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les angoisses au moment du coucher

Publié : 09 août 2012 17:11
par cathia
je suis a la recherche d'info pour développer mon mémoire sur le coucher et tout ce qui peut tourner autour
les différentes peur et les angoisses

enfin si quelqu'un peu me donner des petites idées ça serait super

merci d'avance

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 17 août 2012 10:57
par lachipie71
je travaille dans une Mas , c' est clair des angoisses il y en a ....
si tu as des infos je suis preneuses aussi ...
Mais dits moi ce que tu cherches comme infos car avec mon équipe nous avons mis des choses en place pour une femme schizophrène par exemple ....

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 17 août 2012 16:28
par cathia
En fait je suis preneuse de toute info. Je bosse en MECS avec des jeunes filles de 13 à 18 ans et on ne fait absolument rien pour elles au moment du coucher. On essaye de discuter avec elles mais c'est tout et je trouve cela dommage. C'est pour ça que j'ai vraiment envie de monter mon mémoire la dessus pour pouvoir parler ou même proposer des petites astuces qui pourrait aider au quotidien

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 20 août 2012 01:55
par éducCER
Bonsoir,
je ne sais pas si ma réponse sera assez ciblée étant donné que la question est très vaste. Par "on ne fait rien pour elles au moment du coucher" parles tu de l'institution ou de l'équipe éducative ?
En ce qui me concerne, je suis éducatrice en CER, abonnée aux soirées (donc aux couchers) avec des garçons de 14 à 17 ans et demi et la direction est justement soucieuse de la qualité du sommeil des jeunes. Nous avons tous conscience dans l'équipe que les angoisses peuvent être massives au moment du coucher. J'ai d'ailleurs remarqué que suivant le veilleur de nuit qui travaille (ou l'éducateur qui fait la soirée) les jeunes sont apaisés ou, au contraire, angoissés. Les adultes pas assez rassurants ont tendance à totalement insécuriser les jeunes. Dans ce cas, les angoisses deviennent difficilement gérables (et se traduisent la plupart du temps par un refus d'aller se coucher ou par des transgressions pour éviter d'aller dormir.)
En ce qui me concerne, j'essaie d'instaurer un cadre contenant et calme avant le coucher. Pour certains jeunes, c'est un peu comme pour les petits enfants, les rituels avant de dormir sont importants. J'ai l'habitude de boire une tisane avec eux après le repas, et en général, ce moment donne lieu à de longues discussions où les jeunes déposent beaucoup de leur vécu. C'est une sorte de rituel qui les apaise et les pose. L'heure du coucher dans l'institution est également ritualisée à une heure précise. Les garçons ont une demie heure dans leurs chambres respectives, puis nous venons leur souhaiter bonne nuit et les inviter à éteindre la lumière (certains ont peur du noir mais ont du mal à l'admettre.)
Il est important que ces angoisses (peur du noir, peur du diable pour un de nos jeunes, insomnies etc...) soient décelées et rapidement discutées dans l'équipe.
Si les angoisses sont trop massives, nous conduisons le jeune concerné chez un médecin qui jugera s'il est nécessaire de prescrire un traitement adapté. En général, nous commençons avec l'homéopathie, à moins que le jeune soit déjà sous traitement plus fort à son arrivée.
Quoi qu'il en soit, il est important de garder en mémoire qu'un grand nombre de ces adolescents et adolescentes avait un rythme de vie décalé avant d'entrer dans une institution (dormir le jour, vivre la nuit) et qu'ils étaient peut être aussi consommateurs de produits tels que le cannabis. La plupart me disent justement que c'était le cannabis qui les aidait à dormir...sans cette béquille qu'ils avaient trouvée pour anesthésier leur angoisse, ils se retrouvent démunis.
Je ne sais pas si ma réponse est de celles que tu attendais. N'hésite pas à poser des questions plus précises et j'essaierai de ne pas partir dans tous les sens dans ma réponse.

