Le Social

Ce sujet est passionnant!

Je suis assez partagé sur les avis de chacun.
Moi on m'a souvent dit que garder contact avec des personnes que l'on a accompagné en dehors de notre temps de travail n'est pas professionnel.
C'est pas évident, d'un coté on voudrait garder ce contact mais d'un autre coté est-ce qu'on se demande quel impact va avoir la conservation de ce contact dans la vie future de l'usager.
Je pense que comme toute vie, c'est fait de rencontre, de départ et de de nouvelles rencontre. a mon avis il vaut mieux savoir s'éclipser par respect pour la personne et pour qu'elle puisse continuer sa vie sans nous.
Même si cette relation n'est plus professionnelle mais simplement amicale, l'autre personne ne la verra peut-être pas de cette façon.
Notre métier est basé sur les relations humaines, si on continue ces mêmes relations en dehors de notre cadre professionnel, j'ai peur qu'on en fasse un peu trop sans savoir qu'elle seront les répercussions sur la vie de l'autre personne.
Notre métier est de créer des liens mais aussi peut-être de savoir les casser au bon moments...

prendre le risque tu le prend dès que tu met les pied dans une institution. tu t'engage dans tous les sens du terme dès que tu es en relation. lorsque tu travaille avec un enfant tu t'engage dans une relation sans pour autant savoir si ce que tu lui propose sera néfaste ou pas. garder un lien signifie qu'il existe déjà et que tu connais la famille, l'enfant... tu sais alors jusqu'où tu peux aller et déléguer si cette relation devient trop intrusive. parler de relation amicale avec des famille est encore une enigme pour moi. cela dépend de tellement de chose (famille déviante, envahissante...) peut être faut il voir ça comme une "obligation" de suivi ??? je ne parlerai pas d'amitier mais de soutien, de suivi...je crois qu'en tant que professionels nous pouvons percevoir si la relation devient néfaste, intrusive et agir en conséquences.
c'est vrai que je ne me suis jamais trouvée dans cette situation et je crois que je serais un peu perdue...Mr gaberan parle "d'amour" dans une relation avec les usagers que faut il en penser ???? je n'ai pas trouver MA réponse encore. mitigée entre le respect de ma vie celui de l'usager, et de mon travail....
dou

Moi j'ai un autre exemple à ce sujet : mon ami, qui est aussi éduc, a retrouvé lors d'un stage en CHRS une amie de longue date qu'il avait perdue de vue, qui avait de gros problèmes financiers et des problèmes avec son mari (d'où son arrivée au CHRS). Il a donc dû gérer une situation particulière, à savoir se placer en tant que professionnel dans la structure, mais continuer à avoir des relations amicales avec cette personne (ça aurait été ridicule de mettre de la distance parce qu'elle passe du statut d'amie à celui "d'instituée"). Elle est sortie du CHRS, lui a terminé son stage. Maintenant, ils s'écrivent, et à l'occasion ils se revoient.

Je sais que dans cette situation ils se connaissaient avant : mais qu'est-ce que ça change au final ? Sous prétexte que cette personne est "instituée", on ne doit garder avec elle que des liens strictement professionnels ? Evidemment, lorsque ça met l'éducateur dans une position inconfortable, ou qu'il se sent le devoir "d'aider" même en dehors du boulot, l'orientation du débat s'en trouve modifiée. Mais dès lors que les rapports sont consentis des deux côtés et SAINS (sans rapport éducatif par exemple, et placés sous le signe de l'amitié plutôt que de la dépendance affective), je ne vois pas où est le problème. Là où j'en verrai un, c'est si une relation amoureuse se créait entre l'éduc et l'institué. Et encore... le sujet est tabou et discutable (c'est arrivé dans ma structure), car une fois que la personne a quitté l'institution, elle redevient un individu lambda... Et vice-versa pour l'éducateur.

Bonjour,
Peut-être que la difficulté se trouve dans la manière de se situer par la suite: plus dans le rôle de l'éducateur, mais pas non plus vraiment dans celui d'ami... Puis évidemment se pose la question de la protection: de soi, et de l'"ex usager" (situation rencontrée pour ma part, surtout quand je n'avais pas de temps à accorder car surbookée, ou trop "fatiguée" par mon travail ou des évènements perso... ce qui entrainait souvent une déception pour l'autre qui "avait besoin de me voir")... Voilà comment j'ai pu vivre cette situation... Pas facile... Ce qui est sûr, c'est que maintenant, je fais en sorte de ne pas en arriver là, car difficile d'assumer cette nouvelle place, de la tenir, de se protéger soi et l'autre, d'exercer un métier relativement prenant et d'avoir une vie privée...
Simple constat très subjectif je vous l'accorde... Autant de personne vivant cela, autant de manière différente de le vivre...
Au plaisir de vous lire...

Merci à vous tous de vos réponses.

J'ai le plaisir de voir que le sujet suppose débat...

Cela me réconforte car je me sens moins seule face à cette situation...

J'avoue que pour le moment je n'ai pas encore pris MA décision, même si au fond de moi j'éprouve l'envie de leur laisser mes coordonnées et que vos réponses y contribuent majoritairement.


En lisant tous vos messages, il y a une chose qui me surprend tout de même.

