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Alcool shez les SDF
Alcool shez les SDF
Bonjour,
je travaille dans un centre d'hébergement d'urgence pour personnes SDF (hommes seuls). Comme dans la plupart de ces centre, la consommation d'alcool y est interdit.
J'aimerais savoir si certains connaissent l'expérience inverse et comment cela se passe-t-il. Je souhaite en fait ouvrir le débat sur la possibilité de consommer de l'alcool dans les centres d'hébergement d'urgence.
N'hésiter à appporter votre réflexion.
Olivier
je travaille dans un centre d'hébergement d'urgence pour personnes SDF (hommes seuls). Comme dans la plupart de ces centre, la consommation d'alcool y est interdit.
J'aimerais savoir si certains connaissent l'expérience inverse et comment cela se passe-t-il. Je souhaite en fait ouvrir le débat sur la possibilité de consommer de l'alcool dans les centres d'hébergement d'urgence.
N'hésiter à appporter votre réflexion.
Olivier
Re: Alcool shez les SDF
Difficile d'accepter la consommation d'alcool tout en orientant les personnes vers le soin !
Difficile de se socialiser tout en consommant de l'alcool!
Difficile d'accepter l'alcool et de refuser les autres toxiques !
Difficile de gérer des personnes alcoolisées dans des endroits souvent petits !
Difficile de se socialiser tout en consommant de l'alcool!
Difficile d'accepter l'alcool et de refuser les autres toxiques !
Difficile de gérer des personnes alcoolisées dans des endroits souvent petits !
Re: Alcool shez les SDF
salut !
pas évident de gérer, c'est sûr ; n'empêche je crois que tu as raison de dire que le débat devrait être ouvert.
je bosse dans une Maison Relais ; contexte différent certes, 1,25 ETP (donc pas de présence permanente), mais acceptation de travailler avec les personnes au stade où elles en sont. et ne nous leurrons pas : on oriente rarement vers le soin des personnes qui ont des années d'alcoolisme derrière elles.
Halima, pour info l'alcool n'est pas encore interdit par la loi comme d'autres toxiques, et oui, la consommation d'alcool et ses effets sont très durs à gérer, mais il ne faut pas oublier la personne au milieu.
pas évident de gérer, c'est sûr ; n'empêche je crois que tu as raison de dire que le débat devrait être ouvert.
je bosse dans une Maison Relais ; contexte différent certes, 1,25 ETP (donc pas de présence permanente), mais acceptation de travailler avec les personnes au stade où elles en sont. et ne nous leurrons pas : on oriente rarement vers le soin des personnes qui ont des années d'alcoolisme derrière elles.
Halima, pour info l'alcool n'est pas encore interdit par la loi comme d'autres toxiques, et oui, la consommation d'alcool et ses effets sont très durs à gérer, mais il ne faut pas oublier la personne au milieu.
Re: Alcool shez les SDF
"Difficile d'accepter la consommation d'alcool tout en orientant les personnes vers le soin !"
Ok mais en attendant le soin réel, donc en centre de soins spécialisés, pourquoi devrions nous apporter une frustration en interdisant l'alcool tout en sachant que la personne a besoin de boire et que dans les faits même quand c'est interdit dans les règlements, si la personne a besoin de sa "dose", elle boira même en cachette.
"Difficile de se socialiser tout en consommant de l'alcool!"
Je ne pense pas que la connsommation d'alcool empèche la socialisation en France. L'abus d'alcool et surtout la dépendance à l'alcool contribue fortement à la désocialisation de ces personnes certes. Néanmoins le fait de boire un coup en mageant au repas par exemple n'a jamais empêché les gens de se socialiser. La société française se caractérise entre autres par sa gastronomie et ses alcools notamment (vins, bières,...). Pour autant pouvons-nous dire que l'ensemble des français sont désocialisés? La consommation d'alcool de manière modérée semble à mon sens totalement compatible avec la socialisation.
"Difficile d'accepter l'alcool et de refuser les autres toxiques !"
Les autres toxiques dont tu parles sont les drogues? Non?! A ce sujet je ne vois pourqoui on accepterait les drogues qui sont illégales en France. Et là en effet, je ne trouve pas que ce soit éducatif d'accepter la consommation de produits que la loi refuse. Par contre n'oublions pas que l'alcool n'est pas interdit en France. A ce sujet, avons nous le droit d'interdire quelque chose qui n'est pas interdit? Ne serait-ce pas profiter d'un sentiment de supériorité qui réduise un peu plus la personne à son statut de SDF?
"Difficile de gérer des personnes alcoolisées dans des endroits souvent petits !"
