La formation des Ouvriers d'ESAT

[donni]

Bjr,

Laet, c'est d'autant plus vrai lorsqu'on organise les formations avec des organismes dits "non spécialisés", en inter entreprises, mélangeant des travailleurs d'ESAT et des salariés d'entreprises!

Car je ne vois pas où s'opère le rapprochement avec le milieu ordinaire lorsqu'on les confie à des organismes dits "spécialisés", ce qui est l'objet du post ...

Quant à Amaury, je ne dirai pas que l'investissement dans la formation doit être au service de la performance de "l'entreprise ESAT". Elle doit, de mon point de vue, être au service de l'amélioration des compétences des travailleurs en vue de l'insertion en mo ! Car l'ESAT, à la différence d'une entreprise, n'a pas vocation à conserver ses meilleures éléments!

Aussi, pour ce qui me concerne, les actions de formation financées par le PAUF sont prioritairement dédiées aux usagers inscrit dans un parcours d'insertion en mo. Et pour cela, il ne me paraît illogique de travailler avec des organismes "classiques" (AFPA, GRETA, etc).

Pour autant, cela dépend des projets d'établissements, et c'est aussi la diversité des points de vue et des organisations qui crée notre richesse!

Salutations,

[Laet]

Re
Je reviens sur un point, un ETS n'a rien à voir avec un Moniteur d'atelier.
Chacun à une fonction bien précise. Et les formations n'ont rien à voir. Pour le deuxième point, le fait de faire intervenir des organismes spécialisés ou non d'ailleurs au lieu de "confier" les formations à un ETS c'est déjà faire un pas vers le milieu ordinaire. C'était dans ce sens qu'allait mon précédant post.
L'ESAT ou je bosse en tant que MA organise des formations en interne ou TH et MA sont ensembles, les formateurs ne sont pas forcements spécialisés milieu du handicap. Les TH font aussi des formations à l’extérieur par le biais des APR ou pas. Pour la VAE nous n'avons pour le moment pas de TH concerné. Mais ça ne devrait plus tarder.

[donni]

Bjr,

"Je reviens sur un point, un ETS n'a rien à voir avec un Moniteur d'atelier."

Vous confondez le diplôme et le poste à mon avis. Je ne saurai que vous conseillez de (re)lire la CCNT66, laquelle indique par exemple que pour être moniteur d'atelier 1ère classe, il faut avoir fait la formation de l'AFPA (MA1ère classe) ou avoir le DEETS. Les ETS occupent ainsi dans de nombreux ESAT des postes de MA.

Et s'agissant des missions des MA, qu'ils soient de 1ère ou 2ème classe, ils doivent bien participer aux actions de soutien destinées aux travailleurs handicapés (cf. CCNT66). Les soutiens professionnels, mission essentielle des ESAT avec la mise au travail (Cf. CASF), qui relèvent de l'éducation gestuelle par exemple, mais également des "leçons pédagogiques" adaptées aux situations de handicap rencontrées (à savoir des "formations" internes), sont bien dévolus aux MA.

Salutations,

[Cedolin]

Bonjour,
Je suis également ETS (promo 1990)apres avoir été en IMPRO ,I.R je suis sur en ESAT,depuis 10 ans en temps que chef d'atelier accueillant une population de sourds et mal entendants.Vous connaissez le taux d'insertion des travailleurs d'ESAT en milieu ordinaire?..- de 1% .. tout est dit...alors même si c'est l'activité que l'on insert dans la milieu du travail ... nous avons besoin d'organismes de formations qui connaissent bien le handicap .La réussite d'une formation c'est 60% la connaissance des populations et 40% le contenu et sa pédagogie la plus pratique possible.
Le travail protege ,ce n'est pas seulement des populations d'handicapés mentaux, c'est aussi des handicapes physiques,aveugles, sourds et malentendants... Il y a bien peu d'organismes professionnels par exemple qui dispose de formateurs techniques qui dispose de la langue des signes!
Nous travaillons avec le CAC FORMATIONS,pour notre part ,qui a mis par exemple ,lors de notre derniere formation qualité RABC en Blanchisserie,un formateur technique RABC maitrisant en plus la langues des signes. sans "organisme spécialisé il n'y aurait pas de formations pour nos ouvriers.

[QUARIN]

Chargé d'insertion en ESAT au sein d'un groupement d'établissements en travail protégé ,nous constatons les mutations du travail protégé ces dernières années: rétrecissement des marchés liés au conditionnement (les marchés asiatiques sont souvent moins chers que nous).. Besoins de proposer de plus en plus de prestations qualifiées à nos clients avec une valeur ajoutée.De l'autre ,nous avons de plus en plus d'ouvriers arrivants avec des capacités (scolaires/acquis professionnels) permettant de professionnaliser nos actions.
En 2013, nos actions de formations vont être autour:
- formation de standardistes TH
- Formation PAO (travaux faits par
des opérateurs T.H
-Formation de Numerisation de
documents.
- Opérateur en salles Blanches
( nous faisons du conditionnement
lié à l'industrie pharmaceutique)
- Formation R.A.B.C (linge à risque
à destination d'ouvriers T.H)
Pouvez vous me donnez conseil d'organismes réalisant ces actions?

