Un compagnon de lutte et un ami est décédé

[Amel Dahmani]

Bonjour,

Je viens vous annoncer la triste nouvelle du décès d'un de nos camarades et ami. Nous avons longuement lutté ensemble pour la cause des emplois jeunes, et nous vons appris hier la douloureuse nouvelle : Alban s'est donné la mort lundi dernier. Je vous laisse à la suite un mot de son directeur et l'article passé dans le libé d'aujourd"hui. Nous sommes profondément péinés par ce triste événement. Alban tu vas nous manquer...

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Mot du directeur de la maternelle où Alban a travaillé 5 ans, remis à chaque élève :

En mars 1999, Alban entrait dans l'école en tant qu'aide-éducateur. Il a vite su imaginer et créer son rôle auprès des enfants et des enseignants. Sa capacité d'adaptation le faisait entrer avec enthousiasme dans le projet d'école, sa créativité lui permettait de proposer aux enfants des situations d'apprentissage, sa sensibilité le conduisait à adapter sa pédagogie à chaque enfant.
Il a su créer des liens chaleureux avec les familles et être pour nous, au sein de nos classes, un interlocuteur essentiel.
Au printemps 2003, Alban s'est battu pour que la fin des contrats des aides-éducateurs débouche sur des propositions de formation et d'emploi.
Il a tout de même dû partir en mars 2004, et après 5 années passées au service de l'Education Nationale, sans diplôme et dans l'indifférence de l'institution.

Nous venons d'apprendre qu'Alban s'est donné la mort et nous pleurons l'ami, le collègue et le jeune homme sensible qu'il était.
L'ensemble des personnels de l'école.



Texte paru dans Libé, ce jour :

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L'autre jour, l'Ange s'est pendu





lundi 08 novembre 2004 (Liberation - 06:00)


Nous sommes deux institutrices de maternelle en deuil. C'est le deuil d'un collègue et ami que nous subissons, mais aussi celui d'une «certaine idée de la France».

Il va falloir apprendre à vivre avec la douloureuse certitude d'appartenir à un système incapable d'intégrer ses jeunes, qui les rejette, allant jusqu'à nier leur existence.

Il y a cinq ans, Alban, jeune aide-éducateur, débarquait dans notre école.
Au fil des semaines, il a su imaginer et remplir ce tout nouveau rôle auprès des enseignants, des élèves et de leurs familles. Il est devenu l'interlocuteur qui nous manquait, à nous, enseignants, qui n'étions plus seuls face à la classe. Il a su se rendre disponible pour s'occuper avec
finesse et bienveillance des petits groupes d'enfants qui avaient besoin de cette intimité pour progresser. Il a su nous raconter ce qu'il voyait dans les autres classes et concourir ainsi à des échanges fructueux.

Pendant ces cinq années, Alban s'est formé au métier d'enseignant. Il en a connu les joies, les écueils et les difficultés. Et c'est en connaissance de cause qu'il désirait devenir professeur. L'institution l'a-t-elle reçu pour un entretien au cours de ces années ? Non. A-t-il jamais été évalué ?
Non. A-t-on demandé à l'équipe de témoigner de ses capacités ? Non. Pour l'institution, Alban n'existait pas.

Tant pis, Alban gardait espoir : il avait le projet de passer le concours interne puisque sa position d'aide-éducateur le lui permettait. Mais on lui a refusé de concourir : il lui manquait deux mois de travail à l'Education nationale ! Pourtant, Alban avait encore foi dans la justice.
Il s'est battu pour que les contrats d'aide-éducateur débouchent sur des emplois. Au printemps 2003, il a été l'un des fondateurs du Collectif des aides-éducateurs.