Là je suis d'accord. Généralement les personnes qui sont fortement alccolisées peuvent très ch... à gérer. Mais là ça dépend du fonctionnement des centres. Certains refusent tout état d'ébrieté. Dans le centre où je travaille, on accepte l'état d'ébrieveté uniquement dans le cas où l'on sent que la personne ne va pas faire "exploser" le reste du groupe. Mais là, c'est du fieling et c'est un peu "au petit bonheur la chance". Néanmoins, ce que l'on observe nous (je rappelle que l'alcool y est interdit) c'est que la plupart des gens qui rentrent totalement alcoolisés vont, soit se coucher directement car ils ne tiennent quasi plus sur leurs jambes et donc là pas souci de gestion de la personne, soit il s'agit d'un mode de vie de consommer à longueur de journée, que les personnes ont une résistance tellement grande qu'ils savent respecter le fonctionnement du centre dans lequel il se trouve. Dans notre centre, les cas de violence notamment, dûs à une suralcoolisation des personnes avant d'entrer, sont très rares (2 à 3 fois par an).
Dans ce débat, je ne suis pas pour accepter les orgies d'alcool au sein des centres pouvant en effet générer des gros soucis de violence notamment, mais plus ne pas refuser la consommation d'alcool tout en gardant un discours de prévention face à l'abus et à la dépendance.
Ok mais en attendant le soin réel, donc en centre de soins spécialisés, pourquoi devrions nous apporter une frustration en interdisant l'alcool tout en sachant que la personne a besoin de boire et que dans les faits même quand c'est interdit dans les règlements, si la personne a besoin de sa "dose", elle boira même en cachette.
"Difficile de se socialiser tout en consommant de l'alcool!"
Je ne pense pas que la connsommation d'alcool empèche la socialisation en France. L'abus d'alcool et surtout la dépendance à l'alcool contribue fortement à la désocialisation de ces personnes certes. Néanmoins le fait de boire un coup en mageant au repas par exemple n'a jamais empêché les gens de se socialiser. La société française se caractérise entre autres par sa gastronomie et ses alcools notamment (vins, bières,...). Pour autant pouvons-nous dire que l'ensemble des français sont désocialisés? La consommation d'alcool de manière modérée semble à mon sens totalement compatible avec la socialisation.
"Difficile d'accepter l'alcool et de refuser les autres toxiques !"
Les autres toxiques dont tu parles sont les drogues? Non?! A ce sujet je ne vois pourqoui on accepterait les drogues qui sont illégales en France. Et là en effet, je ne trouve pas que ce soit éducatif d'accepter la consommation de produits que la loi refuse. Par contre n'oublions pas que l'alcool n'est pas interdit en France. A ce sujet, avons nous le droit d'interdire quelque chose qui n'est pas interdit? Ne serait-ce pas profiter d'un sentiment de supériorité qui réduise un peu plus la personne à son statut de SDF?
"Difficile de gérer des personnes alcoolisées dans des endroits souvent petits !"
Là je suis d'accord. Généralement les personnes qui sont fortement alccolisées peuvent très ch... à gérer. Mais là ça dépend du fonctionnement des centres. Certains refusent tout état d'ébrieté. Dans le centre où je travaille, on accepte l'état d'ébrieveté uniquement dans le cas où l'on sent que la personne ne va pas faire "exploser" le reste du groupe. Mais là, c'est du fieling et c'est un peu "au petit bonheur la chance". Néanmoins, ce que l'on observe nous (je rappelle que l'alcool y est interdit) c'est que la plupart des gens qui rentrent totalement alcoolisés vont, soit se coucher directement car ils ne tiennent quasi plus sur leurs jambes et donc là pas souci de gestion de la personne, soit il s'agit d'un mode de vie de consommer à longueur de journée, que les personnes ont une résistance tellement grande qu'ils savent respecter le fonctionnement du centre dans lequel il se trouve. Dans notre centre, les cas de violence notamment, dûs à une suralcoolisation des personnes avant d'entrer, sont très rares (2 à 3 fois par an).
Dans ce débat, je ne suis pas pour accepter les orgies d'alcool au sein des centres pouvant en effet générer des gros soucis de violence notamment, mais plus ne pas refuser la consommation d'alcool tout en gardant un discours de prévention face à l'abus et à la dépendance.