Nous privilégions organisme de formation connaissant bien le milieu
et la population handicapé (supports adaptés,pédagogie pratique) avec des intervenants diplômés (Educateurs techniques spécialisés ou équivalents). merci de nous faire part de vos contacts et recommandations .amities Pierre

[Karim]

Donni,je ne sais pas si tu travail dans le secteur protégé,mais il y a des réalites en 2012!L'economique et oui ,comme toute entreprise.Je suis ETS aussi et moniteur principal en ESAT,en region Lyonnaise: Nous avons à la fois une population vieillissante avec une necessité de postes assis. Et de l'autre côté de moins en moins de travaux de conditionnement,ou alors qui ne rapporte strictement rien.Quoi de plus terrible pour un atelier que de rester des journées entieres sans boulot! Nous nous bougeons pas mal, essayons de trouver de nouveaux marchés novateurs et nous investissons nous aussi dans la formation,pour former nos ouvriers à de nouvelles techniques: Travaux de numerisation,
conditionnement pharmaceutique, Traitement grace à notre nouvelle blanchisserie de linge à risques...
L'economique est là!Nos ouvriers n'iront jamais à l'extérieur en entreprise du fait de leurs capacités et de leurs handicaps: Nous avons eu 3 ouvriers en 10 ans ,que nous avons pu mettre en mise à disposition. la moyenne d'age de nos TH est de 49 ans. Tu connais le % d'insertion des T.H en milieu ordinaire? 0,6%... tout est dit...
et oui..nous investissons avec notre budget commercial pour creer de nouvelles activites,dans notre entreprise ESAT: ce sont les realites de toute entreprise en 2012! cordialement Karim

[donni]

Bjr Karim,

Je vous confirme que je travaille dans le secteur protégé puisque je dirige des ESAT depuis 10 ans. Et je ne pense pas être un homme du passé, mais parfaitement ancré dans les réalités de 2012.

Je ne vois pas en quoi mes précédents posts vous laisse à penser que je néglige l'aspect économique. Pour autant, un ESAT n'est pas une entreprise, mais un établissement médico-social (relisez la loi 2005-102 et le CASF si vous en doutez).

Quant à l'insertion des TH, si vous ne croyez plus en cet objectif, c'est bien dommage ! Nous avons également un public vieillissant, nos travailleurs ont des capacités limitées ce qui fait, tout comme vous, qu'ils nous ont été orientés, et pour autant, près de 15% de nos effectifs sont en mises à disposition et nous réalisons des insertions en milieu ordinaire tous les ans, alors que nous sommes implantés dans un territoire bien moins industrialisés et dynamique que Rhône Alpes !

Enfin, concernant la formation, dans la mesure où vous êtes en train de vous orienter vers de nouvelles activités, il est bien entendu normal d'investir massivement sur la formation en mobilisant le BAPC. Mais ne faites pas d'une situation conjoncturelle (changement d'activités) une réalité structurelle ! Ou alors, si vous changez d'activités tout les 4 matins, c'est que vous vous êtes planté de stratégie !

In fine, le sens de mes précédents posts étaient simplement de préciser un objectif essentiel de nos établissements (et non entreprises !), à savoir l'insertion en mo, et l'une de nos missions principales, à savoir la mise en oeuvre de soutien professionnel. La formation professionnelle ne doit, de mon point de vue, n'être qu'un complément à ces soutiens, et non les remplacer.

Et puisque vous parlez "économique", vous avez dû, comme je le précisais précédemment, faire le calcul entre recruter des ETS pour mettre en oeuvre ces soutiens, ou avoir recours à des organismes extérieurs pour des actions de formation. Vu l'écart, pour moi, y'a pas photo. Mais chacun est libre d'investir comme il l'entend!

Salutations,

[carine]

alors là, pas la peine de se fatiguer : donni est ni plus ni moins que directeur d'ESAT! (au fait, on est pas sur le forum MA???)
15% de l'effectif en mise à disposition...Vu ce que côute une heure de TH, pas trop dur? Notre pourcentage avoisine le vôtre... Par contre, vous ne dites pas un mot sur le nombre de TH insérés réellement (donc recrutés par les entreprises, avec un Vrai salaire et des vrais droits...)
Je plains vos MA et ETS...Chez vous, combien d'ETS dans les MA? Combien de personnel réellement formé? Vous seriez bien un des rares en France à n'employer que des ETS...(à moins que vous soyez dans le public?) Nous demander de tout faire est abhérent : notre job (qui se complexifie), celui de formateur, et pourquoi pas les suivis sociaux tant qu'on y est??? comme ça plus besoin des collègues des foyers et des samsah...

