » disait le petit Prince dans le désert…




Un homme sans mémoire est comme un arbre sans racine ...

François ne parle plus. François ne bouge plus. Il ne s'exprime plus, se contente de gémir en permanence, rendant tout le monde mal à l'aise, enfermant les soignants dans un silence protecteur, et des gestes de soin mécaniques.

François ne semble plus là, certains le qualifient même de légume.

"Si ce pas triste d'être comme cela, il faudrait qu'il meure, la vie comme cela n'a pas de sens..."

Ces paroles terribles, on les entend souvent, venant de familles, bien sur, mais aussi de soignants, de médecins, ou d'autres professionnels.

Ce n'est pas le constat de la paralysie, de la simple dégradation physique qui pousse certains à s'exprimer ainsi. Mais simplement le fait que la communication ne semble plus exister.


L'être humain est un être de communication.

Dès sa naissance, il est plongé dans un bain communicant, il ne peut se développer en dehors de ces stimulations.

Dans la philosophie de l'humanitude, nous définissons le soignant comme un professionnel qui prend soin d'une personne qui a des problèmes de santé.



La question fondamentale qui se pose est : « qu'est ce qu'une personne ? »


L'homme est un animal, un mammifère supérieur. Mais celui qui prend soin d'un animal est un vétérinaire. Et c'est vrai que l'on rencontre parfois des soignants qui ne sont que des vétérinaires d'humains.
Pour être soignant, il faut prendre en compte autre chose que la simple partie animal de l'homme.

L'ensemble des particularités qui permettent à un homme de se reconnaître dans son espèce, nous l'avons appelé l'humanitude, en reprenant le terme d'Albert Jacquard.


Être soignant, s'est s'occuper de l'humanitude.


Un des éléments fondamentaux de l'humanitude est la communication.


Lorsqu'un enfant arrive au monde, il n'est pas encore en humanitude, et sa mère, son père, les humains qui l'entourent vont l'y faire rentrer. Comme une brebis lèche l'agneau, afin qu'il se reconnaisse dans son espèce, qu'il trouve la mamelle, la protection du troupeau, et qu'il puisse vivre parmi les siens, l'être humain a besoin d'un "léchage" pour vivre.


Ce "léchage" subtil est basé sur les trois piliers de communication, regard, parole et toucher.

Sans ce léchage, cette mise en humanitude, l'enfant meure ou s'enfonce dans l'arriération.

Ce syndrome de Spitz, ou Syndrome d'hospitalisme est bien connu :

"Dans le cas d'une carence totale en affects, si la séparation a été plus précoce et si la restitution à la mère n'intervient pas, les stades du syndrome partiel évoluent en un retard moteur grave, en un état de "marasme" qui évoque le tableau clinique de l'encéphalopathie ou de l'arriération, état qui peut être irréversible et même conduire à la mort." (source universalis).

Mais ce qui est naturel en communication avec des nouveau-nés, amené par les millénaires d'évolution de notre espèce, peut complètement disparaître dans l'accompagnement des fins de vie des patients non communicants.

Posez un nouveau né sur une table, et regardez comme toute personne qui passe va le regarder, lui parler, le toucher, s'attendrir

Imaginez la même scène avec un patient non communicant, assis dans un fauteuil gériatrique dans un long séjour par exemple... Et risquez de ne voir personne aller spontanément vers ces grands dépendants.

Mais si l'homme ne peut vivre sans communication dès la naissance, de même il ne peut vivre sans elle lorsque que la maladie l'affaiblit.

En 1983, nous avons posé, avec l'accord d'équipe de soins remarquables, des magnétophones à déclenchement vocal dans les chambres des patients grabataires de centres de long séjour. L'idée était simplement de mesurer les temps de communication verbale directe que reçoit un patient non communicant par 24 heures.


Les résultats furent consternants : moins de 120 secondes par 24 heures !


Et cela en tenant compte du fait que les équipes qui sont prêtes à laisser faire ces mesures ont certainement un niveau de fonctionnement, d'ouverture, supérieur à la moyenne. Certains patients recevaient moins de 10 mots dans la même période.

Ne pouvant mettre en doute le coeur de ces soignants, leur désir de bien faire, nous devons comprendre qu'il est naturel de se taire avec ce type de patients. Mais si l'on estime que deux minutes par 24 heures sont insuffisantes, il nous faut donc professionnaliser la communication, mettre au point de techniques, les apprendre, les fixer.