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 20 août 2012 15:26
par cathia
merci d'avoir répondu avec autant d’éléments je parle autant de l'équipe éducative que de l'institution c'est pour cela que je reste assez vaste sur le sujet.
y a t il des rituels précis pour certains jeunes ou cela peut il varier tous les jours?
chez nous aussi les filles refusent de se coucher ou court partout au moment du coucher et je remarque que nous (l’équipe) ne gérons pas très bien ce moment car a aucun moment on se dit qu'il y a peu être des angoisses.
est ce que tu en parle ouvertement avec tes jeunes ou tu attend qu'il t'en parle?
comment réagit fasse a ces moments
merci d'avance pour tout ces renseignements

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 20 août 2012 20:22
par éducCER
Je suis étonnée que les angoisses de ces jeunes filles ne soient pas identifiées dans l'équipe. C'est pourtant un facteur très important, à mon avis, et qui peut faire la différence.
Tout n'est pas rose dans le CER où je travaille mais pour ce qui est de la nuit et du coucher, nous sommes assez réactifs à tous les niveaux (qu'il s'agisse de l'équipe ou de la direction.) La parole circule beaucoup, que ce soit au niveau des écrits ou de la relève avec les collègues. Si un jeune a retardé l'heure du coucher en faisant n'importe quoi, l'éducateur de soirée le note, le veilleur de nuit informe verbalement l'éducateur du matin et ce dernier peut alors reprendre cet épisode avec le jeune concerné. Le chef de service, si un jeune a trop tendance à se déchaîner la nuit, le convoquera pour lui demander de s'expliquer.
Nous en parlons également en réunion pour voir si les jeunes angoissés par la nuit le sont systématiquement ou dans certaines circonstances. Le psychologue nous donne son avis ainsi que des pistes de travail souvent pertinentes.
En tout cas les angoisses nocturnes de ces garçons commencent à se traiter par la communication dans l'équipe et par l'observation de chacun.
En général, les garçons du CER ont tendance à "sélectionner" leurs interlocuteurs privilégiés dans l'équipe éducative et à parler assez ouvertement de leurs angoisses avec cette personne ou ces personnes, à condition que cela se passe en relation duelle. Ils sont très sensibles à l'écoute qu'on peut leur apporter et à notre posture.
Le cadre contenant, l'autorité et la bienveillance les rassurent. L'autoritarisme les angoisse et les révolte. Le laxisme aussi. J'ai pu remarquer que le coucher était presque systématiquement difficile en présence des éducateurs qui se faisaient trop "marcher dessus" ou qui, au contraire, aboyaient des ordres sans autre forme de communication. De même, si un veilleur de nuit qui semble avoir peur des jeunes travaille je sais que je vais devoir être vigilante à bien rassurer les jeunes pendant la soirée et à les poser pour qu'ils ne ressortent pas de leur chambre pour aller défier ce veilleur de nuit après mon départ (il m'est arrivé un jour de les prévenir que si je devais passer la nuit au travail pour leur éviter de se mettre en danger en allant faire n'importe quoi contre ce veilleur de nuit, je n'hésiterai pas.)
Quant à mes soirées, elles se passent la plupart du temps très bien et cela m'a longtemps interrogée, surtout quand je voyais à quel point les jeunes pouvaient se déchaîner la nuit avec d'autres. Le fait d'être une femme avec ces garçons pouvait peut être leur renvoyer l'image apaisante de la mère. Puis je me suis rendue compte que d'autres éducatrices avaient beaucoup de mal avec le coucher et que les angoisses des jeunes pouvaient être décuplées par leur présence. Donc j'en conclue que c'est plus une question de climat, d'ambiance qu'on instaure, que de genre masculin ou féminin.
Nous avons pour consigne de ne pas mettre en place d'activités générant de l'excitation à partir de 19h30/20h afin que les tensions de la journée puissent retomber avant l'heure du coucher et c'est une consigne que j'estime très juste.
