A vous, Monsieur le recruteur...
Publié : 23 janv. 2004 23:58
Bonjour,
C'est après avoir fais le tour des plusieurs dizaines d'annonces d'offre d'emploi d'éducateur, publiées sur des sites spécialisés tels que le social ou les ASH, que m'est venue l'idée d'oser soumettre à un des offreurs (en l'occurrence vous) la question (fruit de mes tourments) suivante:
Le secteur de l'éducation spécialisée a t-il définitivement fermé sa porte aux candidats non diplômés quel que soit leur niveau d'étude et leur expérience dans le domaine ?
plusieurs constatations, m'ont amené à cette angoissante question:
1) non diplômé du secteur, mais possédant une licence en sciences économiques, j'ai noté en quelques mois, le brusque changement de réaction vis à vis de mon CV. D'un taux de retour positif de près de 70 % il n'y a que très peu de temps, j'observe (et souffre) un taux frôlant le zéro. Malgré une première expérience en centre de placement immédiat d'un an et demi et 10 ans d'animation socioculturelle, je ne jouis plus d'aucune légitimité, aux yeux (nouveaux) des recruteurs
2) Une mesure allait remédier au manque de reconnaissance de certains intervenants en place ou non: celle de l'accession au titre d'éducateur spécialisé par la validation des acquis de l'expérience. Elle devait entrer en vigueur à la fin du mois de novembre 2003. possibilité attendue avec beaucoup d'espoir autour de moi ainsi que, je l'imagine, chez l'ensemble des "professionnels" non qualifiés. Mais soudain, pour cause de négociation non aboutie je crois, cette opportunité s’est vue reportée à d’incertaines échéances.
3) Mon expérience, dans le secteur de la recherche d’emploi, m’a également appris que désormais personne ne veut plus prendre le « risque » -prévu par la CCNT 66- de se compromettre dans la formation en cour d’emploi d’un éducateur.
4) Bien qu’ils s’agissent de métiers du social, les diplômes concomitants sont pour le simple français d’en bas relativement lourds financièrement, quand l’école n’est pas hyper sélective. Par ailleurs, ces formations s’adressent aussi et surtout à un public bachelier depuis belle lurette et qui peu difficilement encore se permettre, plusieurs centaines d’euros en inscription aux sélections seulement ni consacrer 2 ou 3 ans à temps plein en formation seulement. L’ASSEDIC même, s’avère être frileux à l’heure de concéder la prise en charge du coût de la formation : mieux vaut avoir une durée d’indemnisation supérieure à 2 ans et demi. Durée qui, si cela était encore possible, n’est plus garantie par rien ni personne (cf. diminution – rétroactive- des durées maximums d’indemnisation). L’opportunité offerte en 2002 par le CARIF IDF (3eme année de préparation au DEES) elle aussi souffre des soubresauts administratifs.
Je me trompe peut-être et mon observation manque certainement aussi de citer les quelques initiatives visant à faciliter l’entrée de nouvelles forces dans un secteur qui manque cruellement de moyens humains mais c’est l’impression que me laissent plusieurs mois de recherche d’emploi. Je pourrais la résumer ainsi : les recruteurs ou leurs organismes de tutelle n’admettent plus aucun « étranger statutaire » leur refusant ainsi la possibilité de la formation continue, les laissant à la merci d’un système formatif ultra-sélectif et contraignant et les confiant à un tissu socio-économique qui ne peut finalement rien. A 20 ans la problématique n’est pas insurmontable. Mais à trente, des charges, une obligation toujours plus aiguë de stabilité professionnelle et enfin le temps qui passe font qu’on a parfois envie de se reconvertir à la propreté publique.
J’aimerai – si vous m’avez fais l’honneur de me lire jusqu’ici- solliciter votre avis, votre impression concernant la mienne. J’aimerai saisir les raisons de ce revirement sélectif, de ce néo-protectionnisme sectoriel.
La raison est peut-être simple : On ne veut plus confier un public fragile qu’à des intervenants expressément formé au traitement éducatif des handicapes. Mais ma question est celle-ci : pourquoi désormais considère t-on un candidat diplômés du second cycle et justifiant d’un vécu significatif de l’intervention social, moins capable de produire un travail, une méthodologie et une réflexion efficace qu’un candidat titulaire du Beatep ?
Ma lettre vous aura certainement parue amère et injustifiée mais c’est le besoin de réponse qui m’anime. J’éprouverais un immense soulagement à savoir si oui ou non ma recherche d’emploi est désormais vaine.
Je vous invite à me répondre si vous le souhaitez et vous prie de croire en l’expression de mon respect –pour vous ainsi que pour la profession- le plus entier.