Voyons grâce à quels canaux l'enfant est mis en humanitude :



Le regard, d'abord, est le premier canal de mise en humanitude. Lorsque que l'on s'approche d'un enfant, les regards posés sur lui portent des valeurs, des sentiments, et répondent à des critères bien précis :

Les qualités de ces regards sont l'amour, la tendresse, la fierté, la protection, l'appartenance, la reconnaissance...

Sur le plan de la "technique", le regard répond à 3 critères, il est axial, horizontal, et surtout il dure dans le temps, il est long.

On voit bien que ces qualités vont accompagner le regard humain dans la construction des relations tout au long de la vie. Si l'on décrit l'amour au travers de regard long, profond, intense, les défauts relationnels sont aussi bien identifiés dans le regard fuyant (évitement), regard de haut (mépris), de travers (rejet) etc.

Pour un patient, comment vivre quand on n'est pas regardé ?

Mais pour un soignant, un accompagnant, comment regarder la mort en face, l'agression sereinement, l'extrême vieillesse, image de ce que nous serons peut-être, dans les yeux ?

Avec les patients très atteints, très souffrants, mourants, déments agressifs... la réaction naturelle, simplement humaine, est de ne pas regarder. Nous avons filmé des toilettes de 20 minutes où pas un seul regard ne rencontrait les yeux du patient.

C'est pour cela qu'il faut professionnaliser l'approche relationnelle, et "apprendre" à regarder. Qui sait aujourd'hui, parmi les soignants, que 60 % des patients atteints de la maladie d'Alzheimer ne verront plus sur les cotés, mais auront une vision en tunnel ? Savoir cela oblige à modifier notre approche, pour arriver de face, par le pied de lit et non du côté des barrières de lit, à se rapprocher, se mettre à niveau, et surtout nous oblige à prolonger les regards.

Posons nous la question simplement. Si l'on n'a pas réfléchi au regard, appris à regarder, comment regarde t-on ? Naturellement, bien sûr. Et comment regarde t-on naturellement un patient qui nous crache à la figure, qui nous pince, qui hurle, ou qui semble ne plus être là ? Comment regarde t-on naturellement quelqu'un de très lourd, avec qui l'on sait que l'on aura des difficultés de mobilisation ? Et quelqu'un qui baigne dans ses selles ? Comment regarde t-on naturellement le 20 éme patient de la matinée ?

Il nous est facile d'imaginer, comme nous le constatons tous les jours, l'incroyable absence de regard "d'humanitude" pour les patients les plus dépendants, les plus démunis. Tout simplement parce qu'il est naturel de ne pas regarder la souffrance, pour ne pas être en face de nos propres peurs. Alors, ceux qui ont le plus besoin de nos regards sont les moins regardés...



La parole : Si le regard débute la relation d'humanitude, la parole l'accompagne immédiatement. La parole est constituée par 2 éléments, le ton et les mots.

Le ton est mélodieux, presque musical (berceuses), et doux. Le cerveau du bébé est programmé à se reconnaître cette tonalité : si l'on s'adresse à un nouveau-né en criant, il se met à pleurer, tandis que la berceuse le rassure. Le ton est accompagné de mots tendres, évoquant l'amour, la douceur, l'aide.

Rappelons simplement les 120 secondes de communications verbales soignant- patient par 24 heures en moyenne, pour les patients non communicants.

Si cela est choquant, c'est cependant normal, car la communication humaine obéit à certaines règles.

L'émetteur (ici le soignant), envoie un message verbal (par exemple bonjour), vers un récepteur, le patient. Mais en même temps, l'émetteur attend une réponse, en temps réel, pour continuer sa conversation. Ce retour, le "feed-back", c'est à dire "nourrir en retour", est la source de l'énergie de communication.

Pour continuer une communication, il est donc normal, naturel d'attendre une réponse. La plupart du temps, la réponse est non verbale, c'est-à-dire une mimique, une simple expression de compréhension. Dans une communication entre un patient et le soignant, ces communications non-verbales représentent plus de 80 % du total des communications. Si le patient est incapable d'envoyer un feed-back, une réponse verbale ou non verbale, ou si la réponse est incohérente, non signifiante par rapport au message émis, alors très rapidement la communication verbale du soignant s'arrête.

