Respect, politesse, impertinence, tolerance ...
Publié : 28 août 2008 15:39
Bonjour,
Echanger, communiquer…
ce n’est pas toujours facile, surtout quand on écoute mal, interprète la pensée de l’autre en fonction de sa propre sensibilité et de son vécu… les situations difficiles auxquels certains sont confrontés les amènent parfois à utiliser des mots « crus »…
Pour exemple (parmi de multiples autres), dans le sujet « indemnité KM augmentation d'essence » sujet lancé par Fanfan, « Moi » (18/07/2008 14:56) écrit : « c'est bien parceque ça lui est profitable (car elle veut pas s'emmerder avec des gens qui sont aussi c...) que l'ademerde ne donne pas de voitures de fonction ! pourtant si on faisait la grève des voitures... » et Nath (Date: 23/07/2008 16:05) lui répond : « Bonjour "MOI" Pour répondre à ton message, je te trouve bien agressive et vulgaire... Si tu es très mécontente de ton emploi à l'***** que tu appelles admerde, tu n'as qu'à changer d'emploi, et comme cela tu m'emmerdera plus personne, pour reprendre ton vocabulaire…. »
Il s’en suit une grande discussion sur le RESPECT, la POLITESSE, l’IMPERTINENCE…
L’association du terme « Ademerde » avec le mot « Irrespect » m’amuse et m’interpelle aussi Aujourd’hui je vous propose de réfléchir au sens de la notion de RESPECT, pour cela j’ai trouvé un texte d’Yves Bonnardel (écrivain et militant engagé au sein des luttes pour l'égalité, contre le racisme, le sexisme, le spécisme) qui m’a paru très intéressant, dans le sens où il va à contre-courant de la pensée commune Il serait intéressant que vous apportiez aussi à la réflexion de tous, en « copiant-collant » ici des textes qui nous aident à approfondir nos pensées.
Chacun peut bien sûr y faire aussi les commentaires qu’il veut, cela aide à la réflexion de tous. Donc pour commencer, voici un Texte sur le RESPECT, nous pourrions continuer sur les notions de POLITESSE, de TOLERANCE, de RELATION D’AIDE….
Et bien d’autres notions importantes sur lesquelles nous devrions nous pencher pour avancer professionnellement dans notre métier d’aidant.
Qu’évoque pour vous la notion de RESPECT ?
Respect patrons/salariés Respect supérieurs/subordonnés Respect formateurs/formés Respect parents/enfants Et où est la réciprocité dans le respect ? « Respectable, le respect qu'éprouvent les dominants envers les dominés » demande Yves Bonnardel dans : "Pour un monde sans respect" (Yves Bonnardel, Cahiers antispécistes n°10 sept. 1994, qui parle du rôle d'alibi de la notion de respect dans les dominations, entre autre sexiste cf. la galanterie).
Respectable, le respect qu'éprouvent les dominants ? Enfant, le mot «respect» faisait partie de ces mots mystérieux dont je n'arrivais pas à déterminer précisément le sens, dont je ne savais pas démêler l'écheveau des significations multiples, qui m'apparaissaient à bien des égards contradictoires.
Ce n'est que bien plus tard, lorsque j'ai pu établir un rapport net entre «respecter» et «tenir en respect», que les choses se sont clarifiées.
Ainsi, «respecter ses parents» signifie essentiellement : «les craindre» et, dans la pratique, agir de façon à n'avoir pas à les craindre.
Mais c'est aussi ne pas démasquer l'imposture de leur «autorité», ne pas la remettre en question.
Dans un autre domaine des relations interhumaines, c'est ce qu'exprime fort bien, avec candeur, un magnifique proverbe russe : «Il se peut qu'une femme aime son mari qui ne la bat point, il n'est pas possible qu'elle le respecte.»
Et effectivement, on n'en vient guère à parler de respect qu'au sein de relations de conflit (entre égaux), ou, plus souvent encore, au sein des relations de domination. Exemple, dans un cas de conflit : «Je respecte tes idées, respecte les miennes !», ou bien encore : «Je te respecte, alors respecte-moi !».
Ce n'est rien d'autre qu'un marché donnant-donnant sur fond de menaces réciproques : «Je ne t'attaque pas, et tu ne m'attaques pas.» Belle relation, ô combien estimable, que celle d'où toute discussion est ainsi évacuée ! Ce respect-là évoque la dissuasion nucléaire et autres rapports de force, et certainement pas une réelle considération.
