
A l'aube de l'obtention de mon diplome d'ES, je me suis engagée dans un contrat au sein d'un dispositif d'hébergement pérenne accueillant de grands marginaux, autant hommes que femmes. Ce dispositif expérimental prône un accompagnement souple où les personnes accueillis ont possibilité d'héberger et inviter des personnes extérieures au dispositif. Le plus souvent ces invités sont également des personnes en situation d'errance ayant eu plusieurs parcours de rupture dans les structures d'hébergement classique (HU, CHRS...). Ils sont donc systématiquement sur le lieu d'hébergement et peuvent poser plusieurs problèmes qui déstabilisent la vie collective pour le public accueilli mais aussi pour l'équipe (trafic de drogue, prostitution...). Dans les cas où ces personnes invitées mettent en danger une personne accueillie ou une membre de l'équipe, cet invité est exclu définitivement du dispositif. Il n'a donc plus l'autorisation d'entrer au sein de la structure mais cette "règle semble avoir des limites. Dans le cadre du développement de l'autonomie des personnes que nous accompagnons, nous ne pouvons entrer chez eux pour vérifier qui y est ou faire la police constamment pour déloger ces personnes exclues. Cependant, fidèles à leurs amis "de la rue", les personnes que nous accompagnons dérogent à cette règle et nous n'avons plus de pouvoir sur cette situation.
En ce moment et en cette période estivale, beaucoup d'invités sont présents sur le dispositif dont certains exclus. Il y a quelques jours, deux invités ont été en conflit. L'un d'entre eux a agressé l'autre (vol de papiers, d'argent, de drogue...). Cependant, la victime ne souhaite porter plainte et préfère régler cette situation seul, sous forme de vengeance et sous l'influence d'idées noires (utilisation d'un couteau) et cela malgré la dissuasion de l'équipe. L'agresseur s'introduit toujours dans la structure et nous sommes systématiquement en hyper vigilance, sachant que c'est un lieu commun entre les deux. L'équipe n'a pas de lieu particulier avec l'agresseur qui se permet des remarques sexistes, est souvent menaçant et provocateur.
Je me sent en difficulté dans cette situation qui ne redescend pas en pression et où nous sommes simplement dans l'attente de ce règlement de compte car nous ne trouvons de pas solution.
Appeler la police détruirait le lien de confiance avec certaines personnes accueillies.
Nos discussions avec les personnes concernées ne permettent pas de dissuader ou calmer les tensions.
L'équipe se sent de moins en moins en sécurité notamment lorsque l'on travaille seul.
Je suis preneuse de toutes hypothèses, conseils, remarques nous permettant de délier cette situation car nous avons du mal à prendre du recul.
Merci à vous.
Bonne journée