Il faut bien comprendre que personne n'y échappe. Que le silence des soignants n'a rien à voir avec un manque de coeur, d'intérêt. Souvent, nous formons des psychologues, des cadres infirmiers ou enseignants. Dès que l'on parle de communication, ils nous approuvent fermement. Mais en situation réelle de soin, lorsque qu'il s'agit de prendre en compte un patient grabataire sans communication, ils se retrouvent aussi démunis que les autres soignants. Car l'intention ne suffit pas. Et s'ils ne semblent pas convaincus, s'ils restent persuadés qu'ils parlent, eux, nous plaçons alors un observateur silencieux au cours d'une toilette, avec comme consigne de compter les mots que l'acteur de la toilette va dire. Il est rare de dépasser 10 mots en 5 minutes, si nous avons bien choisi le patient !

Il ne faut surtout pas culpabiliser, car ce silence est, répétons le, naturel, normal dans ces cas.

Mais comment accepter ce silence, comment supposer qu'il puisse s'inscrire dans une démarche d'aide ?

Si le silence est naturel, la parole, elle, est professionnelle. Elle s'apprend, elle se travaille, elle s'entraîne…


… Dans une chanson, la musique est liée à la parole. Sifflez l'air, les paroles vous viennent en tête, dites le texte, la musique resurgit.

Dans l'acte de soin, la musique est en fait représentée par les gestes des soignants.

Avec ces patients "acommunicatifs", nous avons fait le choix d'entraîner nos stagiaires et nous-mêmes à décrire tous nos gestes. C'est ainsi que nous aurons des conversations de ce type : Madame, je vais vous laver le bras (prédictif). Je vous soulève le bras, c'est le bras gauche, je vous savonne le dessus de la main, la paume, je vous lave l'avant-bras, je vous le lève etc (descriptif)...

Cela paraît simple, mais cela nécessite un véritable entraînement. Si l'on rencontre souvent le prédictif, le descriptif n'est jamais réalisé naturellement. En décrivant ainsi les actes, la parole peut devenir automatique. En liant les mots aux perceptions du patient, le soignant fait aussi une véritable rééducation du schéma corporel.

En travaillant ainsi nous pouvons multiplier le temps de communication verbale par 7 ou 8. Cela suffit souvent à permettre au patient de ne pas s'enfoncer dans un syndrome d'immobilisme toujours iatrogène, c'est-à-dire fabriqué par l'institution. (Rappelons que ce syndrome conduit le patient âgé à la grabatisation, avec blocage des articulations et plaintes continuelles ou mutisme. Il représente en fait pour nous une sorte de suicide à petit feu pour cause de malheur immense, de rejet hors de l'humanitude.)

Bien sûr, dès que le patient est capable de réponses, l'auto-feedback devient obsolète.

Ce qu'il y a de remarquable, lorsque l'on utilise ces techniques, c'est l'incroyable fréquence des "réveils" de ces patients que l'on dit acognitifs, non communicants ou autre. De même, le taux de comportement "d'agitation pathologique" des patients âgés déments diminue de plus de 80 % ... Et le soin se réalise dans la douceur.



Après avoir regardé et parlé, le toucher vient conclure la mise en relation, ce que nous appelons les "préliminaires au soin".

Chez l'enfant, ce toucher d'humanitude est caractéristique : il est doux, vaste, enveloppant protecteur.

Le toucher est le fondement du soin, il n'y a pas de soin sans toucher, il est communication non-verbale. Ce type de communication est sans doute le plus important. La sécurité des mobilisations, la douceur des manipulations sont indispensables au soignant comme au patient.

Pourtant se pose un double problème pour respecter ces priorités :

1° Le geste est inconscient à 98 %, d'après Laborit. Comment contrôler des gestes inconscients ?

2° Plus un patient est "difficile", il est agressif, souffrant, lourd, plus nos gestes seront inadaptés, violents, en totale contradiction avec ce que nous voulons être, c'est à dire des soignants. Tout cela est bien sûr involontaire, mais répond à des lois de la physique : la force est égale à la moitié de la masse multipliée par le carré de la vitesse, ce qui revient à dire que pour augmenter votre force, la masse étant invariable, vous augmentez la vitesse. Or la vitesse est incompatible avec la douceur. La forme de toilette choisie et les techniques associées doivent donc permettre de favoriser les communications non-verbales les plus riches et les plus douces. Il nous semble maintenant indispensable de former les soignants au toucher-tendresse, voire au toucher-amour.

