Re: expertise
Publié : 21 mai 2012 18:22
l'expert si j'en crois ce qu'en dit par exemple un Pascal Boniface (directeur de l'iris, qui enseigne à paris VIII) "est censé être spécialisé sur un sujet bien défini". Un domaine de la biologie, par ex. Ou en politique, les relations internationales. Il se trouve que, sauf preuve du contraire, les AS sortent d'une formation plutôt généraliste, courte, et travaillent à la suite dans des champs très différents les uns des autres, ase, hopital, scolaire, etc.
Un expert, selon Boniface, représente un savoir "sur une matière particulière et donnent un avis scientifique." Or combien d'aspects d'une situation abordons-nous au cours de notre travail, selon ce qui nous est présenté ? un seul aspect ? non : plusieurs, aspects juridiques parfois, des aspects matériels, éminemment subjectifs aussi (l'individu qu'on a en face de soi n'est pas interchangeable avec le suivant), et pour des problèmes à chaque fois très différents et compliqués à démêler, côté logement, orientation, sécu, etc.
Et dans ce très vaste champ du social, très évolutif au demeurant, nous serions à même de mener des "expertises"... Vaste programme !
De plus, l'expertise pose le présupposé d'une neutralité, dans la relation, et de l'objectivité de son regard : problème.
Quelle est la neutralité dans le domaine de la relation à l'autre ? de quelle objectivité parle-t-on ? peut-on sérieusement se considérer comme expert de la relation d'aide dès lors que mille biais subjectifs traversent la relation à l'autre, face aux problèmes multiples et complexes, souvent intriqués, que rencontrent les personnes que nous recevons ? expert de quoi, dans ce fatras ? du dispositif isolé qui sera le mieux adapté ? c'est même pas nous qui les élaborons en haut lieu.
J'insiste : l'objectivité et la neutralité peuvent-elles exister vis à vis de sujets aussi sensibles que l'aide sociale à l'enfance, l'accompagnement de personnes en situation d'hyper détresse économique, de santé et j'en passe ? quelle blague
je crois qu'un brin de modestie dans les intitulés de DC ne ferait pas de mal, pour ma part. Savoir mettre en lien un dispositif, ouvrir un droit, rédiger un rapport social ou mobiliser telle ressource face à une situation particulière ne me fera jamais me considérer comme un expert de quoi que ce soit.
Qu'on cause compétence, d'accord, dans tel domaine. Mais d'expertise, franchement... c'est une novlangue technico-gestionnaire dans laquelle je ne me reconnais pas du tout.
Et on voit du reste où va le monde confié aux "experts"
non, en fait on voit pas très bien.
Un expert, selon Boniface, représente un savoir "sur une matière particulière et donnent un avis scientifique." Or combien d'aspects d'une situation abordons-nous au cours de notre travail, selon ce qui nous est présenté ? un seul aspect ? non : plusieurs, aspects juridiques parfois, des aspects matériels, éminemment subjectifs aussi (l'individu qu'on a en face de soi n'est pas interchangeable avec le suivant), et pour des problèmes à chaque fois très différents et compliqués à démêler, côté logement, orientation, sécu, etc.
Et dans ce très vaste champ du social, très évolutif au demeurant, nous serions à même de mener des "expertises"... Vaste programme !
De plus, l'expertise pose le présupposé d'une neutralité, dans la relation, et de l'objectivité de son regard : problème.
Quelle est la neutralité dans le domaine de la relation à l'autre ? de quelle objectivité parle-t-on ? peut-on sérieusement se considérer comme expert de la relation d'aide dès lors que mille biais subjectifs traversent la relation à l'autre, face aux problèmes multiples et complexes, souvent intriqués, que rencontrent les personnes que nous recevons ? expert de quoi, dans ce fatras ? du dispositif isolé qui sera le mieux adapté ? c'est même pas nous qui les élaborons en haut lieu.
J'insiste : l'objectivité et la neutralité peuvent-elles exister vis à vis de sujets aussi sensibles que l'aide sociale à l'enfance, l'accompagnement de personnes en situation d'hyper détresse économique, de santé et j'en passe ? quelle blague

je crois qu'un brin de modestie dans les intitulés de DC ne ferait pas de mal, pour ma part. Savoir mettre en lien un dispositif, ouvrir un droit, rédiger un rapport social ou mobiliser telle ressource face à une situation particulière ne me fera jamais me considérer comme un expert de quoi que ce soit.
Qu'on cause compétence, d'accord, dans tel domaine. Mais d'expertise, franchement... c'est une novlangue technico-gestionnaire dans laquelle je ne me reconnais pas du tout.
Et on voit du reste où va le monde confié aux "experts"