Il ne s'agit jamais que de délimiter un territoire sur lequel l'autre ne s'avancera pas, déterminer un no man’s land, tenir l'autre à «distance respectueuse». Parlant d'une relation d'amitié, ce n'est certainement pas de respectueuse que je serais tenté de la qualifier, mais plutôt, par exemple, de relation d'estime.
Et il en va ainsi de toutes relations réellement égalitaires et amicales, pour lesquelles la notion de respect semble tout à fait déplacée. Car je n'ai alors aucune distance à entretenir, et n'ai rien non plus à masquer.
Par contre, on ne cesse de mettre en avant (non pas même d'évoquer, mais bien d'invoquer !) le respect dans les relations parents-enfants, humains-animaux, hommes-femmes, ainsi que dans les relations entre communautés différentes, etc. Personnellement, maintenant, lorsque j'entends parler de respect, ou également bien souvent de tolérance (une autre idée qui est généralement du même acabit), je flaire des situations nauséabondes.
Tolérance, galanterie, et tutti quanti «Moi, je suis tolérant, je respecte les homos (ou les Arabes, etc.), ils font ce qu'ils veulent, tant qu'ils ne viennent pas m'emmerder !».
Tant qu'ils se tiennent à distance et se font tout petits : qu'ils tiennent leur rang et restent à leur place.
Ce n'est pas pour rien qu'en Hollande, on parle beaucoup dans les milieux contestataires de «tolérance répressive». Dans un cadre de domination, la tolérance ou le respect sont au mieux (?) de l'indifférence, quand ils ne sont pas franchement une stigmatisation, une mise à l'index. Dans un cadre égalitaire, ce sont des mots qui n'ont plus de raisons d'être, mieux, qui n'ont plus de sens.
Cela est très bien illustré par l'évolution de la galanterie durant ces dernières décennies ; c'est typiquement un de ces respects qui, dans un cadre général de domination, engagent au strict minimum : la galanterie exige qu'un homme laisse passer les femmes devant lui, qu'il laisse sa place dans le bus aux femmes enceintes, mais elle n'exige nullement qu'il passe la serpillière ou torche les mômes, qu'il fasse les courses ou accepte que sa moitié travaille (pour ne prendre que quelques exemples).
La galanterie exige des témoignages de considération qui coûtent peu, mais qui rapportent beaucoup : ce sont des témoignages, publics, et largement publicisés, qui prennent chacun à témoin de combien Untel traite bien les femmes et les tient en haute estime. La pratique de la galanterie fait coup double, en entretenant la confusion chez les dominées («mais, non, il n'y a pas mépris, puisqu'il y a respect»), et en confortant le dominant dans le beau rôle.
Or, à partir du moment où un nombre suffisant de femmes se sont publiquement rebiffées, où la domination a été dite, la galanterie a perdu sa fonction de masque et a progressivement disparu : elle n'a plus guère de raisons d'être (sans même d'ailleurs que l'égalité femmes hommes soit vraiment réalisée : c'est qu'on part aujourd'hui du postulat implicite et confortable, que les femmes auraient désormais les mêmes possibilités que les hommes de réaliser librement leur vie, et que la société actuelle leur propose un panel de choix aussi large et aisé d'accès qu'aux hommes : mais ces possibilités, bien souvent, ne sont que formelles).
On pourrait faire les mêmes remarques en ce qui concerne la fonction de «l'esprit chevaleresque» pour les mercenaires des temps passés (la «défense de la veuve et de l'orphelin» par ceux-là même qui les rendaient veuves ou orphelins !), ou celle du paternalisme dans les entreprises ou les Colonies ; le déclin du paternalisme n'est d'ailleurs pas dû non plus à la disparition des rapports inégalitaires - ça se saurait ! - mais bien plutôt à leur transformation : le néo-colonialisme a remplacé le colonialisme de papa, et dans les entreprises, la Modernité a instauré ces nouveaux masques, d'une bonne efficacité, que sont la participation et la concertation sociales. D'ailleurs, dans le contexte du néo-colonialisme aussi et de la misère chronique qu'entretiennent les «nécessités» économiques et géopolitiques des pays dominants dans le reste du monde, les aides humanitaires (ou militaro humanitaires) qui fleurissent aujourd'hui à grand renfort médiatique, devraient apparaître pour ce qu'elles sont : de la galanterie, de la pure galanterie.