[donni]

Bjr Carine,

Au même titre que certains MA, ES, etc viennent sur le forum directeur pour solliciter des avis, ou en donner, l'inverse ne me paraît pas impromptu. Par ailleurs, je m'intéresse aux questions que se posent les MA, et aux réponses qui y sont faites, ce qui me permet de rester attentif aux préoccupations, positions de ce qui constitue le coeur de métier de l'établissement que je dirige. Enfin, Internet est un espace de ... liberté, donc je suis libre d'aller où bon me semble, tout comme vous.

S'agissant de votre remarque "vu ce que coûte une heure de TH, pas trop dur?" que voulez-vous dire ? Et que savez-vous de ce que coûte une heure de TH dans mon établissement et de la facturation des TH en MAD ? Que savez-vous des moyens d'accompagnement que nous mettons en oeuvre et finançons sur notre BAPC pour ces usagers en MAD, favoriser leur autonomie (transports, ...) en vue de leur insertion ?

S'agissant des insertions, elles se développent désormais (3 à 5 / an) parce qu'il y a une impulsion dans le cadre des orientations institutionnelles et des moyens qui y sont alloués.
Partant de zéro depuis des décennies, on a en effet pas de mal à faire mieux. Et ces insertions ne sont qu'un début, je l'espère.

Quant au rôle des MA, je vous invite à relire les référentiels, métiers, compétences et formations. Et tout dépend du taux d'encadrement. Il est certain que dans les ESAT où il y a 1 seul MA pour 20 usagers (on trouve malheureusement parfois cette situation dans les ateliers de sous-traitance), je vous rejoins, on ne peut pas tout leur demander. Quand le taux d'encadrement est d'un pour 10, il me semble que le MA a les moyens de remplir l'ensemble de ses missions, et notamment la mise en oeuvre de soutien professionnel.

Dans notre établissement, 30% des MA sont de formation ETS, MA1 (ou autres de même niveau). Tous les MA sont en tout état de cause obligatoirement formés à leur métier (approche du handicap ; rôle du MA ; élaboration, mise en oeuvre et évaluation des projets personnalisés).

Quant aux suivis sociaux, tous les usagers ne sont pas obligatoirement suivis par un SAVS, SAMSAH ou hébergés en Foyer. Nous disposons d'un service médico-social adhoc qui réalise ce type d'accompagnement pour de courtes durées, des besoins ponctuels.

Comme je le disais dans un précédent post, c'est une question de choix : mettre les moyens dans la formation, en payant très chers des organismes extérieurs, ou donner les moyens à ses propres équipes de réaliser leurs missions (formation des MA, taux d'encadrement, ...).

Les 2 relèvent de choix de direction, et sont critiquables, et acceptables. L'objet d'un forum, me semble-t-il, est d'en débattre, d'échanger des points de vue. C'est ce que je fais, sans dénigrer l'autre au regard de sa fonction.

Salutations,

[carine]

Bonjour Doni,

Je dis simplement qu'il est logique que vous n'ayez pas le même point de vue!
Je remarque aussi que depuis que vous avez donné votre "fonction", cette discussion s'est arrêtée...c'est bien dommage...
Je remarque que d'après ce que vous dites, seuls 30% de vos MA sont formés...Les autres, formés comment? Une semaine par an (et encore, la plupart du temps) Et vous voulez qu'ils forment les TH... Intéressant comme point de vue...3 à 5 insertion par an, c'est pas mal à priori...Mais ça dépend du nombre de TH dans votre établissement (50 ou 300?): le pourcentage nous en dirait plus...Quant à être sur ce forum pour "prendre la température des MA", vous vous référez beaucoup au CASF, CC66, et appuyez plutôt votre point de vue comme étant une vérité...Quant à envoyer les TH en formation dans les organismes non spécialisés, celà implique une sélection à l'entrée de l'ESAT (bons niveaux), sinon, ils ne pourraient pas suivre...Le mot "entreprise" au lieu d'ESAT semble vous choquer...Pas de "production", "rentabilité" chez vous? Le commercial n'est pas une préoccupation voire une priorité? Parce qu'on en est tous là, incontournable...Les mots changent, s'éloignent du médico-social et se réfèrent plus désormais à celui de l'entreprise, qu'on le veuille ou non...Etape par étape, décret après décret, on s'en rapproche, je ne vous l'apprends sans doute pas...Vous devez être un gros établissement pour avoir un service dédié aux accompagnements sociaux en interne...Mais le ponctuel et le courte durée ne suffit pas...Nous travaillons avec un foyer et un SAMSAH, ce qui me semble plus que nécessaire pour le bien-être des TH (du moins dans mon secteur : handicap et maladie mentale), et malgré ça, certains souffrent de solitude et d'isolement (petit SAMSAH, pas assez de places). Nos missions sont différentes, et je trouve essentiel de permettre aux TH de séparer leur vie privée de leur vie professionnel, comme n'importe quelle personne. Chacun s'occupe de sa partie, ce qui donne l'équilibre.