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par toto » 18 nov. 2010 15:47
Bonjour GoMix42,
La tisf que tu as eu comme stagiaire ne devais pas être très douée... c'est que les écoles de tisf retiennent maintenant n'importe qui car elles n'arrivent plus à attirer des personnes au profil adéquat... ces candidats sont souvent ceux qui ont raté d'autres concours d'entrée comme amp, aide soignant, et quelques uns ME... et mm d'autres qui viennent de je ne sais où et qui ont un drôle d'état d'esprit très éloigné du social. Pour remplir les promos de tisf vraiment on accueille un peu n'importe qui aujourd'hui.
Alors oui, cela doit se remarquer dans la qualité des écrits et la capacité à analyser les situations... Je veux bien croire qu'il y ait un fossé entre le niveau de l'élève moyen ME et l'élève moyen tisf, car les sélections de ME sont bien plus exigeantes. Cependant il ne faut pas généraliser, car chez les candidats tisf il y a aussi des personnes qui ont un excellent profil et qui auraient pu réussir le concours ME, mais qui ont délibérément choisi tisf.
Je pense qu'il ne faut pas juger de la qualité d'une formation en observant le travail d'une seule stagiaire.
La formation de tisf nous amène à observer, évaluer et proposer des actions. Et c'est faux de dire que nous sommes exemptés d'analyser les situations et d’émettre des hypothèses ... Dans l'exercice de son métier la tisf réfléchit et discute des situations avec ses autres partenaires médico-sociaux (puer, ass, psycho, éduc,...), elle est aussi force de proposition et mène des actions en réponse aux problématiques rencontrés... elle est capable d'évaluer les progressions et d'en rendre compte oralement et par écrit... tout comme les ME je suppose.
La formation de tisf est intéressante et de bon niveau, tout autant que celle de ME, en principe. Ce sont les élèves qui dans la moyenne ne sont pas bons, vu la médiocrité du niveau des sélections, et ce, faute de candidats de qualité... mais les écoles persistent à vouloir former de + en + de tisf coûte que coûte, et peu leur importe qu'il n'y ait plus de travail pour leurs stagiaires à l’issue de la formation...
Le vrai problème vient du fait que le métier ne peut plus attirer de bons candidats, d'une part à cause du manque de débouchés, et d'autre part de la dégradation rapide des conditions de travail en associations d'aide à domicile (principal débouché des tisf). Il y a de moins en moins d'accompagnement social (c’est pourtant pour ces missions que les tisf existent) et de plus en plus de ménage et de garde d’enfants...(voir témoignage d’ombeline, arboisienne, Al… et il y en a beaucoup d’autres sur d’autres sujets, et depuis au moins 5 ans, ce qui confirme bien la tendance). Ces dégradations sont dues essentiellement aux restrictions de budget des conseils généraux... Soit les tisf sont encouragées à accepter des postes d’avs, soit on les pousse à démissionner en ne leur confiant que des missions inintéressantes (ménage), soit elles sont licenciées… C’est une triste réalité dans beaucoup de départements et le phénomène est en train de faire tâche d’huile… La mort des tisf semble bien programmée, mais les écoles continuent à en former de + en +, ce qui est insensé et irresponsable non ?
Mais, mais… il existe encore de supers tisf qui méritent tous les jours le titre de travailleur social et qui savent faire honneur à la "confrérie". Un exemple : « Irène » tisf depuis 28 ans, qui s’exprime sur le sujet d’Alix « faire mon premier bilan écrit en tant que tisf sur une famille ». Elle donne un aperçu très intéressant du métier.
TISF est un super métier qui a été pensé pour accompagner des familles en difficulté dans l’éducation des enfants. S’il est aujourd’hui en perdition c’est en grande partie de la responsabilité des écoles, qui pour des questions de fric, en forment de plus en plus (on forme presque 10 fois plus de tisf aujourd’hui qu’il y a 12 ans, alors qu’on supprime plus de 60 % des postes existant). Et les nouvelles recrues seraient plutôt médiocres pour les raisons que je cite plus haut, ce qui est constaté par les maîtres de stage comme toi GoMix42. Ces nouvelles recrues contribuent donc à dévaloriser la profession dans les structures où elles seraient susceptibles de trouver de nouveaux débouchés…
J’accuse les écoles d’accueillir n’importe qui pour remplir leurs classes de + en + grandes. Je les accuse de ne pas promouvoir la formation de tisf auprès des financeurs (cg, caf…)… Il ne sert à rien d’obtenir de plus gros budgets pour former plus de tisf si de l’autre côté on diminue les budgets qui permettent le maintien des postes de tisf en associations.
J’accuse les écoles de ne pas promouvoir la formation auprès des structures d’accueil de personnes en difficulté qui seraient susceptibles de constituer de nouveaux débouchés pour les tisf. Que font les écoles pour que le métier soit enfin reconnu par les CC 51 et 66 ? Dire aux nouveaux diplômés : « débrouillez-vous, battez-vous, vous avez des places à prendre en structures » est trop facile, et c’est mettre « la charrue avant les bœufs ». C’est en amont qu’il faut penser les choses. Les directions des structures d’accueil auraient du être partie prenante dans la réforme de la formation des tisf, associées à sa mise en place, à la formation et aux évaluations… et par la même occasion elles auraient fait inscrire le métier dans les conventions collectives concernées… Trop facile de dire « battez-vous » alors que dès le départ les dés sont pipés…
Voilà ce que je persévère à dire ici depuis plusieurs années. Maintenant j’aimerais que des TISF qui bossent dans le social disent aussi comment elles voient la crise que traverse la profession, et ce qu’elles envisagent de faire pour que tisf soit enfin inscrit dans la liste des métiers des structures médico-sociales...