Re: Alcool shez les SDF
Difficile dit halima...difficile pour qui???
difficile pour le sdf qui voit peut-être la dedans le dernier lien social (eh oui moi aussi quand je suis invité à un repas j'amène une bouteille de vin...)...et difficile pour l'éduc qui a besoin de la parole et non du pochtronnage pour reconstruire un lien...
alors ta question olivier est audacieuse et difficile en effet: peut-être tu peux te demander dans quel but et pour qui accepter la conso d'alcool??
difficile pour le sdf qui voit peut-être la dedans le dernier lien social (eh oui moi aussi quand je suis invité à un repas j'amène une bouteille de vin...)...et difficile pour l'éduc qui a besoin de la parole et non du pochtronnage pour reconstruire un lien...
alors ta question olivier est audacieuse et difficile en effet: peut-être tu peux te demander dans quel but et pour qui accepter la conso d'alcool??
Re: Alcool shez les SDF
Effectivement, une personne qui a besoin de boire boiera (même en cachette), comme une personne qui a besoin d'une dose la prendra, cela est valable pour toute substance psychoactive !
Effectivement, dans notre culture française l'alcool a un aspect convivial ... mais seulement pour qui sait boire modérément ! Pour les personnes dépendantes, je maintiens que l'alcool a un aspect désocialisant. Peut-être qu'au lieu d'accepter l'alcool dans les centres d'hébergement d'urgence il serait intéressant de se demander comment occuper le temps qui sert en général à la consommation ou à la recherche d'alcool le reste de la journée et de faire de la prévention quant aux risques encourus.
Effectivement, il est difficile d'orienter une personne qui est alcoolique depuis de nombreuses années vers le soin, cependant ce n'est pas impossible et c'est en partie notre rôle. De plus, la population en centre d'hébergement d'urgence est de + en + jeune et consommatrice de toxiques.
Là où je travaille, l'alcool est également interdit et je trouve intéressant d'en débattre, j'ai cependant une question : En cas de problème dû à une forte consommation d'alcool dans votre structure, type coma éthylique, délirium trémens, ... qui est responsable, votre direction a-t-elle tranché ? Parce que comme toi Olivier, nous fonctionnons au feeling pour l'accueil des personnes en état d'ébriété, mais cela peut avoir un versant dangereux d'accueillir des personnes très alcoolisées. Le choix est limité : les accepter, les laisser alcoolisées dehors (!) ou appeler les pompiers qui ne se déplacent jamais ! Donc nous les accueillons, mais à nos risues et périls.
Effectivement, dans notre culture française l'alcool a un aspect convivial ... mais seulement pour qui sait boire modérément ! Pour les personnes dépendantes, je maintiens que l'alcool a un aspect désocialisant. Peut-être qu'au lieu d'accepter l'alcool dans les centres d'hébergement d'urgence il serait intéressant de se demander comment occuper le temps qui sert en général à la consommation ou à la recherche d'alcool le reste de la journée et de faire de la prévention quant aux risques encourus.
Effectivement, il est difficile d'orienter une personne qui est alcoolique depuis de nombreuses années vers le soin, cependant ce n'est pas impossible et c'est en partie notre rôle. De plus, la population en centre d'hébergement d'urgence est de + en + jeune et consommatrice de toxiques.
Là où je travaille, l'alcool est également interdit et je trouve intéressant d'en débattre, j'ai cependant une question : En cas de problème dû à une forte consommation d'alcool dans votre structure, type coma éthylique, délirium trémens, ... qui est responsable, votre direction a-t-elle tranché ? Parce que comme toi Olivier, nous fonctionnons au feeling pour l'accueil des personnes en état d'ébriété, mais cela peut avoir un versant dangereux d'accueillir des personnes très alcoolisées. Le choix est limité : les accepter, les laisser alcoolisées dehors (!) ou appeler les pompiers qui ne se déplacent jamais ! Donc nous les accueillons, mais à nos risues et périls.
Re: Alcool shez les SDF
Le débat fut donc bref !
Une petite citation à méditer:
"L'alcoolisme ne fait (...) pas partie du syndrôme d'exclusion, même si beaucoup d'exclus boivent et si l'immense majorité des SDF boivent considérablement. L'alcool joue un rôle dans la désinsertion, qu'il y conduise ou qu'il y maintienne ceux qui l'utilisent, mais dans le contexte précis de l'exclusion, boire est avant tout une réponse à la souffrance d'être exclu.
Là où la peur et la honte sont présentes, l'alcool n'est jamais très loin. C'est en effet le produit, qui mieux que beaucoup de psychotropes, est capable de les effacer transitoirement en faisant perdre conscience." ( Jean Maisondieu "la fabrique des exclus" Bayard éditions)
Une petite citation à méditer:
"L'alcoolisme ne fait (...) pas partie du syndrôme d'exclusion, même si beaucoup d'exclus boivent et si l'immense majorité des SDF boivent considérablement. L'alcool joue un rôle dans la désinsertion, qu'il y conduise ou qu'il y maintienne ceux qui l'utilisent, mais dans le contexte précis de l'exclusion, boire est avant tout une réponse à la souffrance d'être exclu.