Dans ce toucher si particulier, la douceur tient le rôle principal. C'est pourquoi nous supprimons les saisies en pince, qui non seulement font mal, provoquent des hématomes sur les avant-bras des patients âgés, et même parfois des plaies ; mais aussi sont très agressives sur le plan psychologique. A t-on jamais vu des amoureux se balader en se tenant par le poignet? Et chaque fois que dans notre vie quelqu'un nous a pris par le poignet, en "pince", cela été pour nous punir.

La mémoire de ces punitions liées aux saisies est profondément inscrite dans notre cerveau limbique, siège de toutes les émotions, de tous les souvenirs liés à un état corporel.

Pour un patient très dégradé sur le plan intellectuel, comme un patient Alzheimer, un dément alcoolique ou autre, qui ne peut savoir qui vous êtes, et que vous venez lui faire du bien, le laver, l'habiller, le seul langage "vrai" est le langage du toucher. Et si par malheur vous lui soulevez le bras en le saisissant en pince, il risque de vous recevoir comme un agresseur.

Encore une fois, il va falloir lutter contre le geste naturel de la pince, propre de la saisie humaine. Pour combattre ces réflexes, et passer à des saisies de soutien, il faut un an au minimum de corrections quotidiennes. Mais le jeu en vaut la chandelle, et les soignants qui y accèdent deviennent les plus doux, les plus demandés par les patients et leurs familles.

Le toucher du soignant doit aussi solliciter l'autorisation corporelle du patient. Normalement, la conscience nous permet d'être prévenu chaque fois que l'on nous touche. Mais imaginez le bond que vous feriez, si dans la rue, un inconnu posait sans vous avertir la main sur vous. C'est pour éviter cette "surprise", que nous préconisons d'entrer sur le corps de l'autre par le bout des doigts, la paume se posant ensuite, et l'inverse pour quitter le corps du patient. Ce toucher très tendre est en lui-même porteur de la douceur, et favorise le lien entre les partenaires du soin.

Là encore, il nécessite un long apprentissage, afin que l'on puisse enfin reconnaître le toucher du soignant comme un véritable geste professionnel à part entière, comme l'est celui du sculpteur, du peintre ou le geste du menuisier.

Yves Lamarre, chercheur en neuro sciences au Québec, vient de mettre en évidence que le toucher de la caresse, qui correspond à notre toucher tendresse, est une réalité neurologique dès le huitième mois de grossesse, et il a identifié les voies nerveuses et les zones du cerveau stimulées.



L'humanitude, ce qui nous lie aux autres humains , est ainsi démontrée pour le toucher et la parole. Le contact est une stimulation sensorielle qui arrive dans des zones émotionnelles du cerveau (les amygdales) avant même d'arriver dans les zones corticales. Et ce qui est extraordinaire, c'est que ces zones émotionnelles du cerveau limbique restent intègres jusqu'à la mort, dans quasiment tous les cas. Ce qui signifie que la preuve est maintenant faite que le "légume" n'existe pas, que même quand le cerveau intellectuel est détruit, quand l'expression n'est plus là, le cerveau émotionnel reste entièrement sensible. Et certains d'affirmer, comme Damasio (*), que "le siège de l'esprit que d'aucuns appellent l'âme" est dans le cerveau émotionnel.

Et surtout, n'oublions pas que nous sommes des manuels. Et que comme tous les manuels, il faut apprendre nos outils.

Notre outil à nous, c'est la main. Il est vrai que si jusqu'à présent les soignants ont appris un certain nombre d'actes, comme la toilette, les pansements ou autres, rares sont ceux qui ont reçu un entraînement spécifique à l'utilisation de leurs mains comme outils de relation au patient. Si professionnellement nous apprenons à ouvrir, par des techniques de préliminaires bien comprises, le tiroir de l'humanitude, celui que nous avons rempli dès la naissance, il est permis de penser que ces liens d'humanitude, tissés par les regards solidaires, la parole douce, le toucher tendresse, permettront d'accompagner avec plus de sérénité les mourants, les patients les plus dépendants, et de recevoir en héritage leur humanitude, dans ce lien profond d'émotion à émotion.