En général, quand je fais la soirée, les garçons commencent à se poser avant l'heure du repas. Nous commençons à discuter et je les laisse aborder les sujets qui les intéressent, à la condition qu'ils ne manquent de respect à personne. Nous échangeons ainsi sur des généralités au début de la discussion, des plaisanteries fusent et, au fur et à mesure, ils en arrivent à parler de sujets plus personnels. Bien entendu, comme nous sommes en groupe, ils n'exprimeront pas leurs angoisses telles quelles.
J'ai instauré un petit rituel avec les groupes qui pouvaient y être réceptifs (sinon je ne vais pas les forcer à l'adopter.) C'est la tisane après le repas. Je me souviens d'un garçon de 17 ans qui m'avait dit lors de son premier soir "mais je suis pas une mémé !" N'empêche qu'un soir, il s'est couché en me disant que quelque chose n'allait pas...puis il s'est exclamé : "tu as oublié la tisane ce soir !" Un autre de mes collègues a instauré le rituel des jeux de cartes après le repas. Quand nous travaillons ensemble, je peux voir à quel point le lien qu'il a instauré rassure et apaise les jeunes.
Un autre préfère chahuter et plaisanter avec les jeunes. Pourtant ils vont quand même se coucher sereinement en sa présence. Il me semble que l'apaisement des angoisses tient finalement dans le lien que tu instaures avec eux, peu importe le moment de la journée.
Bref, concernant mes soirées, la parole circule beaucoup jusqu'au moment du coucher. Je suis toujours très attentive à ce qu'ils me disent, même s'il s'agit de petites choses qui ne semblent pas importantes de prime abord. Je leur renvoie ce qu'ils me disent et ils voient que je les écoute vraiment.
Quand vient l'heure d'aller se coucher, je les accompagne dans leurs chambres. Certains vont alors vouloir poursuivre la discussion et c'est là qu'ils aborderont leurs angoisses. Généralement, je préfère les laisser aborder le sujet.
Par contre, s'ils ne le font pas directement, je remarque qu'ils parlent sans s'arrêter de tout et n'importe quoi pour que je reste plus longtemps avec eux. Dans ces cas là, je leur demande si quelque chose les inquiète (je n'emploie pas le mot "peur.") Certains vont éviter le sujet et revenir dessus quelques jours après, d'autres vont répondre. Cela dépend vraiment de la personnalité du jeune et de son aisance à regarder ses angoisses en face. Souvent, j'entends "le cannabis me manque" ou, plus souvent encore "la nuit, je cogite trop."
Un jour, un jeune m'a demandé de rester plus longtemps au travail et de discuter avec lui jusqu'à ce qu'il s'endorme. J'avoue que j'ai été très démunie face à cette demande que je n'avais encore jamais entendue. Je ne sais pas si j'ai bien fait ou pas, mais je n'ai pas voulu accéder à sa demande pour ne pas devenir sa seule interlocutrice dans l'institution. Je lui ai donc dit que je devais aller voir les autres jeunes et que je reviendrai encore 10mn avec lui mais qu'ensuite, s'il n'arrivait pas à dormir, le veilleur de nuit serait là pour lui.
Cela peut tenir à rien, mais nous avons remarqué que le fait de passer voir chaque jeune dans sa chambre, d'accorder un peu de temps en relation duelle avec chacun d'eux et de leur montrer qu'on prenait soin d'eux les apaisait. Quelque fois, il suffit de rien, une plainte d'un bobo quelconque et d'une réponse adaptée pour que le jeune sente qu'on prend soin de lui. Cela peut sembler dérisoire mais pour un certain nombre, ils n'ont pas eu l'habitude qu'on prenne soin d'eux et souffrent de grosses carences physiques et surtout, affectives. Nous ne sommes pas là pour remplir ces carences mais pour leur montrer qu'entrer en lien avec l'autre n'est pas toujours dangereux pour eux, qu'un lien peut être sain et que la séparation de la fin du placement ne les détruira pas.
Le "bonne nuit, et à demain" (ou si tu ne travailles pas le lendemain, leur dire quel jour tu reviens) est également très important pour eux. Ils ont beau agir comme des hommes et le revendiquer (ou les jeunes filles comme des femmes), ils ont encore un pied dans l'enfance et le fait de savoir que tu seras là tel jour les rassure car bien souvent, ils sont totalement englués dans des angoisses d'abandon.
En tout cas les angoisses que nous avons le plus souvent identifiées étaient celle de l'abandon, du vide, de la séparation.
Voilà, c'est tout ce qui me vient à chaud. Si tu as besoin de précisions ou d'autres questions, n'hésite pas, et bon courage dans tes recherches.