Là où la peur et la honte sont présentes, l'alcool n'est jamais très loin. C'est en effet le produit, qui mieux que beaucoup de psychotropes, est capable de les effacer transitoirement en faisant perdre conscience." ( Jean Maisondieu "la fabrique des exclus" Bayard éditions)
Re: Alcool shez les SDF
Halima, personne n'a nié l'effet désocialisant de l'alcool.
alors pour poursuivre, légalement, sur mon lieu de travail nous sommes logeurs, donc pas responsables ; de plus nous avons la chance d'avoir une Direction qui prend elle ses responsabilités.
de plus, je dois tirer un chapeau à la majorité des pompiers, ambulanciers et autres médecins qui interviennent : ils se déplacent, sont curieux de comprendre notre fonctionnement et nous expliquent les meilleures marches à suivre. j'essaie d'oublier les qqs nases qui râlent de se déplacer pour nos "poivrots"...
oui, je me répète, c'est loin d'être aisé comme positionnement que d'accueillir des personnes alcooliques, pas plus que des personnes malades psychiquement qui ne prennent pas toujours leur traitement.
mais ça oblige à travailler sans cesse nos pratiques, nos représentations, et à ne pas oublier de réfléchir à l'accueil de ceux qui ne rentrent dans aucune case...
alors pour poursuivre, légalement, sur mon lieu de travail nous sommes logeurs, donc pas responsables ; de plus nous avons la chance d'avoir une Direction qui prend elle ses responsabilités.
de plus, je dois tirer un chapeau à la majorité des pompiers, ambulanciers et autres médecins qui interviennent : ils se déplacent, sont curieux de comprendre notre fonctionnement et nous expliquent les meilleures marches à suivre. j'essaie d'oublier les qqs nases qui râlent de se déplacer pour nos "poivrots"...
oui, je me répète, c'est loin d'être aisé comme positionnement que d'accueillir des personnes alcooliques, pas plus que des personnes malades psychiquement qui ne prennent pas toujours leur traitement.
mais ça oblige à travailler sans cesse nos pratiques, nos représentations, et à ne pas oublier de réfléchir à l'accueil de ceux qui ne rentrent dans aucune case...
Re: Alcool shez les SDF
Bonjour,
qui doit boire??
les éducs ou les résidents ?
En culpabilisant parce qu'on interdit une personne acloolique de boire dans un centre on se dit oui après tout il est malade laissons le boire!!
La question est bonne mais l'intention me fait peur.
je travaille depuis longtemps avec ce public.
LA seule fois où j'autorise quelqu'un à boire dans le centre c'est quand il y a la question du manque. Ce qui entraine les crises d'épilepsie.
Il m'est arrivé de servir la personne un verre de vin étoilée que j'avais confisqué à l'entrée.
franchement en 8 ans çà m'est arrivé 4 fois!
Je pense que boire à l'intérieur est une donnée difficile pour pouvoir travailler avec eux.
Problème de collectif (au centre 40 personnes). On travaille avec des alcooliques et des toxicomanes. Le seul jugement qu'on fait à l'entrée c'est grossomodo si la personne arrive à se gérer par rapport aux autres. Cela se fait par "feeling" ou par la lanterne de l'expérience. Des fois on se plante, mais on est payer pour çà.(mal payé d'ailleurs!
).
Mais d'accord avec toi quand tu dis qu'il faut se renseigner sur d'autres pratiques.
yann
qui doit boire??
les éducs ou les résidents ?
En culpabilisant parce qu'on interdit une personne acloolique de boire dans un centre on se dit oui après tout il est malade laissons le boire!!
La question est bonne mais l'intention me fait peur.
je travaille depuis longtemps avec ce public.
LA seule fois où j'autorise quelqu'un à boire dans le centre c'est quand il y a la question du manque. Ce qui entraine les crises d'épilepsie.
Il m'est arrivé de servir la personne un verre de vin étoilée que j'avais confisqué à l'entrée.
franchement en 8 ans çà m'est arrivé 4 fois!
Je pense que boire à l'intérieur est une donnée difficile pour pouvoir travailler avec eux.
Problème de collectif (au centre 40 personnes). On travaille avec des alcooliques et des toxicomanes. Le seul jugement qu'on fait à l'entrée c'est grossomodo si la personne arrive à se gérer par rapport aux autres. Cela se fait par "feeling" ou par la lanterne de l'expérience. Des fois on se plante, mais on est payer pour çà.(mal payé d'ailleurs!

Mais d'accord avec toi quand tu dis qu'il faut se renseigner sur d'autres pratiques.
yann