Tout simplement.



http://www.cec-formation.net.

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 28 avr. 2008 00:18
par lisa
Imaginez, un jour aussi vous serez VIEUX ou VIELLE
Nathalie RIEUX -SICARD Infirmière l’a bien imaginé, et a composé le poème suivant à l’attention des personnes dites « aidantes »


I M A G I N E

Imagine : je pourrais être ton frère ou ta soeur, ton père ou ta mère, ton grand-père ou ta grand-mère.

Imagine : mon passé, ma famille, mon travail, mes envies, mes émotions, mes joies, mes douleurs, mes enfants... ma solitude.

Imagine : Ma vie

Maintenant pense à ta vie, ton quotidien

Maintenant pense à tes enfants et les problèmes que tu connais pour les élever mais aussi aux joies qu'ils peuvent t'apporter

Maintenant pense à ton travail qui n'est peut être pas celui que tu avais rêvé, mais qui te permet en partie de répondre au moins à tes besoins matériels.

Maintenant pense aux premiers jours de ton travail comme tu étais content(e) de venir tous les matins, soirs ou même le dimanche, car tu avais le sentiment d'aller de l'avant.

Maintenant pense à ta fatigue, à tes douleurs multiples qui apparaissent, à la course que tu aimerais stopper ou ralentir un peu pour respirer. Car certains jours, il y a de quoi devenir fou...

Maintenant pense à tes parents, plus les années passent et plus tu les sens vulnérables, dépassés par l'époque et dont le quotidien ne te permet pas de t'occuper ou simplement d'aller voir comme tu le souhaiterais.

Je pourrais continuer pendant des heures ; tu vois ta vie je la connais.

Mais en plus moi, j'ai dû me battre pour obtenir tout ce que tu as aujourd'hui. La liste serait longue et j'en suis fier.

Tes journées ont été les miennes, et un jour mes journées seront les tiennes.

Et j'en suis triste car tu pourrais être mon frère ou ma soeur, mon fils ou ma fille, mon petit- fils ou ma petite fille.

Pourtant, si tu savais, j'ai besoin de si peu pour continuer paisiblement le chemin qui me reste à faire.

Un jour peut-être toi aussi tu seras ridé(e) et la beauté de la jeunesse à laquelle tu étais comme moi tant attachée se sera envolée.

Un jour peut-être toi aussi tu seras impotent(e) et dépendant(e).

Un jour peut-être toi aussi tu attendras que l'on vienne te faire la toilette pour entendre le son de la voix de quelqu'un, même si cette personne fait comme si elle ne t'entendait pas quand tu lui parles ou essayes t'attirer son attention.

Un jour peut-être toi aussi tu préfèreras manger à la petite cueillere parce que " ça ne passe plus " plutôt qu'avec une grosse cueillere qui en plus me fait mal une fois sur deux car je n'ouvre pas la bouche assez rapidement.

Un jour peut-être toi aussi tu seras content de voir que quelqu'un a bien voulu aller te chercher un dessert supplémentaire pour compenser.

Un jour peut-être toi aussi malgré ta solitude tu rencontreras une personne dont la présence à nouveau te réconforte et avec qui tu souhaites simplement rester quelques instants, et tu ne comprendras pas que par pur jeu cruel, parce que tu n'es plus autonome on éloigne cette personne dans une autre pièce.

Un jour peut-être toi aussi, tu découvriras que certains gratuitement et sans raison te changent systématiquement de chaîne de télévision, alors que ce programme que tu regardais habituellement chez toi, te rappelle des moments de tranquillité passés à ton domicile, ou les airs entendus te remémorent ta jeunesse.

Un jour peut-être toi aussi, tu apprécieras de manger de la soupe si elle est au menu, et pas seulement quand ta famille est là.

Un jour peut-être toi aussi, tu apprécieras de porter tes vêtements, ceux que tu as choisis ou que ta petite fille t'a offerts pour la fête des grand- mères.

Un jour peut-être toi aussi, tu t'énerveras au-delà de la raison de voir tout ce qui se passe autour de toi, de voir la voisine de ton quartier qui a perdu la tête et que l'on laisse s'exhiber sans rien faire devant les grands-pères conscients. On te fera passer pour fou et tu auras droit à une petite piqûre pour te calmer.

