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par toto » 09 oct. 2008 18:08
Slyv14
J’ai retrouvé dans ma documentation une fiche de présentation du métier de TISF qui me semble assez complète.
LA FONCTION DE TISF
Généralités
Selon la convention collective, la TISF est reconnue comme travailleur social. Au-delà de l’aide concrète apportée par l’exécution des tâches domestiques, la TISF effectue un travail d’ordre social. Elle intervient dans une famille lorsque le besoin d’un soutien psychologique et éducatif se fait sentir.
Elle a un rôle de prévention, d’éducation, d’animation, d’insertion sociale et professionnelle. Son objectif, à terme, est de rendre la famille autonome.
Motifs de ses interventions dans les familles
Son intervention est généralement motivée par la présence d’enfants dans une famille (présence d’un enfant de moins de 14 ans).
Elle intervient ponctuellement (et parfois durant quelques années) pour répondre à une situation difficile ou de crise comme :
- en cas de grossesse pathologique
- auprès de femmes à leur retour de maternité
- en cas de naissances multiples ou dans les familles nombreuses
- lors d’une séparation
- de plus en plus dans les familles monoparentales (séparations, décès d’un parent)…
- en cas d’absence momentanée (maladie, accident) d’un parent ou d’un enfant
- auprès des malades, notamment des malades en phase terminale
- en cas de surmenage d’un des parents (dépression nerveuse, parents ayant à assumer un enfant handicapé…)
- lors du retour d’un enfant qui a fait l’objet d’un placement
- auprès des familles où apparaissent des problèmes de maltraitance, d’alcoolisme, de toxicomanie, de marginalisation, d’incarcération … Dans ce cas, son action s'inscrit dans le cadre d'un projet de travail social réalisé avec d'autres travailleurs sociaux ou médico-sociaux.
Le public auprès de qui elle intervient est différent selon le prescripteur
- si la prescription est demandée par la CAF, il s’agit plutôt d’une intervention en cas de naissances multiples ou de maladie de la mère
- si la prescription est demandée par une assistante sociale, il s’agit souvent d’une intervention dans une famille en difficulté d’ordre social
Les tâches et responsabilités
Elle apporte aux familles une aide matérielle en assumant les tâches ménagères, les soins, la surveillance des enfants. La liste des tâches qu’elle peut accomplir est longue comme :
la cuisine
le ménage
l’entretien du linge
les courses journalières (en tenant compte du budget de la famille)
les soins au nourrisson et à la mère qui vient d’accoucher si nécessaire
les soins quotidiens à donner aux enfants tels que la toilette, l’habillage,
le suivi des devoirs
l’éveil et les jeux
la tenue du budget familial
etc.
Par son action elle exerce une fonction de Travailleur Social maintenant reconnue car elle joue un rôle pédagogique, éducatif, de soutien psychologique et de socialisation. Ainsi elle peut :
- Accompagner les parents en matière d’éducation des enfants
voir les beaux témoignages de Claudie AUBRIE et de Madame S en fin de dossier
- Rencontrer les enseignants des enfants qu’elle suit …
- Conseiller en matière de budget, d’hygiène (alimentaire, corporelle, propreté des équipements et installations du logement…).
- Aider aux démarches administratives (telles que remplir le dossier d’aide aux allocations logements), accompagner aux ASSEDIC, à l’ANPE, dans un service de la PMI, chez le psychiatre…
- Informer les familles sur le rôle et les services apportés par les autres travailleurs sociaux, elle leur fait connaître les différentes structures du quartier ou du canton (centre de loisirs, permanences des administrations…)
- Inciter les mamans et autres membres de la famille à sortir de chez eux, à participer à des actions collectives dans leur quartier…
Elle contribue ainsi à maintenir ou à rétablir l’équilibre dans les familles où elle intervient, et elle les aide à mieux s’insérer dans leur quartier.
L’EVOLUTION DE LA PROFESSION
De Travailleuse Familiale évoluant dans le cadre du « régime général » la TISF est de plus en plus sollicitée pour intervenir dans le domaine de la « prévention » et de « l’insertion ».
Les familles qu’elle rencontre sont souvent repliées sur elles-mêmes, coupées de leur environnement (crainte du voisinage, maltraitance des enfants…).
Sa mission va consister à essayer de rétablir des règles de fonctionnement au sein des familles.
Elle fait également le lien avec le monde extérieur en amenant les membres de la famille à sortir de chez eux.
On la rencontre également dans de nouveaux champs d’intervention.
Elle ne travaille plus seulement en direction des familles mais également auprès de personnes seules ou en groupe.