Il s'agit de cette "peur" de la réaction de l'autre, en l'occurrence de la famille (trop d'affect, ce qu'elle mettra derrière cette relation, ferais-je encore de l'éducatif avec eux, quelle place me donnera-t'elle...etc.

Je remets cette rencontre à un niveau plus "terre à terre". Qui sait, lorsqu'il fait une rencontre (vous, moi, votre voisin...), ce qu'elle donnera à l'avenir??? PERSONNE.

En effet je pense que personne ne sais à l'avance ou aboutira cette relation qui naît. Sera t'elle amicale, juste relationnelle, amoureuse, professionnelle, longue, éphémère, douloureuse, agréable...etc

Et pourtant nous avons tous des relations....

Disons alors que j'ai envie de garder des relations avec cette famille et que cette famille a envie de garder des
relations avec moi...
Le hasard ou nos volontés feront le reste quant-à la tournure que prendra cette rencontre.

Ne croyez-vous pas?

Bonjour à tous !

J'ai lu tous ces messages avec beaucoup d'attention...et d'émotion...

Je suis ES depuis quelques années maintenant et "ancienne-de MECS".

Je rejoindrai certains d'entre vous...qui parle de simplicité dans la relation.

J'ai dans mon histoire deux éducatrices qui m'ont laissé leurs coordonnées repectives au moment de quitter le foyer et de me lancer dans la formation d'éduc...

Elles l'ont fait simplement, face à leurs collègues qui criaient au scandale en argumentant de tout les théories psy possibles....et bien non je ne les ai pas pris pour des mères de substitutions, et bien non, je ne les ai pas envahie dans leur vie privé....

Elles l'ont fait parce que c'était une rencontre humaine, une accroche entre des êtres....

elles ont été dans les années de formations, des premiers boulots, et même dans d'autres domaines, celles qui accompagnent, celles qui sont la mémoire de mon histoire, qui font lien entre le présent, le passé et le regard tourner vers l'avenir...
ce sont elles aussi avec qui on boit un café en parlant ciné ou boulot du coup...

Ce ne sont pas vraiment des amis, plus "mes éduc" non plus...des relations différentes, c'est tout...des compagnons de route....
Et je les en remercie.


Alors te dire si tu feras de l'éducatif avec eux....peut-être...peut-être pas....(d'ailleurs ça veut dire quoi "faire de l'éducatif" ?)

Je ne pense pas que mon expérience soit un modele de "continuité" dans les relations qui peuvent s'établir dans le cadre de nos boulots.
Juste un histoire comme ça...

J'ai une remarque cependant à faire, et là c'est l'ancienne "usager" qui parle....
il peut être touchant, voir blessant, de constater à quel point un éduc peut se torturer l'esprit pour savoir s'il veut ou pas maintenir une relation avec "nous".
Si je fais un retour quelques années en arrère, avec les discours que je peut lire ici ou entendre de mes collègues....j'aurai envie de dire : "si ça te prends la tête comme ça, laisse tomber, ça vaut pas le coup"...
même si l'éduc que j'essaie d'être peut comprendre que les relations ne sont pas aussi simples....elles ne sont pas toujours aussi compliquées, non plus !


Voilà, juste un témoignage avec sans doute beaucoup d'affect et de perso dans tout ça....mais tant pis...on est humain, non ? lol

Bonjour,

En soi, garder des liens avec d'anciennes personnes accompagnées ne me semble pas choquant...mais plutôt sain dès lors que chacun ait émet ce souhait. Ce qui me gène, c'est de vouloir vivre cette relation "à fond". "A fond", c'est quoi ? Est-ce oublier le contexte qui a provoquer la rencontre, est-ce laisser libre recours aux affects en écartant la position professionelle qui a légitimé la rencontre ? Lorsqu'on décide d'entretenir un lien, c'est que l'on à quelque chose à y gagner. (Heureusement...). Peut-être est-il important de se questionner sur les bénéfices que l'on attend d'une relation. De la même façon, on peut se poser la même question concernant l'autre. Dès lors, les enjeux de la relation semble plus clair. Ce questionnement quant à la place de chacun permet, je crois, de se positionner et de mieux savoir le bien-fondé de poursuivre ou non cette relation. En filigrane, la question qui s'impose à nous, nous renvoie à la question de de l'engagement et de la responsabilité.

la seule idée de maintenir une relation (a vous lire )avec l'autre provoque déjà des interprétations projections, des phantasmes, que sais je ??.
et l'autre dans l'histoire , que croyons nous , il a lui aussi à prendre le risque de la relation, à puiser des plaisirs et déplaisirs qu'ils soient,authentiques,secondaires...
et le risque aprés tout c'est peut etre le moins pire,

c'est bien beau de garder des contacts ou de se lier d'amitié;mais seulemt,je vs prescris prudence!!!!!!!!!!!!!

bonjour a tous,

je me pose aussi cette question, je suis en formation d'ES et je viens de terminer mon stage long dans un CHRS qui accueille exclusivement des hommes. Je me pose la question de "garder le lien" avec les hébergés. Je me demande si cette envie ne viendrais pas de ma propre difficulté a quitter le CHRS. Du coup j'ai décidé de faire confiance au hasard et si au détour d'une rue je croise un hébergé du foyer pourquoi ne pas boire un café avec lui. Cependant je repasserai au CHRS du coup je suivrais leur evolution. Mais bon cette question me tracasse quand meme!