Un jour peut-être toi aussi, tu auras un corps douloureux et fatigué, qui au moindre choc a une nouvelle plaie qui apparaît.

Un jour peut-être toi aussi tu auras un corps qui a besoin d'un minimum d'attention, et tu seras comme moi une personne qui a besoin que l'on prenne le temps " de prendre le temps " de s'apercevoir que j'existe, et que je suis capable de voir, parler, sentir, ressentir, comprendre. Et si tu me vois enfin j'aurai à nouveau tout simplement envie de vivre.

N'oublie pas que dans ma solitude c'est ton regard, ta main, ton oreille, ta présence que j'attends tous les jours.


Nathalie RIEUX -SICARD Infirmière

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 28 avr. 2008 10:09
par karine
Poésie
La maladie de l'oubli.
De Sophie Val

Bientôt sept ans que cette maladie,
Nous fait souffrir, ainsi que toi, mamie.
Cette horrible maladie,
Te fais oublier tous tes souvenirs.

Tu viens de perdre ton mari,
Et tu ne sais déjà plus qu'il est parti.
A son enterrement tu as sourit,
Croyant être à une réunion de famille.

Depuis le début de ta maladie,
Je crains sans cesse que tu m'oublies.
Il y a deux jours tu as pleuré,
En prenant sur moi, je fus la seule à te consoler.

Lorsque tu l'as vu,
Dans cette sombre pièce tu as cru,
Que cet homme, Robert,
Etait ton père.

Tu as aussi pleuré ce jour là,
Croyant que cet homme là,
Etait un ami de longue date.

Lorsque nous t'avons embrassé pour te consoler,
Tu as été bouleversé,
Car tu croyais que tout le monde partait,
Mais tu avais déjà oublié,
Que c'était ton mari qui partait,
Dans un monde j'espère de toute beauté.

Dans quelques jours nous serons obligés,
De t'amener dans une maison pour te reposer,
Avec des gens comme toi, qui j'espère vont t'aimer.
En tout cas je te promets de ne jamais t'oublier,
Pas comme certains qui se sont écartés,
Et qui revenaient quand ça les arrangeait,
De peur d'être déshérité.

A cause de cette maladie terrible,
Je ne souhaite qu'une chose horrible,
C'est que ta vie soit bientôt finie,
Avant que tu ne perdes complètement ton autonomie.

Car je t'assure qu'il est très dur,
De voir sa grand-mère mourir lentement,
Alors que sa maladie progresse rapidement,
Sans s'en rendre compte évidemment.

Même si tu es encore en vie,;
Je crois que tu es déjà partie,
Avec ton mari chéri.
Car ton horrible maladie,
A la mort de ton mari,
N'a cessé de te faire oublier,
Quelle femme, mère et mamie,
Tu étais.

Quand j'étais petite,
Je croyais que tu rabâchais,
Pour le plaisir de nous parler.
Et malheureusement en grandissant,
J'ai compris qu'en vieillissant,
Tu partirais en nous oubliant.

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 24 mai 2008 11:48
par Brigitte
Nathalie
Je suis en formation pour être aide soignante et ton poème m'a beaucoup touché et je suis en parfait accord avec toi. Me permet tu de l'afficher dans ma classe pour que l'on ait toujours à l'esprit que ceux que l'on soigne aujourd'hui seront nous demain
Merci

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 26 mai 2008 12:14
par karine
bjr brigitte

le poème de sophie val est diffusé sur le net donc il est permis de le diffuser plus largement, donc pas de problème pour l'afficher dans ta classe à la condition que tu notes bien le nom de l'auteure
:love: :love:

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 26 août 2008 22:42
par flo
bonsoir

depuis quelque temps je suis à la recherche de sujets intéressants traités par des tisf, et ils sont rares

le sujet "Partager ses découvertes et connaissances" détonne dans ce forum où question débats c'est le vide

et le vide se poursuit, car ici Lisa tu es seule à apporter

les tisf en activité sont-elles à ce point pauvres pour n'avoir rien à partager ? question expériences, découvertes, émotions ?

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 27 août 2008 00:33
par flo
et voici ma petite pierre à l'ouvrage :



L'effet Pygmalion, vous connaissez ?

