Ma situation fera peut-être écho avec ce que d'autres ont vécu...
Je vous expose les faits :
Je suis un homme qui exerce actuellement auprès d'ados en foyer. A la fin de l'été 2018, une jeune d'une quinzaine d'années m'a accusé d'avoir eu des rapports sexuels avec une autre mineur âgée de 17 ans qui nous était confiée. Cette autre mineur avec laquelle j'aurai eu ces fameux rapports étant revenue depuis peu au domicile familial, personne ne lui a laissé la parole pour exprimer ce qu'elle avait à dire quant à ces accusations graves.
La jeune qui a porté ces accusations l'a fait de manière consciente dans le simple but de nuire d'ailleurs elle l'a clairement explicité.
Le plus grave étant que, un certain nombre de mes collègues éducatrices(eurs) sont entrés dans le jeu de cette gamine et se sont retournés contre moi. Ça commence par des petites réunions secrètes et informelles, ça en parle beaucoup un peu partout en exagérant les faits : Il existerait une photo de moi en sous vêtements avec la jeune fille en question (...). Bref, ça prend des proportions pas possibles et moi, je suis confiné au silence et je commence à ne plus dormir, ne plus manger, je suis obsédé par toutes ces personnes qui, tout à coup se mettent à me considérer comme un fou dangereux, un "pointeur" comme les jeunes disent. Je commence à prendre des médicaments tous les jours, d'abord des somnifères...Puis ça ne fonctionne plus alors c'est l'escalade.
Je finis par être reçu par la direction. Là c'est le choc : On me dit entre les lignes que tout est de ma faute, que je n'avais qu'à savoir me protéger moi-même. Il a été dit en réunion de cadres que je suis "un beau mec avec des tatouages qui plaît aux filles" et que je devais m'attendre à avoir ce genre de problèmes. Pendant ce temps là, les adultes qui racontent des saloperies sur mon compte ne sont jamais reçus en entretiens, ne reçoivent jamais de sanctions et on me laisse seul contre tous dans ma souffrance.
Mais j'ai la peau dure alors je décide de remonter la pente et de faire comme si de rien n'était, nous sommes alors en décembre 2018. Pendant plusieurs mois, je fais au quotidien avec une gamine qui continue de raconter des horreurs à mon sujet dans l'indifférence générale, je fais avec ces collègues qui refusent de me dire bonjour voir même d'entrer dans la même pièce que moi. Je vais au travail, mais je ne dors presque plus, je développe des problèmes de santé divers comme des maladies de la peau, des réactions allergiques improbables, des soucis de respiration, des douleurs au cœur quasi permanentes, etc...
Puis à l'été 2019 je décide d'organiser un camp de vacances. J'en suis le responsable, ce n'était pas la première fois. Mais à nouveau le coup de massue tombe : La direction m'oblige à prendre dans mes effectifs la jeune en question qui avait portée ces accusations graves à mon égard. On me laisse sous entendre devant tout le monde au cours d'une réunion que "libre à moi d'abandonner et de refiler le fruit de mon travail au premier venu". On pique ma fierté, alors je pars en camp avec cette jeune. Le séjour est une catastrophe, je me fais insulter en permanence, elle remet sur la table ces horreurs devant tous les autres jeunes mais je garde mon calme et ne réagis pas au grand étonnement de tous. J'en fais seulement un rapport à ma direction.
Mais à mon retour de vacances, je suis manu militari convoqué en entretien par mon N+2, directeur : J'en prends plein la tête : Quel est mon problème avec cette gamine ? Pourquoi je n'arrive pas à travailler avec elle etc etc. La violence ne s'arrête pas là : J'avais négocié une prime qualifiée de prime de mobilité au moment de mon embauche, cette prime m'est immédiatement retirée (170€ bruts) sous prétexte que je refuse de partir travailler à l'autre bout du département après toutes ces histoires.
Mais qui accepterait de partir quand on vous motive en vous disant "Ça vous ferait du bien de travailler avec des gens qui ne vous connaissent pas!"
Comment étais-je sensé prendre cette déclaration ? Un ami proche du patron m'apprendra quelques jours plus tard qu'il a voulu faire un exemple parce que je l'ouvrais trop. J'ai trop cherché à me défendre pendant toute la durée de cet enfer, j'ai trop dit les choses et que c'est pour cela qu'il m'a retiré cette fameuse prime. Evidemment tout ça n'arrange en rien mon état psychologique qui est alors catastrophique.
Je finis à bout de forces par demander une rupture conventionnelle qui m'est évidemment refusée car "Je n'ai qu'à démissionner si je veux partir".
Aujourd'hui, je suis en arrêt de travail pour dépression depuis la mi décembre. Je suis chargé d'anxiolytiques et d'AD dans un cocktail de somnifères. Je fais des crises d'angoisse carabinées et je vous passe les autres détails. C'est un enfer dans lequel je suis pris au piège, ne pouvant démissionner car sous crédit immobilier, j'ai besoin de mes allocations chômage pour faire autre chose, changer de vie, de formation car le métier m'a tué, presque dans tous les sens du terme car je pense de plus en plus souvent à en finir pour ne plus avoir de compte à rendre à ce monde d'ordures.
Le pire dans tout ça, c'est l'indifférence générale, le caractère banal qu'on donne au mal que les gens se font entre eux. Finalement ce métier que j'aime depuis des années aura eu raison de moi, surtout les adultes qui y opèrent. Sachez dans tout ça que je ne dis pas tout, vous avez seulement les grandes lignes, j'avais besoin de le dire car je ne sais plus du tout quoi faire.