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 21 août 2012 15:27
par cathia
effectivement je comprend mieux ce qui ne colle pas dans notre façon de travailler. En tout cas merci pour tout ces renseignements!!!!

a part l'abandon, le vide et la séparation, y a t-il d'autre sortes d'angoisses que tu rencontres?
est y a t-il certaines situations que tu n'arrive pas apaiser? et que fais tu dans ces cas la?

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 22 août 2012 02:29
par éducCER
De rien, ça me permet aussi de me poser et de réfléchir à ces angoisses (pas évident de prendre du recul quand on est sur le terrain, tu as dû t'en rendre compte ^^)
Les angoisses que nous rencontrons au moment de la nuit sont multiples. Les trois citées sont celles qui reviennent le plus mais nous avons pu constater aussi qu'un certain nombre d'ados que nous accueillons avait peur du noir. C'est encore l'angoisse dont ils vont parler le plus facilement (toujours en relation duelle avec l'adulte, qu'il s'agisse de l'éducateur ou du chef de service car ils doivent lui formuler leur demande pour un achat de veilleuse.)En effet, notre règlement de fonctionnement stipule que les lumières doivent être éteintes dans les chambres passée une certaine heure. A partir de là, comme ils s'inscrivent dans une transgression s'ils maintiennent cette lumière allumée, ils préfèrent verbaliser leur angoisse plutôt que de donner l'impression qu'ils défient sciemment l'autorité de l'adulte.
Dans ces cas là, l'équipe au complet garde cette angoisse à l'esprit. Avec l'aval du chef de service, nous accompagnons le jeune pour qu'il achète sa veilleuse et dès qu'il en sent le besoin, nous en parlons avec lui. Il ne s'agit pas, bien sûr, de le couver, mais de le rassurer et qu'il se sente assez en confiance pour essayer de comprendre cette angoisse qui en cache souvent de plus profondes. Le psychologue qui le voit une fois par semaine va également travailler avec lui sur ce problème.
J'ai pu remarquer que la plupart du temps, cette peur du noir était difficilement explicable pour eux. Seul un des garçons a pu me dire que cette peur en masquait une autre : celle du diable (de la possession diabolique, plus précisément.) A partir de là, on peut émettre une ribambelle d'hypothèses malheureusement sans réponses : angoisse de mort ? peur de grandir et de voir son corps changer ? angoisse d'intrusion ?
C'est la nuit que la personne se retrouve seule. La journée, les jeunes sont toujours accompagnés, il n'y a pas de temps mort. La nuit, ils réfléchissent et les angoisses ressurgissent. Ils expriment d'ailleurs une peur de trop penser, ou de trop ressasser. Qu'il s'agisse de l'angoisse qu'il arrive quelque chose à leurs proches en leur absence, l'angoisse de changer et de ne plus être acceptés par leurs pairs à leur retour, l'angoisse d'être trompés par leurs petites amies ou trahis par leurs amis, l'angoisse de grandir, l'angoisse d'entrer en lien avec les adultes de la structure alors que jusqu'à présent, les liens qu'ils avaient tissés étaient trop fragiles voire déstructeurs...
Comme tu l'as remarqué, pour reculer au maximum le moment de se retrouver seuls, certains (ou certaines) vont transgresser, faire semblant de s'amuser à défier l'autorité de l'adulte, faire du bruit, parfois fuguer. Il y a une recherche de limites, de contenance. Une angoisse exprimée par les actes : vous n'êtes pas assez rassurants pour moi.
J'ai pour habitude de ne pas hausser le ton. Pour moi, l'autorité ne passe pas forcément par une augmentation des décibels. Pourtant un soir, un jeune très angoissé par le noir et qui retardait systématiquement l'heure du coucher est parvenu à me faire crier. Rien de bien méchant, il s'arrangeait pour que je monte lui dire d'arrêter de faire du bruit. A la fin, j'ai perdu patience et je lui ai crié dessus. A ma grande stupéfaction, il s'est tout de suite apaisé, comme s'il était rassuré parce qu'en haussant le ton, je lui montrais qu'il existait (c'était ainsi que sa mère s'adressait à lui.) Je me suis alors interrogée et je me suis rendue compte que, s'il m'écoutait toujours respectueusement et recherchait le lien avec moi, je l'angoissais aussi terriblement en ne m'énervant pas comme le faisaient sa mère et la plupart des membres de l'équipe (surtout au moment du coucher, même le directeur avait, un soir, dû intervenir et il avait haussé le ton.) Quelque part, pour lui, je ne reconnaissais pas son existence si je ne criais pas au moins une fois sur lui. C'est du moins l'interprétation que j'en fais.
Après, il y a une angoisse que j'ai perçue chez un jeune mais je ne saurai dire s'il s'agissait d'une angoisse de s'éparpiller (donc un besoin d'être contenu) ou au contraire, d'intrusion. Il nous demandait, et ce dès le premier soir de son arrivée, de fermer sa chambre à clé, comme s'il avait peur que quelqu'un rentre lui faire du mal pendant son sommeil ou que lui même sorte et se mette en danger. Au fil des mois, plus en confiance, il ne formulait plus cette demande mais il n'a jamais vraiment parlé de ça.
Une angoisse assez répandue, c'est celle du manque. La journée, ils sont actifs, ils n'ont même pas le temps de penser à la cigarette. La nuit, tout s'apaise et se calme...la peur de manquer d'alcool, de cannabis les submerge. La peur donc, de ne pas avoir la possibilité d'anesthésier leurs angoisses plus profondes. Cette angoisse du manque correspond très souvent à leur arrivée dans nos locaux et ne perdure pas. Ils la mettent en mots assez aisément également.
Une angoisse que j'ai pu constater chez certains adolescents qui n'ont pas connu un de leurs parents ou dont les parents sont rejetants, c'est celle de perdre les adultes avec lesquels ils entrent en lien. En premier lieu, il est très difficile justement d'entrer en lien avec eux. J'en ai connu quelques uns comme ça qui, s'ils étaient turbulents le reste du temps, se couchaient sagement le soir et me disaient systématiquement (à moi ou à des collègues avec lesquels ils étaient entrés en lien) : "sois très prudente sur la route. Mets bien tes pleins phares et ta ceinture." La première fois, j'ai trouvé ça "mignon" sans y accorder vraiment d'importance. C'est avec la répétition que j'ai compris que cette tirade exprimait en fait une réelle angoisse de m'imaginer morte. Une angoisse de perdre le lien à la fin du placement. Peu importe le jeune, le moment du coucher allait de paire avec l'imminence de mon départ en voiture et le discours concernait donc toujours le fait de faire attention au volant, d'éviter les risques d'accidents.