Pour que cela cesse d'être le cas, ce n'est plus une aide charitable qui s'impose, mais un véritable partage des richesses. …
Echanger, communiquer…
ce n’est pas toujours facile, surtout quand on écoute mal, interprète la pensée de l’autre en fonction de sa propre sensibilité et de son vécu… les situations difficiles auxquels certains sont confrontés les amènent parfois à utiliser des mots « crus »…
Pour exemple (parmi de multiples autres), dans le sujet « indemnité KM augmentation d'essence » sujet lancé par Fanfan, « Moi » (18/07/2008 14:56) écrit : « c'est bien parceque ça lui est profitable (car elle veut pas s'emmerder avec des gens qui sont aussi c...) que l'ademerde ne donne pas de voitures de fonction ! pourtant si on faisait la grève des voitures... » et Nath (Date: 23/07/2008 16:05) lui répond : « Bonjour "MOI" Pour répondre à ton message, je te trouve bien agressive et vulgaire... Si tu es très mécontente de ton emploi à l'***** que tu appelles admerde, tu n'as qu'à changer d'emploi, et comme cela tu m'emmerdera plus personne, pour reprendre ton vocabulaire…. »
Il s’en suit une grande discussion sur le RESPECT, la POLITESSE, l’IMPERTINENCE…
L’association du terme « Ademerde » avec le mot « Irrespect » m’amuse et m’interpelle aussi Aujourd’hui je vous propose de réfléchir au sens de la notion de RESPECT, pour cela j’ai trouvé un texte d’Yves Bonnardel (écrivain et militant engagé au sein des luttes pour l'égalité, contre le racisme, le sexisme, le spécisme) qui m’a paru très intéressant, dans le sens où il va à contre-courant de la pensée commune Il serait intéressant que vous apportiez aussi à la réflexion de tous, en « copiant-collant » ici des textes qui nous aident à approfondir nos pensées.
Chacun peut bien sûr y faire aussi les commentaires qu’il veut, cela aide à la réflexion de tous. Donc pour commencer, voici un Texte sur le RESPECT, nous pourrions continuer sur les notions de POLITESSE, de TOLERANCE, de RELATION D’AIDE….
Et bien d’autres notions importantes sur lesquelles nous devrions nous pencher pour avancer professionnellement dans notre métier d’aidant.
Qu’évoque pour vous la notion de RESPECT ?
Respect patrons/salariés Respect supérieurs/subordonnés Respect formateurs/formés Respect parents/enfants Et où est la réciprocité dans le respect ? « Respectable, le respect qu'éprouvent les dominants envers les dominés » demande Yves Bonnardel dans : "Pour un monde sans respect" (Yves Bonnardel, Cahiers antispécistes n°10 sept. 1994, qui parle du rôle d'alibi de la notion de respect dans les dominations, entre autre sexiste cf. la galanterie).
Respectable, le respect qu'éprouvent les dominants ? Enfant, le mot «respect» faisait partie de ces mots mystérieux dont je n'arrivais pas à déterminer précisément le sens, dont je ne savais pas démêler l'écheveau des significations multiples, qui m'apparaissaient à bien des égards contradictoires.
Ce n'est que bien plus tard, lorsque j'ai pu établir un rapport net entre «respecter» et «tenir en respect», que les choses se sont clarifiées.
Ainsi, «respecter ses parents» signifie essentiellement : «les craindre» et, dans la pratique, agir de façon à n'avoir pas à les craindre.
Mais c'est aussi ne pas démasquer l'imposture de leur «autorité», ne pas la remettre en question.
Dans un autre domaine des relations interhumaines, c'est ce qu'exprime fort bien, avec candeur, un magnifique proverbe russe : «Il se peut qu'une femme aime son mari qui ne la bat point, il n'est pas possible qu'elle le respecte.»
Et effectivement, on n'en vient guère à parler de respect qu'au sein de relations de conflit (entre égaux), ou, plus souvent encore, au sein des relations de domination. Exemple, dans un cas de conflit : «Je respecte tes idées, respecte les miennes !», ou bien encore : «Je te respecte, alors respecte-moi !».
Ce n'est rien d'autre qu'un marché donnant-donnant sur fond de menaces réciproques : «Je ne t'attaque pas, et tu ne m'attaques pas.» Belle relation, ô combien estimable, que celle d'où toute discussion est ainsi évacuée ! Ce respect-là évoque la dissuasion nucléaire et autres rapports de force, et certainement pas une réelle considération.
