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Moi aussi, j'y croyais.

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Po3m
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Moi aussi, j'y croyais.

Message non lu par Po3m » 20 août 2020 11:07

"L'amour, celui qui vous emporte au-delà de tout.

Il y a le fossile d'un bateau ivre, en moi. Comme un paquet d'enfants perdus dans ma jeunesse d'antan. Je n'étais qu'un imbécile malheureux qui cherchait sa fleur. Un mélancolique qui voulait vivre, juste vivre, simplement vivre d'amour et d'eau fraiche. Un Roméo sans Juliette. Je croyais en ces illusions chimériques, à défaut de croire en moi. Si tenté que je fus réel, si tenté que je sois vrai.

J'y croyais malgré tout, mais je ne sais plus vraiment en quoi. L'amour ? Mais lequel ? Celui qui dure toujours ?
Je me dis qu'être adulte, c'est être dans l'acceptation non pas que tout a une fin, mais que tout fini par se transformer.
Peut-être que c'est ça, l'amour dans la vie, c'est apprendre à mourir. Peu à peu. Et le réaliser pleinement quand ça s'en va.

Est-ce pour autant un gâchis ? Il faut voir ce qu'il en reste. Il faut voir ce qu'il en ressort, il faut voir.
Avoir longtemps vécu dans le sentiment de ne pas avoir été aimé, ça laisse des traces. Je ne suis pas si sûr d'être capable d'offrir durablement ce que je n'ai pas, ce que je n'ai plus, ou peut-être, ce que je n'ai jamais eu. Je n'ai plus la force de voir plus loin.
Je ne suis plus pour quelqu'un. C'est peut-être en cela que je ne suis plus rien.

Mais moi aussi, j'y croyais. "

***
C'est ce billet que je viens de poster. Pas très inspiré aujourd'hui. Juste une vaguelette avant de claquer le portable. Le pathos, la maladie mentale, ça rend parfois plus productif, mais souvent pour faire de la merde. Je me disais qu'en me soignant j'aurais du talent, mais je me suis planté. Je fais toujours de la merde. J'en déduis donc que je ne suis pas réellement guéri. Je ne m'en suis pas vraiment sorti. De toute façon, les gens sont devenus trop occupés à écrire leur vie sur les réseaux sociaux qu'ils utilisent pour ne faire que flatter leur égo. Ils ne s'intéressent plus à des gens comme moi. Autrefois, tu pouvais dans un premier temps rater ta vie et en faire une œuvre, il y avait au moins une petite chance d'obtenir une reconnaissance posthume. Aujourd'hui, plus personne n'en a rien à foutre ! C'est devenu vraiment moche de tout foirer. Tu ne peux plus en faire quelque chose de beau. Aujourd'hui c'est même devenu gênant d'être bon. Il ne faut tellement plus froisser notre époque qu'il vaut mieux éviter d'être un génie. C'est pour ça, ouais, c'est vraiment pour ça que je fais de la merde. Ca vend mieux.

Tiens, d'ailleurs j'ai RDV. Une journaliste locale m'a contacté; elle dit vouloir m'interviewer pour me faire connaître parce qu'elle suit mon blog depuis plusieurs mois. Elle trouve mon travail "intéressant". Intéressant. Putain que je déteste ce terme pour qualifier son intérêt pour quelqu'un ! Moi quand j'entends "Oui, c'est intéressant..." je comprends ça comme "Lâche-moi la grappe, tu m'emmerdes !" donc c'est pour ça, je n'aime pas tellement être intéressant. Je suis donc assez enquiquiné à l'idée de la rencontrer ! Ouais. Ca m'emmerde profondément ! D'autant que je me méfie, dans cette société du bashing où se foutre ouvertement de la gueule des uns et des autres est devenu un acte valorisant, je reste donc sur la réserve. J'y vais, mais certainement pas pour plaire.

*

Une éternité que je ne me suis pas rendu dans le centre ville. J'y vais la fleur au fusil, sans aucune préparation. C'est comme ça que j'ai toujours fait pour décrocher du boulot. Peut-être que si ma nonchalance énerve d'un côté, d'un autre : il faut croire que ça donne envie de baiser. C'est un peu la société d'aujourd'hui qui veut ça. Les gens sont tellement uniformisés, oui parce que l'ère de cet hyper individualisme propre au début des années 2000 est révolue depuis qu'on traite la populace comme de bons petits soldats, du coup des énergumènes comme moi ça sort vite du lot. Et ce qui tranche généralement, on aime ou on déteste. Avec moi ça bascule souvent du côté du lit, mais ça vraiment je ne le fais pas exprès. C'est comme ça. Je ne vais quand même pas m'en plaindre mais avouez que pour quelqu'un qui croyait autrefois en l'amour unique, c'est quand même assez ballot ! Je ne sais pas ce qui plait chez moi. Je n'ai jamais su. Le mot "touchant" revient souvent à mon endroit. Certainement, parce que s'il y a une chose que je ne suis absolument pas : c'est bien un homme à femmes. Et pourtant...