En gros c’est l’étiquette qu’on vous colle et qui fait que vous finissez par vous conduire comme on vous décrit. C'est Carl ROGERS qui l’a défini.


Effet Pygmalion: Pygmalion, sculpteur grec de l'antiquité, a créé, d'après la légende, une statue de femme d'une telle beauté qu'il en est tombé amoureux. Ayant demandé aux dieux de donner vie à cette statue, la déesse Aphrodite l'a exaucé.

En pédagogie, effectuer des hypothèses sur le devenir scolaire d'un élève et les voir effectivement se réaliser, a pris le nom d'effet Pygmalion.

Le problème est d'importance, car si les enfants des milieux défavorisés réussissent moins bien à l'école que les enfants des milieux favorisés, (voir Bernstein, Échec scolaire, Sociologie de l'éducation), la cause pourrait ne pas être uniquement celle que l'on croit.

- Rosenthal a découvert l'effet Pygmalion en réalisant l'expérience suivante :

-Après avoir constitué deux échantillons de rats totalement au hasard, il informe un groupe de six étudiants que le groupe n° 1, comprend 6 rats, sélectionnés d'une manière extrêmement sévère. On doit donc s'attendre à des résultats exceptionnels de la part de ces animaux.

- Il signale ensuite à six autres étudiants que le groupe des 6 rats n° 2 n'a rien d'exceptionnel et que, pour des causes génétiques, il est fort probable que ces rats auront du mal à trouver leur chemin dans le labyrinthe. Les résultats confirment très largement les prédictions fantaisistes effectuées par Rosenthal : certains rats du groupe n° 2 ne quittent même pas la ligne de départ.

Après analyse, il s'avère que les étudiants qui croyaient que leurs rats étaient particulièrement intelligents, leur ont manifesté de la sympathie, de la chaleur, de l'amitié ; inversement, les étudiants qui croyaient que leurs rats étaient stupides, ne les ont pas entourés d'autant d'affection.

• L'expérience est ensuite tentée avec des enfants, à Oak School, aux U.S.A., par Rosenthal et Jacobson, mais en jouant uniquement sur les attentes favorables des maîtres.

Les chercheurs, sous prétexte d'éprouver une nouvelle technique de test permettant de prédire la réussite scolaire des élèves, demandent aux enseignants de bien vouloir faire passer ledit test à tous les élèves de leur classe ; au cours d'une conversation ultérieure à bâtons rompus, et tout à fait incidemment, ils donnent à l'enseignant les noms des cinq élèves de la classe susceptibles de réaliser les progrès les plus impressionnants.

Chose extraordinaire, ces prévisions fantaisistes se réalisent pleinement !

Cette expérience a été tentée de nouveau par d'autres chercheurs dans d'autres institutions, mais les résultats obtenus sont loin d'être aussi nets que dans l'expérience princeps de Rosenthal et Jacobson.

Cette réserve majeure ayant été formulée, il demeure certain que les attentes du maître vis-à-vis de la réussite de l'élève se traduisent par des comportements subtils dont l'influence sur les résultats des enfants est loin d'être négligeable.

Sur le sujet lire : Rosenthal, Jacobson, Pygmalion à l'école, Casterman, 1971

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 28 août 2008 15:41
par kate
Bonjour Lisa

je te rejoins par la pensée nous avons à peu près les m^mes lectures et vu les mêmes émissions..que d'enrichissements...!!!
Je fais donc appel à votre humanitude---
je suis dans 1 démarche VAE TISF et je recherche quels sont les textes de lois et autres points forts que je pourrais ajouter en annexe de mon dossier.
par ex :étudiez-vous les vaccinations infantiles? MERCI

Re: Partager ses découvertes et connaissances

Publié : 28 août 2008 18:59
par izatisf
@ Kate : tu peut te référer à la loi sur la protection de l'enfance http://www.senat.fr/dossierleg/pjl05-330.html

Sur le handicap aussi.

Connaître les autres partenaires sociaux (ass, juge, AM,puericultrice, psychologue, edu spé, etc...

Connaître les structures (pmi, foyer, ccas, cmpp,etc...) quels partenaires y travaillent dans ces structures.

Sur des situations de violences conjugales: que faire, qui contacter, que dit la loi?

Et même aussi mettre sur ta vae ou alors connaître certains numéro d'urgence (SOS femme, allo enfance maltraiter etc...)