Bonjour,
Je publie ici une difficulté que j'ai rencontré sur mon lieu d'emploi.
Je sors tout juste de formation, et en cours de formation, j'ai fais un stage en CHRS avec des logements autonomes dans lequel on accueillait beaucoup de familles et de femmes d'un certain âge. J'ai été très bien formé par l'équipe.
Actuellement, je suis en remplacement depuis deux semaines dans un CHRS qui cette fois propose une vie en collectivité, très différent de mon lieu de stage antérieur, et qui en plus est pour hommes.
Je me rends compte que la distance professionnelle est beaucoup plus difficile à trouver. Je suis jeune, j'ai 23 ans, et il y a beaucoup de personnes accueillies qui ont mon âge ou presque. Et ces jeunes sont un peu intrusif à mon égard, rien de bien méchant, mais ça me questionne.
Ils me demandent des petites choses, du genre, tu as été à quel lycée, etc. Ça a la limite, ça ne me gêne pas. Mais j'ai aussi eu droit à des "tu connais un tel, il a ton âge, je traîne avec machin, tu connais ou pas, tu connais telle boîte de nuit ...". Et je ne sais pas si j'ai bien agi: étant donné que je venais d'arriver, je n'ai pas voulu être brut de pomme et leur répondre "je suis une professionnelle, je n'ai pas à te répondre, je ne suis pas ta copine" donc j'ai plutôt tenter de noyer le poisson en répondant "Ah non je ne connais pas, jamais entendu parler, ..." même si c'était le cas.
J'ai tenté de trouver du soutien au niveau de l'équipe mais tous m'ont répondu brièvement que c'était à moi de trouver la bonne distance. C'est vrai, mais javoue me poser énormément de questions. J'ai même un peu honte de moi et me demande si la réinsertion est vraiment pour moi alors qu'en stage, ça s'était très bien passée.
Des avis ? Des conseils ? Merci d'avance
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CHRS collectif et distance professionnelle
Re: CHRS collectif et distance professionnelle
Bonsoir Sonya,
Je voulais faire un truc court mais je crains que ce ne soit plus long que prévu à lire. J'espère que mes quelques divagations pourront t'être utiles.
Je trouve courageux de ta part d'évoquer tes questionnements, la gêne que tu peux ressentir à l'égard du sentiment d'intrusion que peuvent te renvoyer les questions de certains jeunes.
A mon sens, il n'y a pas à avoir honte d'en parler. Il n'y a pas non plus à avoir honte de ne pas être à l'aise par rapport à un sentiment de gêne, de malaise. Le questionnement quant à la distance professionnelle est plutôt sein, si ce n'est essentiel. Des groupes d'analyse de la pratique existent et ont une réelle légitimité selon moi. Ils permettent notamment de nous amener à prendre du recul et nous questionner quand à notre pratique, nos ressentis, aux fonctionnements institutionnels, etc.
As-tu pu trouver un moment pour échanger avec tes collègues de façon sereine et posée depuis ton post? Certains doivent surement avoir des expériences similaires (pas forcément avec le même public) à partager?
Pour ce qui est de la bonne distance à trouver, comme te l'ont dit tes collègues, tu es la seule à réellement pouvoir la mesurer.
Enfin... oui et non. La distance est liée à l'interaction avec autrui, aux enjeux à la fois humains et institutionnels. Les jeunes ont donc, tout comme toi, tes collègues&responsables, un rôle dans la quête de "bonne distance".
Maintenant admettons que nous sommes des êtres humains (c'est un fait après tout! Enfin c'est ce que l'on m'a mis dans la tête un jour...) et que de ce fait, nous ne sommes à la fois ni parfaits, ni dépourvu d'émotions et de sentiments.
Il n'est pas rare, surtout dans les structures où l'on accompagne des personnes au quotidien, de se retrouver confronté à des questions destabilisantes, pouvant parfois ramener à notre vie privée. Je ne pense pas qu'il y ait une "bonne façon type d'agir" dans ces moments-là.
Il m'est arrivé de donner des infos sur ma vie privée parce que j'estimais qu'elles pouvaient avoir du sens auprès de la personne au regard de notre relation de confiance, que ça ne me mettait pas en difficulté sur le plan personnel et professionnel. J'ai également senti la nécessité de repositionner par moment mon cadre d'intervention en expliquant à certaines personnes que je les rencontre dans un objectif bien préci, que je peux être à leur écoute, partager certaines choses mais que je ne suis pas pour autant un pote ou un ami pouvant tout entendre et accepter.
Il est arrivé à ma direction d'intervenir auprès de personnes que j'accompagne (à ma demande ou à celle des personnnes) pour reposer un cadre d'intervention.
Tout ça pour dire que se positionner en tant que professionnel n'est pas toujours simple. Entre soi, l'équipe et les personnes que l'on accompagne, la posture professionnelle est vouée à une adaptation perpétuelle.