Me voilà Place D'Erlon. Un large boulevard pour piétons. Elle m'a indiqué "Le Lion", lieu de notre RDV. Une brasserie qui m'a toujours laissé indifférent, même si au premier étage c'est plutôt agréable. Je m'approche et j'aperçois une silhouette devant l'établissement. Une silhouette qui me découpe la rétine comme jamais je ne fus autant surpris de découvrir quelqu'un pour la première fois ! Dans le monde ambiant elle ne m'a pas encore remarqué et dans mon approche, progressivement je prends la mesure de sa beauté malgré le masque. Puis ses yeux sur moi et elle semble me reconnaître instantanément, elle s'avance franchement vers moi et tend une main que j'hésite à saisir : "Oh, ne craignez rien !" Me dit-elle : "J'ai du gel hydroalcoolique ! On pourra en prendre en nous quittant tout à l'heure..." Son naturel me surprend, je devine un large sourire à son regard, je lui saisis la main tout en appréciant la nature transgressive du geste partagé. Je l'invite à nous installer à l'étage. Elle a l'air si ravie de me voir, je dois dire que son humeur est communicative. Je me sens mieux.

*

Une jupe coupée au dessus du genoux et ses jambes nues qui me happent dans ce moment où elle s'assied à mes côtés, sur le rond d'un canapé feutré d'un bleu pétrole. Et devant nous, une table-basse transparente. Bien sûr je ramène à moi mon regard que je contiens comme je peux. Ce n'est pas que je ne sache pas ce qu'est une femme, depuis le temps, mais sa peau m'attire inévitablement. Elle m'aimante physiquement, d'autant que son naturel me charme. Elle me parait inconsciente de ce qu'elle dégage. A moins que je sois déjà piégé, comme un lion mis en cage. Son décolleté sous sa veste cintrée est ouvert juste comme il faut, pas trop. Assez pour me mettre l'eau à la bouche, totalement subjugué par la fulgurance de cette rencontre. Le masque ajoute une dimension érotique. Elle me parle sans que je ne puisse voir sa bouche, ses lèvres cachées comme un sexe sous une culotte que mes dents voudraient bien arracher ! Pour la faire taire, pour la bouffer !

Ca, c'est dans ma tête uniquement. Mais je suis calme, posé. Quoi que mes pupilles doivent probablement être bien dilatées. J'essaie au mieux de conserver un certain self-control. "Cela fait longtemps que vous créez ? Cela vous est venu comment, tout ça ? Ce que vous faites ?"

- Oh, ça. D'aussi loin que je me souvienne, depuis toujours en fait. Comme on dit, je suis tombé dans la marmite tout petit. Une marmite qui a fait de moi déjà un bambin bien différent des autres. C'est un peu comme si tout était écrit déjà et qu'il suffisait que je me laisse porter...

- Vraiment ? C'est si facile ? Alors, vous croyez au destin, en Dieu ?

- Pas facile du tout, non. J'ai toujours subi ma propre condition. Je ne me suis jamais senti vraiment à ma place parmi les autres. Et non, je ne crois pas au Dieu des religions. Mais je n'ai aucune réponse sur la question. Juste, je sais que nous sommes ignorants et que croire n'est qu'une question de foi. J'ai foi en de nombreuses choses dans la vie, peut être en la vie elle même. Mais selon moi, Dieu n'a jamais claqué des doigts pour allumer la lumière. Cependant, l'univers est si vaste, bien plus que l'univers observable et personne ne sait d'où vient tout ça. Personne n'a la réponse. Dieu, pour moi, résonne comme "l'inconnu". C'est pourquoi je reste agnostique face à cette question.

Je la regarde pendant que je lui parle, elle m'observe attentivement. C'est fou comme j'ai le sentiment d'être vraiment écouté pour une fois. D'habitude, j'écris plus que je ne parle, mais là, c'est comme si je sentais que quelque chose se passait. Comme si les mots sortaient plus vite que ma pensée.

- Dans vos œuvres, vous parlez beaucoup des femmes. Que ce soit dans vos écrits, vos illustrations, vous abordez un propos réaliste mais souvent décalé, et parfois drôle aussi. Sans jamais tomber dans la caricature. Comme si ce que vous dépeignez semble vivant, à portée du toucher, même lorsqu'on vous lit. Comment c'est possible ? Je trouve ça assez magique. Vous semblez bien connaître les femmes... vous en étiez une dans une autre vie ? Rires !

- Ah ah ! C'est à croire ! Il y a une sensibilité chez moi. Je ne me l'explique pas. Les femmes furent pour moi durant longtemps un mystère. Je ne savais pas comment faire pour correctement les approcher. Je paraissais trop juvénile dans mon allure, plus jeune, donc je passais totalement inaperçu et j'en souffrais parce que moi, je m'intéressais à elles. Mais elles regardaient des garçons qui faisaient physiquement plus mâtures, mais ne l'étaient pas nécessairement dans leur tête. En attendant, ce sont eux qui vivaient de belles histoires. Alors moi, il ne me restait plus qu'à les imaginer, ces histoires. Mes fantasmes d'alors étaient très élaborés, au point qu'en effet, je me mettais également à la place de celle(s) qui pouvait me manquer. Une part de moi est une femme ! Rires !

Mes confidences sont facilitées par le feeling incroyable qui jaillit entre nous. Je me dis que décidément, elle n'a pas choisi son métier au hasard. Elle est plus jeune que moi, beaucoup plus jeune, elle n'a pas trente ans. Et moi, du haut de ma quarantaine, j'oublie tout dans ce moment. Ces vagues qui me fracassent périodiquement semblent ne plus avoir la moindre importance.

*

NATTIE
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Re: Moi aussi, j'y croyais.

Message non lu par NATTIE » 20 août 2020 20:22

Bonsoir,

Si je puis me permettre, on veut la suite....😊

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