Message non lu
par Joachim » 05 août 2015 15:27
Dans l'absolu, les nouvelles technologies finiront par être d'anciennes technologies, et n'auront pas plus de spécificité que la radio, la télévision, le papier, le stylo bille ou encore les téléphones portables.
Quand on parle d'impact, on sous-entend généralement une relation de cause à effet. En plaçant ton sujet de cette manière là, on pourrait penser que les écrans sont susceptibles d'avoir des impacts dans la relation parent-enfant.
En définitive, et n'importe quel service d'addictologie le confirmera, aucun médiateur, que ce soit une substance, un objet ou une pratique dont on abuse, n'est en soit la cause de quoi que ce soit. Il s'agit toujours d'un refuge, d'un comportement défensif vis à vis de souffrances, qui sont elles, responsables de la modifiction des types de relation que nous entretenons.
Les études en psychologie comportementales montrent bien dans quel mesure la conduite addictive ne génère pas à elle seule l'addiction. L'addiction est à proprement parler la rencontre d'un "objet" présentant des caractéristiques particulières et d'une fragilité.
Dans le cas des écrans, ce serait méconnaître l'histoire des technologies que de faire état d'une modification des rapports intra-familiaux. L'écran n'est pas porteur de plus de sens sociologique que les vêtements que l'on porte, ou que les voitures que nous conduisons. Ils se démocratisent, sont véhiculés par des tendances de consommation, et permettent de justifier de sa place dans l'échelle sociale (prétendue ou réelle).
En revanche, la question bien plus fondamentale, et dont les répercussions sont bien plus nombreuses dans les relations (y compris intra-familiales) et parfaitement actuelle (puisque le phénomène est récent), c'est la question de la virtualisation des échanges et des rapports.
Avoir un écran devant les yeux ne dit pas forcément que le jeune s'y investit, il peut être passif, il peut être spectateur, et simplement selectionner des contenus.
Aujourd'hui l'écran ne sert plus de passerelle vers une information, il est le véhicule de notre propre représentativité virtuelle. L'écran chez les jeunes est une fenêtre sur une forme de participation citoyenne alternative, où se mêlent responsabilité et désinvolture. Il est fort possible que cette virtualisation des rapports rendent diffus les contours de ce que nous avons pour principe de poser comme les "rapports réels".
Pour donner un exemple, un jeune adolescent peut tout à la fois être en conflit dans son milieu familial, être en plein apprentissage (difficile) de sa place de pré-adulte, et se définir et s'exprimer virtuellement à une place de pédagogue, d'instructeur-éducateur, en renversant ce rapport de force familial dans ses relations avec d'autres personnes par l'intermédiaire d'Internet.
En revanche, je te déconseillerai de te diriger du côté de la télévision, qui même si elle a beaucoup été étudiée, ne fournit pas en soi, d'éléments pouvant être problématisés.
Les rapports entre télévision et éducation sont de nature coincidentielle.