Alban était de sa génération : il n'avait pas de culture politique. Il s'est lancé dans l'aventure à corps perdu, sans se protéger des coups. Ses convictions lui donnaient des ailes, il volait. Quand tout a été fini et qu'il a fallu partir sans rien obtenir, Alban ne s'est pas résigné, ses
ailes étaient toujours déployées. Il a continué d'écrire partout, de dénoncer, de rappeler qu'il existait. Il n'a jamais eu de réponse.

L'autre jour, l'Ange s'est pendu. Dans l'espoir d'être enfin entendu. Et nous, nous restons là. La colère nous submerge.

Marie de Villartay et Laurence Kleinberger, Paris

[adele]

bonjour,

tte mes condoleances .
je t'envoie ce poeme il traduira peut etre bcq de choses.



NE PLEURE PAS SI TU M'AIMES


La mort n'est rien
Je suis seulement passé de l'autre côté
Je suis moi et tu es toi
Ce que nous etions l'un pour l'autre, nous le sommes jourjours


Donne moi le nom que tu m'as toujours donné
Parle moi comme tu l'as toujours fait
N'emploie pas un ton different
Ne prend pas un air solannel ou triste
Continue à rire de ce qui nous faisait rire ensemble.........
Pris, souris, pense à moi, prie avec moi



Que mon nom soit prononcé à la maison comme il l'a toujours été
Sans emphase d'aucune sorte, sans une trace d'ombre
La vie signifie toujours ce qu'elle a toujours signifié
Elle est ce qu'elle à toujours été:
Le fil n'est pas coupé
Pourquoi serais-je hors de ta pensée?
Simplement parce que je hors de ta vue?
Je ne suis pas loin, juste de l'autre côté du chemin.......
Tu retrouveras mon coeur, tu en retrouveras les tendresses épurées.
Essuie tes larmes et ne pleure pas si tu m'aimes.


St Augustin


c'est un poeme que j'ai bcq apprecié lorsque j'ai perdue un ami dc je te l'envoie

bizzzzzzzz avc tte mes peines


adele

[Amel Dahmani]

Merci Adèle,

C'est vrai que respecter la mémoire d'Alban, c'est aussi respecter la personne engagée qu'il était, engagé dans son travail comme dans la lutte pour défendre le travail qu'il aimait.
Nous sommes quelques uns du "collectif emploi jeune et après?" à nous réunir demain pour voir ce qu'on peut faire. Vous aurez certainement des nouvelles d'ici peu.

En attendant, je vous joins un texte qu'Alban avait rédigé pendant la grève du printemps 2003 où il était très impliqué :

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Lettre ouverte d'un aide educateur qui aime son travail

Je propose de diffuser cette lettre à tous ceux qui sont concerné par la présence des aides éducateurs dans les écoles.... Je propose aussi à chaque Emploi Jeune de chaque secteur de faire le meme type de lettre pour montrer leur utilitée ! ! !

mercredi 18 juin 2003 - 01:19


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Lettre ouverte adressée à :

Messieurs et Mesdames les gouvernant(e)s de la France. Les professeurs des ecoles, les profs, les directeurs et directrices. Les parents d'élèves. Les syndicats majoritaires. Les inspecteurs de l'Education (bientôt plus) Nationale. Les Maires. Etc.....

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,

La fin du mois de Juin arrive à grands pas, emportant avec elle un mouvement social rarement vu dans notre pays. Certains disent que le mouvement "fait une pause" et reprendra en Septembre, à la rentrée.

Ils oublient sans doute que 76.000 emplois jeunes dont 20.000 aides éducateurs vont perdre leur emploi avec cette fin d'année scolaire.

Je suis aide éducateur dans une école maternelle et je perdrais mon emploi en Mars 2004 mais je continue de me battre pour mes collègues et je me pose toujours des questions quant à l'avenir des écoles sans nous :

*Que vont devenir les bibliothèques scolaires devant le manque de motivation des parents et le manque de temps des enseignants ?

*Que vont devenir les enfants non francophones que les aides éducateurs prennent en petits groupes afin des les familiariser avec la langue Française ? Les réseaux d'orthophonie sont saturés et ne peuvent pas assurer un travail efficace.