Il ne s'agit jamais que de délimiter un territoire sur lequel l'autre ne s'avancera pas, déterminer un no man’s land, tenir l'autre à «distance respectueuse». Parlant d'une relation d'amitié, ce n'est certainement pas de respectueuse que je serais tenté de la qualifier, mais plutôt, par exemple, de relation d'estime.
Et il en va ainsi de toutes relations réellement égalitaires et amicales, pour lesquelles la notion de respect semble tout à fait déplacée. Car je n'ai alors aucune distance à entretenir, et n'ai rien non plus à masquer.
Par contre, on ne cesse de mettre en avant (non pas même d'évoquer, mais bien d'invoquer !) le respect dans les relations parents-enfants, humains-animaux, hommes-femmes, ainsi que dans les relations entre communautés différentes, etc. Personnellement, maintenant, lorsque j'entends parler de respect, ou également bien souvent de tolérance (une autre idée qui est généralement du même acabit), je flaire des situations nauséabondes.
Tolérance, galanterie, et tutti quanti «Moi, je suis tolérant, je respecte les homos (ou les Arabes, etc.), ils font ce qu'ils veulent, tant qu'ils ne viennent pas m'emmerder !».
Tant qu'ils se tiennent à distance et se font tout petits : qu'ils tiennent leur rang et restent à leur place.
Ce n'est pas pour rien qu'en Hollande, on parle beaucoup dans les milieux contestataires de «tolérance répressive». Dans un cadre de domination, la tolérance ou le respect sont au mieux (?) de l'indifférence, quand ils ne sont pas franchement une stigmatisation, une mise à l'index. Dans un cadre égalitaire, ce sont des mots qui n'ont plus de raisons d'être, mieux, qui n'ont plus de sens.
Cela est très bien illustré par l'évolution de la galanterie durant ces dernières décennies ; c'est typiquement un de ces respects qui, dans un cadre général de domination, engagent au strict minimum : la galanterie exige qu'un homme laisse passer les femmes devant lui, qu'il laisse sa place dans le bus aux femmes enceintes, mais elle n'exige nullement qu'il passe la serpillière ou torche les mômes, qu'il fasse les courses ou accepte que sa moitié travaille (pour ne prendre que quelques exemples).
La galanterie exige des témoignages de considération qui coûtent peu, mais qui rapportent beaucoup : ce sont des témoignages, publics, et largement publicisés, qui prennent chacun à témoin de combien Untel traite bien les femmes et les tient en haute estime. La pratique de la galanterie fait coup double, en entretenant la confusion chez les dominées («mais, non, il n'y a pas mépris, puisqu'il y a respect»), et en confortant le dominant dans le beau rôle.
Or, à partir du moment où un nombre suffisant de femmes se sont publiquement rebiffées, où la domination a été dite, la galanterie a perdu sa fonction de masque et a progressivement disparu : elle n'a plus guère de raisons d'être (sans même d'ailleurs que l'égalité femmes hommes soit vraiment réalisée : c'est qu'on part aujourd'hui du postulat implicite et confortable, que les femmes auraient désormais les mêmes possibilités que les hommes de réaliser librement leur vie, et que la société actuelle leur propose un panel de choix aussi large et aisé d'accès qu'aux hommes : mais ces possibilités, bien souvent, ne sont que formelles).
On pourrait faire les mêmes remarques en ce qui concerne la fonction de «l'esprit chevaleresque» pour les mercenaires des temps passés (la «défense de la veuve et de l'orphelin» par ceux-là même qui les rendaient veuves ou orphelins !), ou celle du paternalisme dans les entreprises ou les Colonies ; le déclin du paternalisme n'est d'ailleurs pas dû non plus à la disparition des rapports inégalitaires - ça se saurait ! - mais bien plutôt à leur transformation : le néo-colonialisme a remplacé le colonialisme de papa, et dans les entreprises, la Modernité a instauré ces nouveaux masques, d'une bonne efficacité, que sont la participation et la concertation sociales. D'ailleurs, dans le contexte du néo-colonialisme aussi et de la misère chronique qu'entretiennent les «nécessités» économiques et géopolitiques des pays dominants dans le reste du monde, les aides humanitaires (ou militaro humanitaires) qui fleurissent aujourd'hui à grand renfort médiatique, devraient apparaître pour ce qu'elles sont : de la galanterie, de la pure galanterie.
Pour que cela cesse d'être le cas, ce n'est plus une aide charitable qui s'impose, mais un véritable partage des richesses. …