C'est après avoir fais le tour des plusieurs dizaines d'annonces d'offre d'emploi d'éducateur, publiées sur des sites spécialisés tels que le social ou les ASH, que m'est venue l'idée d'oser soumettre à un des offreurs (en l'occurrence vous) la question (fruit de mes tourments) suivante:
Le secteur de l'éducation spécialisée a t-il définitivement fermé sa porte aux candidats non diplômés quel que soit leur niveau d'étude et leur expérience dans le domaine ?
plusieurs constatations, m'ont amené à cette angoissante question:
1) non diplômé du secteur, mais possédant une licence en sciences économiques, j'ai noté en quelques mois, le brusque changement de réaction vis à vis de mon CV. D'un taux de retour positif de près de 70 % il n'y a que très peu de temps, j'observe (et souffre) un taux frôlant le zéro. Malgré une première expérience en centre de placement immédiat d'un an et demi et 10 ans d'animation socioculturelle, je ne jouis plus d'aucune légitimité, aux yeux (nouveaux) des recruteurs
2) Une mesure allait remédier au manque de reconnaissance de certains intervenants en place ou non: celle de l'accession au titre d'éducateur spécialisé par la validation des acquis de l'expérience. Elle devait entrer en vigueur à la fin du mois de novembre 2003. possibilité attendue avec beaucoup d'espoir autour de moi ainsi que, je l'imagine, chez l'ensemble des "professionnels" non qualifiés. Mais soudain, pour cause de négociation non aboutie je crois, cette opportunité s’est vue reportée à d’incertaines échéances.
3) Mon expérience, dans le secteur de la recherche d’emploi, m’a également appris que désormais personne ne veut plus prendre le « risque » -prévu par la CCNT 66- de se compromettre dans la formation en cour d’emploi d’un éducateur.
4) Bien qu’ils s’agissent de métiers du social, les diplômes concomitants sont pour le simple français d’en bas relativement lourds financièrement, quand l’école n’est pas hyper sélective. Par ailleurs, ces formations s’adressent aussi et surtout à un public bachelier depuis belle lurette et qui peu difficilement encore se permettre, plusieurs centaines d’euros en inscription aux sélections seulement ni consacrer 2 ou 3 ans à temps plein en formation seulement. L’ASSEDIC même, s’avère être frileux à l’heure de concéder la prise en charge du coût de la formation : mieux vaut avoir une durée d’indemnisation supérieure à 2 ans et demi. Durée qui, si cela était encore possible, n’est plus garantie par rien ni personne (cf. diminution – rétroactive- des durées maximums d’indemnisation). L’opportunité offerte en 2002 par le CARIF IDF (3eme année de préparation au DEES) elle aussi souffre des soubresauts administratifs.
Je me trompe peut-être et mon observation manque certainement aussi de citer les quelques initiatives visant à faciliter l’entrée de nouvelles forces dans un secteur qui manque cruellement de moyens humains mais c’est l’impression que me laissent plusieurs mois de recherche d’emploi. Je pourrais la résumer ainsi : les recruteurs ou leurs organismes de tutelle n’admettent plus aucun « étranger statutaire » leur refusant ainsi la possibilité de la formation continue, les laissant à la merci d’un système formatif ultra-sélectif et contraignant et les confiant à un tissu socio-économique qui ne peut finalement rien. A 20 ans la problématique n’est pas insurmontable. Mais à trente, des charges, une obligation toujours plus aiguë de stabilité professionnelle et enfin le temps qui passe font qu’on a parfois envie de se reconvertir à la propreté publique.
J’aimerai – si vous m’avez fais l’honneur de me lire jusqu’ici- solliciter votre avis, votre impression concernant la mienne. J’aimerai saisir les raisons de ce revirement sélectif, de ce néo-protectionnisme sectoriel.
La raison est peut-être simple : On ne veut plus confier un public fragile qu’à des intervenants expressément formé au traitement éducatif des handicapes. Mais ma question est celle-ci : pourquoi désormais considère t-on un candidat diplômés du second cycle et justifiant d’un vécu significatif de l’intervention social, moins capable de produire un travail, une méthodologie et une réflexion efficace qu’un candidat titulaire du Beatep ?
Ma lettre vous aura certainement parue amère et injustifiée mais c’est le besoin de réponse qui m’anime. J’éprouverais un immense soulagement à savoir si oui ou non ma recherche d’emploi est désormais vaine.
Je vous invite à me répondre si vous le souhaitez et vous prie de croire en l’expression de mon respect –pour vous ainsi que pour la profession- le plus entier.