*Que vont devenir les enfants en intégration scolaire qui ne peuvent pas être suivis par des auxiliaires d'intégration qui ne sont pas assez nombreux ?

*Y aura-t-il encore des ateliers d'art, de jeux, de musique,etc... ? ? Les enseignants n'ont matériellement pas le temps de préparer et d'animer de tels ateliers spécifiques.

*Comment va fonctionner l'organisation interne des écoles ? Les aides éducateurs assurant les services de récréation, certains remplacement d'enseignants, l'accompagnement de sorties, le fonctionnement de la BCD et des salles informatique, la gestion de spectacles,etc.....

*Que répondrez vous aux parents qui se posent déja des questions sur le manque que notre absence va créer ?

*Que répondrez vous aux enfants qui se sont attachés à nous, qui nous font confiance, et qui vont nous voir partir en plein milieu d'année scolaire ?

Messieurs les dirigeants de NOTRE pays, vous êtes vous seulement posé ces questions avant de tirer un trait définitif sur 76.000 emplois jeunes ?

Votre seule réponse reste la création de 20.000 "assistants d'éducation", des personnes non formées et encore plus dans la précarité que nous.

Alors, soyez sérieux, Messieurs ! ! ! !

Ouvrez les yeux sur la société que vous tentez de gouverner. Essayer de comprendre que les emplois jeunes ont appris à bien faire et à aimer leur travail pendant 5 années et qu'ils sont maintenant écoeurés d'être remerciés et mis au chômage et d'être ainsi encore plus enfoncés dans la précarité.

Notre société bouge, essayez de suivre le mouvement.

Alban, un aide éducateur qui aime son travail

[adele]

je ne rajouterais qu'un mot continuez a vous battre en souvenir de son combat.
je pense qu'il vous regarde de là haut et sera fier de vous.

a bientt


adele

[Laurence Kleinberger]

Chère Amel

Merci d'avoir diffusé la lettre d'Alban.
Je me souviens l'avoir lue, mais je n'en avais pas de copie.
C'est cette lettre qui aurait dû paraitre dans Libé.

[chris]

condoléances
rien à rajouter de plus, ancien aide educ j'ai souvent trouvé des ressources et avis grace à ce forum et à alban en particulier.

[morgane, sa soeur]

merci a tous,

Ma famille et moi vous remercions de vos interventions, nous nous excusons de ne pas vous répondre rapidement, mais en ce moment c'est difficile.
ALBAN nous parlait beaucoup de vous tous avec une affection sincère.
Aujourd'hui j'ai perdu ma moitié mon etre cher, mon exmple de bonté dans ce monde de brute qu'il ne supportait plus...........
nous vous recontacterons mes parents et moi dès que possible.
Continuer le combat est une nécessité, pour la mémoire de mon frère et pour tant d'autres jeunes...........
Nous souhaitons vivement participer de toutes les manières possibles à cette lutte pour dénoncer et punir ce gouvernement qui ferme les yeux, mais les ouvrent le matin, alors que pour "BIBI" ils resteront fermer..
je vous fais parvenir bientot les textes d'ALBAN.
la soeur d'un ange nommé "ALBAN"

[Amel Dahmani]

Merci Morgane pour ton message, je l'adresse à notre liste de diffusion emplois jeunes.

[bolla]

Bonjour,
J'ai été aide éducatrice dans une école primaire pendant cinq ans et mon contrat s'est arreter en juin 2003
je pris de tous coeur avec la famille et je la soutient dans ce moment dificile
Je suis révoltée de voir que le système francais arrive à faire des dégats et ne prend pas en compte le mal être des personnes

A bientôt une aide éducatrice qui est triste

[magalie]

pour Amel
merci pour la diffusion de la lettre d'Alban.
Tout le monde l'a eu entre les mains