Elle peut exercer dorénavant :
- comme maîtresse de maison dans des maisons d’enfants à caractère social, ou en maisons d’hébergement où elle accompagne des toxicomanes…
- dans une association intermédiaire et mandataire où elle participe au recrutement du « personnel à domicile »
- dans le cadre d’actions collectives où elle a un rôle d’animation (animation d’ateliers, organisation de bourses aux vêtements, d’un réseau d’échange et de savoirs…)
- dans un service AEMO (aide éducative en milieu ouvert) : elle effectue des démarches auprès des institutions, anime des groupes de paroles de femmes ou des activités pour groupes d’enfants ou d’adolescents (information/discussion sur des thèmes tels que la maltraitance). Son action vise à la fois les parents et les enfants.
- dans une crèche parentale : elle accueille les enfants, anime les activités, organise les plannings des parents bénévoles, encadre les femmes de ménage, assure la gestion administrative de la crèche
- en SESSAD (Service d’Education et de Soins à Domicile) : elle a pour fonction de prévenir le placement des enfants après jugement des parents par le tribunal pour enfants. Elle intervient auprès des familles en difficulté sur les thèmes de l’aide aux devoirs, du suivi médical et psychologique. (voir le témoignage de Claudie AUBRIE)
LES QUALITES REQUISES
Qualités liées à l’aspect concret d’une partie de ses fonctions, c’est-à-dire avoir le goût pour les tâches ménagères, un grand sens pratique et le sens de l’organisation.
- Qualités humaines :
. facilité de contacts, notamment avec les enfants et les adolescents
. capacité d’écoute
. discrétion et tact : la venue d’une technicienne ISF peut être vécue comme une intrusion dans l’équilibre familial et peut entraîner des réactions agressives. Elle évitera donc de s’imposer d’emblée et respectera le mode de vie de la famille. Une fois acceptée elle amènera très progressivement les changements qu’elle souhaite opérer. La famille ne doit pas se sentir ni jugée ni dépréciée. (voir le témoignage de Claudie AUBRIE)
. respect des différences culturelles, ethniques. La TISF est amenée à intervenir dans des familles étrangères dont la manière de vivre peut être différente. Elle doit exercer sa profession sans porter de jugement sur les familles.
- Capacité d’adaptation : chaque famille est différente et les interventions peuvent être de nature très diverses.
- Esprit d’analyse : la TISF doit pouvoir analyser la complexité d’une situation familiale pour intervenir à propos.
- Très bon équilibre physique et moral : elle doit être à même d’apporter un soutien psychologique aux familles.
- Capacité rédactionnelle : les TISF doivent établir des rapports, écrire des synthèses.
- Goût pour le travail en équipe : elles sont amenées à travailler en binôme avec une autre TISF ou une auxiliaire familiale. D’autre part, elle rencontre de plus en plus d’autres travailleurs sociaux dans le cadre de réunions afin que la situation des familles soit abordée de manière concrète.
- Posséder le permis de conduire et un véhicule, indispensable en zone rurale.
3 TEMOIGNAGES CI-APRES
Madame S…Travailleuse familiale témoigne
(Extrait d’un document de l’***** présentant la profession)
«Je suis intervenue dernièrement chez un jeune ménage. La maman, 24 ans, mère au foyer, était très perturbée nerveusement et n’établissait pas de relations avec son enfant (un petit garçon âgé d’un an et demi). Elle le manipulait comme un objet, sans lui parler.
Les premiers jours, j’ai assuré les tâches de ménagères que la maman ne pouvait plus faire : soins à l’enfant et ménage courant, en veillant bien à garder les habitudes de la famille afin de ne pas la perturber davantage.
Progressivement, j’ai appris à la maman à prendre et à toucher avec douceur son enfant, je l’ai incitée à parler et jouer avec lui pour l’éveiller.
Un jour, par exemple, j’ai improvisé un jeu de ballon avec l’enfant. Sa mère est venue y participer, alors je les ai laissés jouer ensemble.
A un autre moment, je discutais avec le couple. Quand l’enfant a voulu participer à la conversation, je me suis tu et j’ai invité les parents à l’écouter et à comprendre ce qu’il voulait exprimer.
Ainsi, d’une journée à l’autre, j’ai fait des tâches différentes, mais dans ma manière de travailler, j’ai toujours essayé de faire naître des occasions pour rapprocher la mère et l’enfant.
Mon rôle a aussi consisté à diminuer l’anxiété de la mère par des paroles d’encouragement, des conseils, en m’abstenant de tout jugement à son égard. Je lui ai laissé entrevoir le côté positif de la situation : l’importance de son rôle au sein de son foyer et le fait que sans elle le bonheur serait impossible pour son fils.