Le questionnement sur soi me semble important à avoir. Pour pouvoir aider l'autre, apprendre à se connaitre a un sens.
A titre purement personnel, je ne suis pas du tout à l"aise avec les personnes âgées en perte d'autonomie. Je serai en difficulté si je devais exercer au quotidien avec ce type de public.
Ce n'est probablement pas le seul type de public avec lequel je serai professionnellement en difficulté. Mais l'expérience m'enrichit et m'amène chaque jour à me connaitre un peu plus.
Mais pour autant, la recherche d'une bonne distance n'a pas à se faire seule. Elle requiert le regard d'autrui, l'échange. Les collègues, la hierarchie ont aussi un rôle à jouer qui n'est pas à négliger.
Tout ça pour simplement te dire qu'identifier la(les) raison(s) pour laquelle les questions de ces jeunes te mettent mal à l'aise est un premier pas. En parler est une étape vers la compréhension, vers la construction de ton identité professionnelle, il n'y a pas à en avoir honte.
Je voulais faire un truc court mais je crains que ce ne soit plus long que prévu à lire. J'espère que mes quelques divagations pourront t'être utiles.
Je trouve courageux de ta part d'évoquer tes questionnements, la gêne que tu peux ressentir à l'égard du sentiment d'intrusion que peuvent te renvoyer les questions de certains jeunes.
A mon sens, il n'y a pas à avoir honte d'en parler. Il n'y a pas non plus à avoir honte de ne pas être à l'aise par rapport à un sentiment de gêne, de malaise. Le questionnement quant à la distance professionnelle est plutôt sein, si ce n'est essentiel. Des groupes d'analyse de la pratique existent et ont une réelle légitimité selon moi. Ils permettent notamment de nous amener à prendre du recul et nous questionner quand à notre pratique, nos ressentis, aux fonctionnements institutionnels, etc.
As-tu pu trouver un moment pour échanger avec tes collègues de façon sereine et posée depuis ton post? Certains doivent surement avoir des expériences similaires (pas forcément avec le même public) à partager?
Pour ce qui est de la bonne distance à trouver, comme te l'ont dit tes collègues, tu es la seule à réellement pouvoir la mesurer.
Enfin... oui et non. La distance est liée à l'interaction avec autrui, aux enjeux à la fois humains et institutionnels. Les jeunes ont donc, tout comme toi, tes collègues&responsables, un rôle dans la quête de "bonne distance".
Maintenant admettons que nous sommes des êtres humains (c'est un fait après tout! Enfin c'est ce que l'on m'a mis dans la tête un jour...) et que de ce fait, nous ne sommes à la fois ni parfaits, ni dépourvu d'émotions et de sentiments.
Il n'est pas rare, surtout dans les structures où l'on accompagne des personnes au quotidien, de se retrouver confronté à des questions destabilisantes, pouvant parfois ramener à notre vie privée. Je ne pense pas qu'il y ait une "bonne façon type d'agir" dans ces moments-là.
Il m'est arrivé de donner des infos sur ma vie privée parce que j'estimais qu'elles pouvaient avoir du sens auprès de la personne au regard de notre relation de confiance, que ça ne me mettait pas en difficulté sur le plan personnel et professionnel. J'ai également senti la nécessité de repositionner par moment mon cadre d'intervention en expliquant à certaines personnes que je les rencontre dans un objectif bien préci, que je peux être à leur écoute, partager certaines choses mais que je ne suis pas pour autant un pote ou un ami pouvant tout entendre et accepter.
Il est arrivé à ma direction d'intervenir auprès de personnes que j'accompagne (à ma demande ou à celle des personnnes) pour reposer un cadre d'intervention.
Tout ça pour dire que se positionner en tant que professionnel n'est pas toujours simple. Entre soi, l'équipe et les personnes que l'on accompagne, la posture professionnelle est vouée à une adaptation perpétuelle.
Le questionnement sur soi me semble important à avoir. Pour pouvoir aider l'autre, apprendre à se connaitre a un sens.
A titre purement personnel, je ne suis pas du tout à l"aise avec les personnes âgées en perte d'autonomie. Je serai en difficulté si je devais exercer au quotidien avec ce type de public.
Ce n'est probablement pas le seul type de public avec lequel je serai professionnellement en difficulté. Mais l'expérience m'enrichit et m'amène chaque jour à me connaitre un peu plus.
Mais pour autant, la recherche d'une bonne distance n'a pas à se faire seule. Elle requiert le regard d'autrui, l'échange. Les collègues, la hierarchie ont aussi un rôle à jouer qui n'est pas à négliger.
Tout ça pour simplement te dire qu'identifier la(les) raison(s) pour laquelle les questions de ces jeunes te mettent mal à l'aise est un premier pas. En parler est une étape vers la compréhension, vers la construction de ton identité professionnelle, il n'y a pas à en avoir honte.