Un cas de conscience ? HELP

[Johanna]

Bonjour à toutes / tous,

Je suis assistante sociale du secteur associatif et j'ai un collègue en grande difficulté niveau logement.
Ce dernier est presque à la rue.
Il souhaite instruire un DALO. Cette démarche doit être faite au plus vite à la demande de notre collecteur 1% patronal (Action logement).
Etant seule travailleur social dans ma structure, il se tourne vers moi pour cette démarche. Or, je me pose la question du conflit d'intérêt... Cela me semble limite d'instruire une demande pour un collègue mais je ne trouve aucune info légale sur la question. Je pense l'orienter en secteur... Qu'en dites vous ??? Avez-vous connaissance de cas similaires ? HELP !

[cassandra-j]

Bonjour,

Je pense sincèrement que comme votre collègue a besoin d'aide et que vous pouvez l'aider, faites le.

Cela ne vous coûte rien, et vous rend fière d'avoir aidé un être vivant dans le besoin.

Bonne soirée.

[Aurel]

Bonjour,

Je suis ASS en polyvalence de secteur. Bien que je m'interroge sur les difficultés niveau logement du collègue qui font qu'il est presque à la rue, je vais essayer de rester uniquement centré sur ta question avec quelques précisions sur le Dalo.

La posture d'accompagnement d'un collègue ne me semble pas simple. Elle me pose même question quand aux conséquences dans le travail d'équipe auprès des personnes reçues dans la structure.
Je ne connais pas la législation encadrant les postes d'assistants sociaux du personnel dans les entreprises et collectivités car je ne me suis jamais intéressé à la question. Cependant, ces postes n'ont à mon avis pas été créés sans raison.

Au sein de ma collectivité, les agents sont principalement reçus par les assistants sociaux du personnel. Il peut arriver qu'un agent sur d'autres services soit également reçu (à sa demande ou dans le cadre d'une procédure d'expulsion par un(e) ASS de secteur sur la commune où il habite) mais c'est à la marge, l'accompagnement par l'ASS du personnel est la norme.
Pour autant, il est absolument hors de question que je reçoive un(e) de mes collègues. Les enjeux et conséquences dans notre travail sont bien trop grands selon moi pour assurer que l'on puisse continuer par la suite à effectuer nos missions de façon cohérente et adaptée. Lorsque la question a pu se poser en secteur, ce sont les responsables qui ont gérés directement.

Concernant le Dalo, la loi permet normalement aux personnes de remplir directement la demande. Il n'y a pas forcément besoin d'un(e) ASS pour le faire. Un écrivain public, un proche (famille/ami) peut potentiellement l'aider à comprendre le dispositif/remplir le dossier si la personne n'est pas en mesure de le faire seule.

Après oui, l'orientation vers le secteur peut être envisagée. Maintenant si Mr a juste besoin de remplir le dossier, pas sûr qu'il ne soit pas simplement orienté vers un écrivain public en fonction de la personne en face.

[SORAYA]

Quel conflit d'intérêt ? Je suis dans la même situation que toi, seul travailleur social, il m'est arrivé d'aider des collègues de travail pour des problèmes de logement, d'accès aux droits. Je suis très heureuse de la confiance qu'ils m'accordent en venant me voir.

[Alma]

Bonjour,

Johanna, je pense qu'une orientation vers le secteur est une bonne idée. Mais, comme le dit justement Aurel, il n'y a pas d'AS du personnel au sein de l'asso dans laquelle tu travailles ? Et ce serait effectivement beaucoup plus simple à gérer (je parle de ton questionnement).

Cette situation n'est certes pas facile, mais je m'interroge sur ceux et celles qui répondent qu'ils ne voient pas le problème... Donner des conseils à ses collègues, les mettre au courant de leurs droits et des dispositifs existants est une chose. Faire des démarches avec eux en est une autre. Ce ne sont pas des usagers, mais des collègues. La notion de distance professionnelle ne semble pas parler à certains !

Cassandra, cela ne nous coûte rien d'aider une personne dans le besoin, mais c'est un peu plus compliqué que ça. Et, le fait "d'être fière d'aider un être vivant", que dire..., j'estime que notre travail va au-delà de cela !!! Votre raisonnement est un peu simpliste, et j'aimerai bien savoir si vous êtes travailleur social.

Soraya, "Quel conflit d'intérêt ?", et bien...ce n'est pas une question de confiance donnée mais, je me répète de notions de distance professionnelle, de posture et de pratique pro, d'éthique et de déontologie, tout ces "choses" abordées en formation et qui devraient nous questionner tout au long de notre carrière !

Bref, je trouve le questionnement de Johanna sain, et la réponse d'Aurel donne des pistes.

[SORAYA]

Je reçois mes collègues de travail comme n'importe quel autre usager. Quand ils entrent dans mon bureau, ils deviennent des usagers. j'ai bien en tête toutes les valeurs,les principes de notre métier et notamment le secret professionnel. Je te l'accorde, la distance professionnelle est un peu plus délicate mais est-ce que ce n'est pas aussi le cas pour certaines situations qui nous touchent particulièrement ?

[Alma]

Pour moi ce n'est pas la même chose... Mon questionnement ne porte pas sur "doit-on le faire ou pas" mais plutôt sur le fait de ne pas réfléchir en amont à ce que cela implique et accompagner ses collègues sans se poser de questions !
Si certain(e)s d'entre nous sont au clair avec ça, très bien, mais Johanna qui pose la question de départ ne semble pas trouver cela comme "allant de soi" et je suis d'accord avec elle.
Pour moi, répondre "quel conflit d'intérêt" c'est se voiler la face. Les réponses sont abordées du côté du TS qui va "aider dans sa grande bonté" le pauvre collègue qui a des problèmes !!! Mais mettons-nous aussi à la place de ce fameux collègue qui va devoir continuer à travailler avec quelqu'un qui sera donc au courant d'une partie de sa vie qu'il n'aurait peut-être pas abordé en détails en temps normal...
Et effectivement il m'est déjà arrivé d'être "en difficulté" par rapport à la notion de distance pro avec un usager, cela m'a posé question et j'ai pu en discuter en équipe !

[SORAYA]

le collègue de travail vient me voir de son plein gré, c'est lui qui me sollicite et je pense qu'il DOIT réfléchir longuement avant de venir me voir, j'imagine qu'il a pesé le pour et le contre. Si on devait suivre ton raisonnement, le service social d'entreprise n'a pas lieu d'être.

[Alma]

En service social d'entreprise on ne travaille pas au quotidien avec les salariés de l'entreprise. De mon expérience dans ce secteur spécifique, mon bureau était à l'écart, au moins pour une question de confidentialité à l'égard des autres collègues qui n'étaient pas censés savoir qui venait me voir. De plus, mon travail était d'être ASS du personnel donc avec des missions spécifiques à ce secteur...

[SORAYA]

parce que tu penses que je reçois mes collègues de travail dans une salle, ou je ne sais où. Comme toi j'ai un bureau, il est à l'écart et je suis la seule à l'utiliser.