L’Assistante sociale qui m’avait introduite dans cette famille m’avait confié : « depuis que vous êtes là, Madame X…retrouve son équilibre et s’occupe mieux de son fils. Vous avez matériellement et psychologiquement contribué à son rétablissement ».»
Claudie AUBRIL témoigne (Extrait de ASH du 5 juin 1999)
Claudie AUBRIL, travailleuse familiale dans l’Eure, a suivi une famille en grande difficulté pendant quatre ans, dans le cadre d’une décision de justice.
Objectif : éviter le placement des enfants.
Composée d’un jeune couple et de trois enfants (5, 2 et 1 an), cette famille vivait dans un pavillon sans aucun confort et subsistait grâce au RMI. « Les enfants n’étaient ni lavés, ni changés, ni correctement alimentés. Et ils présentaient des troubles comportementaux majeurs : agressivité, absence de langage », raconte la professionnelle.
Les premiers temps, elle trouve la porte close, mais à force de patience, elle parvient à établir une relation de confiance avec les parents. Ce qui lui permet de parer au plus pressé en intervenant directement au niveau de l’alimentation et des soins. Des tâches auxquelles elle va progressivement associer la mère de famille.
Résultat, quatre ans plus tard, les enfants sont correctement soignés et vont à l’école.
En outre, se réjouit la travailleuse familiale, « la maman participe au groupe de réinsertion organisé par les Travailleurs sociaux du canton. Quant au père, il a trouvé un emploi en CDI grâce à une association intermédiaire ». Là aussi, Claudie AUBRIL a joué un rôle essentiel en faisant fonction de « relais » avec les Institutions du secteur : école, service social, PMI, ANPE…
Témoignage d’une bénéficiaire de l’aide d’une TISF
Le témoignage d'Aliye Donmez qui a fait appel à l'A.I.A.D. reflète parfaitement le travail de l'aide d'un professionnel aux personnes à domicile
« A une période de ma vie, je me suis retrouvée seule avec deux enfants de 7 ans et 5 ans et j'attendais des jumelles. J'ai fait appel à une T.I.S.F. pour m'aider avant la naissance des petites. Au moment de l'accouchement j'ai hésité à garder mes petites, l'avenir me paraissait vraiment noir et je croyais que je ne m'en sortirais pas. Mais avec l'aide de la TISF qui venait chaque jour le matin, j'ai pu garder la tête hors de l'eau et avec l'aide de ces personnes le moral est revenu et j'ai accepté les 4 enfants. Aujourd'hui les petites ont trois ans et je suis heureuse d'être entourée par mes 4 enfants et ceci grâce à l'aide de la TISF ».( Source : Le Journal On Line de Saône et Loire du 8/12/2003)
Quelques exemples d’Actions Innovantes ...
Actions collectives, actions innovantes, actions finalisées, les termes sont multiples pour désigner ces projets que mènent les AFAD. Ces projets sont multiples, tout comme les réalités locales dans lesquelles évoluent les AFAD :
Multiplicité des thèmes Ateliers récréatifs, accompagnement scolaire, jardins familiaux, Réseaux d'échanges réciproques de savoirs, etc.
A Alès (Gard), dans le cadre d'un appartement relais réservé aux personnes sortant de l'hôpital psychiatrique, une technicienne de l'intervention sociale et familiale accompagne ces personnes vers l'autonomie et l'intégration sociale.
Ce projet a obtenu le prix Fraternité 2000 délivré par le Ministère de l'Emploi et de la Solidarité.
Multiplicité des durées d'action Certains projets existent depuis 10 ans, d'autres disparaissent au bout d'un an.
A Mulhouse (Bas-Rhin), 6 techniciennes de l'intervention sociale et familiale aident des personnes porteuses du VIH et les accompagnent dans l'accomplissement des gestes de la vie courante. Ce service existe depuis 1993. Ayant fait ses preuves auprès des patients, des partenaires et des organismes financeurs, il bénéficie d'une convention tripartite entre l'AFAD, l'Etat et la Caisse Primaire d'Assurance Maladie, ce qui garantit la continuité de l'action et sa prolongation dans les années à venir.
Multiplicité des partenaires institutionnels ou non, financiers ou non…
A Nancy (Meurthe et Moselle), un appartement a été aménagé au-dessus des locaux de l'association. Les techniciennes de l'intervention sociale et familiale peuvent y amener les familles au cours de leurs interventions. C'est aussi un lieu de socialisation, et d'ouverture au savoir, à la culture et à la santé. En 1999, ce lieu a vu passer 1200 personnes.