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La parole des professeurs fait-elle encore autorité ?

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lesocial
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La parole des professeurs fait-elle encore autorité ?

Message non lu par lesocial » 04 nov. 2020 08:55

L’effroyable assassinat de Samuel Paty peut conduire à penser que la parole professorale ne fait plus autorité dans certaines situations où les professeurs enseignent des savoirs figurant dans les programmes scolaires, mais contestés par une partie du corps social. Quelles sont les…

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chamce
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Re: La parole des professeurs fait-elle encore autorité ?

Message non lu par chamce » 04 nov. 2020 21:57

"" Ainsi il ressort de cette étude que la Finlande est un des pays au monde où les inégalités sont les mieux corrigés par l’éducation, où les différences de compétences entre garçons et filles sont les plus faibles et où les élèves ont un sentiment d’eux-mêmes très positif par rapport aux apprentissages. (...)

La Finlande a sans conteste choisi la première solution (l'élève est au centre du système scolaire). Il semble même que ce soit une fine et profonde analyse des besoins réels de chaque élève qui soit à la base de l’étonnant succès du système patiemment élaboré en 30 ans de réforme dans ce pays.

L’idée qu’un élève heureux, épanoui, libre de se développer à son rythme, acquerra plus aisément les savoirs fondamentaux n’a rien là-bas d’une utopie de pédagogue illuminé : c’est tout simplement ce qui oriente l’action de tous : état, municipalités, chefs d’établissement, professeurs… La Finlande respecte profondément les savoirs, mais elle respecte encore plus les individus à qui elle veut les faire acquérir. Et cela ne passe pas là bas pour un idéalisme débridé, mais pour le plus élémentaire pragmatisme. M. X, proviseur du lycée Niinivaara de Joensuu, a fait sa devise de la formule qui résume cette philosophie: « chaque élève est important ».

*** Un environnement chaleureux et accueillant

L’élève doit se sentir à l’école « comme chez lui ». Tout hiatus entre l’école et la maison doit être autant que possible gommé. Le cadre de vie est conçu pour favoriser cette continuité : l’école est un lieu de vie où les espaces de travail sont vastes (65m² par classe dans le nouveau collège en construction à Joensuu) et où de confortables endroits sont prévus pour le repos. Les élèves vaquent dans des couloirs aux couleurs chaudes et souvent décorés de travaux d’élèves, sans hâte et sans bousculades. Pas de dégradations : les locaux sont propres et respectés comme un deuxième chez soi. Il semble qu’il ne viendrait même pas à l’esprit des élèves de taguer, de souiller, de détruire.

La taille modeste des établissements (300 à 400 élèves pour un collège; 400 à 500 pour un lycée) crée une atmosphère de proximité et permet au principal ou au proviseur de connaître personnellement tous ses élèves

Quant aux relations entre les professeurs et les élèves, elles sont empreintes elles aussi d’une grande familiarité qui n’exclut aucunement le respect mutuel. Du jardin d’enfant au lycée, les professeurs sont accessibles, disponibles, attentifs. Une jeune élève allemande du lycée de Niinivaara, venue passer une année dans le cadre d’un échange international, raconte qu’elle avait un jour téléphoné à un professeur sur son portable pour obtenir des éclaircissements sur un point du programme. Assez intimidée, elle craignait la réaction de l’enseignant. Mais celui-ci s’était montré, à sa grande surprise, enchanté de pouvoir lui rendre service. Tout le monde, ajoute-t-elle, est ouvert et positif. Les professeurs cherchent à aider les élèves à apprendre. C’est extrêmement chaleureux et amical ».

Aussi tous les élèves avec qui j’ai pu échanger, disent-ils aimer leur école, même s’ils sont en délicatesse avec telle ou telle matière

Un des critères que le lycée de Niinivaara fait entrer dans son auto-évaluation est le sentiment qu’ont les élèves de pouvoir être eux-mêmes en toute circonstance! De fait on est frappé en circulant dans les établissements par la grande décontraction (y compris vestimentaire) et la liberté de mouvement des élèves qui n’exclut d’ailleurs nullement une surprenante auto-discipline.

Il semble que les vols soient inconnus: les élèves déposent sans crainte leur vêtement dans un vestiaire en libre accès dans le hall de tout établissement. Les vélos sont également déposés sans anti-vol dans les emplacements prévus.

En cours les professeurs ont un seuil de tolérance élevé par rapport à de petits écarts qui entraînent souvent en France des sanctions immédiates: cours de maths au collège de Juhanala – un portable sonne. C’est tout juste si l’on entend le professeur rappeler l’élève à l’ordre par un petit clappement de langue réprobateur. L’élève regarde discrètement son sms et tout rentre dans l’ordre. Dans le même cours une autre élève tresse tranquillement un scoubidou sans s’attirer la moindre remarque: elle ne dérange personne et peut-être cette occupation lui permet-elle de mieux suivre le cours… Alors pourquoi s’en formaliser ?

Certes il existe des sanctions : les élèves perturbateurs peuvent se voir infliger une demi-heure de retenue : ils devront rester tranquilles, sans rien faire, pendant ce temps sous la surveillance d’un professeur. Les chefs d’établissement ont même le droit d’exclure – jusqu’à trois mois – les élèves, mais cette sanction est rarissime et de toute façon assortie de l’obligation d’assurer la continuité de l’enseignement à la maison ! Quant à l’exclusion définitive elle n’est pas envisagée : un père de famille penserait-il à mettre son enfant à la rue ?
(...)

Certes, on connaît en France, depuis longtemps, les méthodes dites « actives ». Mais on ne peut affirmer encore aujourd’hui qu’elles se soient généralisées. Dans la pratique combien observe-t-on de cours magistraux où l’élève passe le plus clair de son temps à copier la leçon ?

La Finlande veut que les élèves accèdent au savoir avec enthousiasme et cela n’est possible qu’en les rendant pleinement acteurs de leur apprentissage. « Le professeur n’est pas là pour tout faire, mais il organise, il aide les élèves à apprendre ».(Mme X, professeur d’anglais).

Ce rôle de guide, bien plus que de « magister » trônant sur ses connaissances, apparaît dans un document de la faculté d’éducation de Joensuu, intitulé « Ce qui fait un bon professeur ». On y constate que si l’on demande au professeur de maîtriser « la structure des connaissances » dans sa discipline, on attend surtout de lui qu’il favorise les apprentissages de ses élèves dans une atmosphère de tolérance et de respect. On lui demande davantage de créer des situations d’apprentissage variées et stimulantes que d’imposer d’autorité un savoir tout-puissant"


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