Quant à des situations que je n'ai pas pu apaiser sur l'instant, oui, il y en a eu, notamment avec les groupes où le jeune le plus angoissé va se montrer le plus turbulent et entraîner les autres avec lui, retardant ainsi au maximum le moment de se retrouver seul. Ce n'est qu'en séparant le groupe, quand ont travaille à deux, qu'on parvient à faire retomber la pression, ou en isolant le leader (un adulte avec lui pour lui demander de s'expliquer.)
Il nous est aussi arrivé de faire appel au cadre d'astreinte dans les situations les plus difficiles. Le fait qu'il se déplace est, en soi, un avertissement que les jeunes prennent très au sérieux. Ils paradent mais dès qu'il arrive, ils se mettent à son écoute. Par contre c'est un recours qu'il faut, à mon avis, employer avec beaucoup de parcimonie car j'ai souvent vu des collègues se faire totalement déborder par les jeunes car ils faisaient trop souvent appel au cadre d'astreinte la nuit, laissant ainsi sous entendre aux adolescents qu'en tant qu'adultes, ils étaient eux aussi trop angoissés pour gérer la situation. Ils se retrouvaient alors face à des jeunes en toute puissance (une toute puissance synonyme d'angoisse massive face à ces adultes incapables de les contenir psychiquement.)
Une autre angoisse que j'ai pu déceler et contre laquelle j'ai été impuissante, c'est l'angoisse de la folie. C'est d'ailleurs au moment précis du coucher qu'ils profitent de la relation duelle pour aborder pour la première fois le sujet de cette angoisse (avec moi ou avec mes collègues.) J'ai rencontré très peu d'adolescents dans cette situation jusqu'à présent...ou alors très peu ont pu verbaliser cette angoisse. Le problème est qu'ils parlent de pensées affreuses qu'ils auraient, mais ils ne les décrivent pas. Les rassurer devient alors assez difficile car je n'ai pas toutes les cartes en mains. Je ne peux qu'essayer de les amener à dédramatiser et les rassurer, mais j'ai l'impression que mes discours sonnent creux. En tout cas, des deux ou trois jeunes que j'ai connus dans ce cas là, aucun n'a vraiment exprimé de manière détaillée en quoi consistaient ces pensées. Tout ce qu'ils expriment généralement, c'est que nous allons les prendre pour des fous (selon leurs termes) s'ils les verbalisent. Dans ces situations, nous en parlons en réunion afin que le psychologue puisse prendre le relai et tenter d'apporter lui aussi la réassurance que le jeune concerné semble rechercher. Cela dit, nous ne fonctionnons pas en vase clos et si nous estimons que les angoisses du jeune concerné génèrent des passages à l'acte qui le mettent en danger, nous l'adressons alors à d'autres professionnels, comme un psychiatre en consultation externe.

Voilà mes idées, un peu en vrac.
Après, ne connaissant pas la manière dont vous fonctionnez dans ton institution, je ne peux pas vraiment me rendre compte de ce qui ne colle pas mais j'espère au moins que la parole circule entre vous sur le sujet du coucher et des angoisses nocturnes. Entre nous, elle circule, même si nous ne sommes pas toujours d'accord sur la réponse à apporter à un jeune qui aurait refusé de monter se coucher avant d'exprimer sa peur panique du noir (et heureusement que nous ne sommes pas tous d'accord, ça nous permet de voir les choses sous d'autres perspectives.)

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 22 août 2012 12:38
par cathia
tu viens de m'apprendre énormément de chose en peut de temps !!!
je ne travaille que depuis un mois et demi dans cet établissement mais on ne parle jamais des angoisses au moment du coucher et comme c'est la première fois que je travaille en internat je suis dans une totale découverte et c'est pour cela que j'ai cherché a m'éclairer un peu sur le sujet. Je pense que c'est un moment important à développer au sein de mon groupe. J'ai plusieurs filles qui me semble avoir des angoisses le soir par rapport a des descriptions mais pour l'instant je n'ai pas vraiment réussit a faire quelques choses mais je vais testée différentes approches et on verra bien.
comment pense tu que je devrais aborder ce sujet pour que mon équipe se sente concerner? en tout cas c'est un régal de lire la passion que tu met dans tes descriptions de situation !!!
Connais tu des ouvrages ou des doc qui pourrait m'aider a approfondir mes recherches pour mon mémoire?

Re: les angoisses au moment du coucher

Publié : 22 août 2012 15:08
par éducCER
Je te laisse mon e mail pour que nous puissions discuter de tout cela, si ça te dit, et que tu m'expliques votre fonctionnement en soirée, ou des situations que tu as rencontrées et qui t'ont questionnée.
monicabing3@hotmail.com

Je verrai avec notre psychologue si elle a de la doc spécifique à ce sujet à mon retour de vacances. Quant à la biblio, j'ai un ouvrage de Philippe Jeammet en tête mais j'ai complètement zappé le titre. Il est quelque part chez moi, je te le mailerai dès que je l'aurai retrouvé.