envie de tout arrêter..

[Manon]

Il n' y a pas grand monde dans cette période de vacances mais j'avais envie d'évoquer mon questionnement.


Je suis AS depuis 2010, et j'ai envie de tout arrêter.
Je crois que je n'ai plus envie d'être AS.
Je suis fatiguée, épuisée, plus d'énergie....
J'ai bossé dans 3 structures différentes depuis 2010 :
- CHRS exclusion sociale
-Centres de soins
- et là je bosse en tant que référent RSA dans un CCAS


Je ne me sens plus d'aider les personnes en difficulté, je ne supporte plus les plaintes, l'agressivité des personnes qui pensent que tout leur est dû, j'ai parfois l'impression d'assister les personnes, d'être un tiroir caisse ! Dans les structures où j'ai bossé, je ne me suis pas vraiment épanouie, à part au début et après je prends conscience de certaines choses : manipulation de certains collègues, hypocrisie, harcélement moral, mensonges aux entretiens, mauvaise ambiance....Dans la 2ème structure, j'ai vécu des choses très difficiles moralement. J'ai réussi à me battre, à me relever, et à trouver un autre poste d'AS, 2 mois après. Je suis consciente de mes compétences et capacités, mais là j'ai l'impression d'être à bout.
.

J'ai pensé partir à l'étranger quelques mois, histoire de prendre du recul, mais à mon retour, il faudra sans doute que je me remotive. Je ne sais pas du tout auprès de quel public j'ai envie d'exercer, je suis perdue. Je voudrais tellement avancer. C'est difficile pour moi car j'essaie de me poser les bonnes questions et d'y repondre par moi-même mais je n'y arrive pas. Je ne cherche pas qu'on y réponde à ma place. Je cherche à échanger. Avez-vous deja rencontré ce sentiment de lassitude, de fatigue morale et physique dans votre travail ? Quelqu'un a-t-il deja pensé à une reconversion ?

Merci d'avance pour vos réponses.

[Natacha]

Coucou Manon,

Effectivement, en 3ème année, j'ai éprouvé ce questionnement concernant ma réèlle motivation, est-ce que je suis faite pour ce métier, les désillusions sur le terrain car comme partout, même en travail social, on est dans le monde du travail. On est dans l'angoisse du DE, la pression du terrain. est-ce que c'est seulement l'épuisement du fait d'allier DE et terrain? ce qui se comprendrait en 3è année car c'est une année difficile. Lors de tes stages, t'épanouissais-tu lors des entretiens, travail d'équipe, le fait d'être un soutien essentiel pour la personne fragilisée et vulnérable? Tu aimes échanger : en as tu parlé avec d'autres collègues de promo, formateurs, tuteurs de stage, tes proches?

[Prune]

Bonjour Manon,
Ton message m'a interpellé car je traverse également cette phase de doute et de questionnement. Je suis jeune assistante sociale également et je suis confrontée au décalage entre mes attentes et la réalité du terrain. Je ne m’épanouis pas dans mon travail que ce soit dans les relations aux usagers ou dans la manière dont l'institution nous permet de travailler. Mes collègues pensent que c'est le lieu de travail qui est propice à ce genre de questionnements mais au delà de ça, c'est plus que je n'ai même pas l'impression d'être légitime dans mon action du fait de mon manque d'envie .
Je songe très sérieusement à me reconvertir dès maintenant.

Si tu as envie qu'on échange ne serait-ce que pour arriver à y voir plus clair et avancer, je suis prête à en discuter en MP.

[greu]

Natacha je crois que t'as bien compris je crois que manon est déjà en poste!
Sinon manon kan tu étais en formation n'y a t'il pas un lieu de stage qui t' as particulierement plus? N'as tu pas des collègues de boulot ou des amies de formation pour parler de tes ressentis?
Sinon il est vrai que ce métier est difficile et parfois on peut en avoir marre mais l'idée c'est de trouver un moyen de parler, d'évacuer le stress soit avec du sport

[Question]

Bonjour,

Je me permets de participer a ce forum parce que j'ai eu ces mêmes questionnements durant ma troisième année de formation. En effet, pendant mon stage auprès de bénéficiaire du RSA, je me suis rendue compte de la réalité du métier, du travail en équipe, de l'hypocrisie des collègues alors que tu essayes de faire de ton mieux, des plaintes incessantes des usagers sur ce qu'on ne peut pas leur donné ... l'impression certaines fois, que de toute façon en tant que professionnelle tu sers à rien ...

Et puis le Stress du DE, la difficulté de trouver un emploi, la position du "social" dans les priorités en France et la réaction des amis et de la famille sur notre métier ... on m'a même dit que j'encourageais les personnes à rien foutre et à ne pas aller travailler ... bref, en ce moment je suis à la recherche d'un emploi, mais je suis même pas sur de vouloir réellement commencer à travailler, ou à me réorienter tout de suite...

[marie]

bonjour à toutes,

j'ai également vécu la même chose:

1 an de polyvalence à 22 ans, marre des usagers etc etc
1 an éducation nationale, ennui, difficulté à prendre ma place ...donc pendant 2 ans break (vendeuses en pret à porter) puis un jour le travail "intellectuel" me manquait donc
1 an en savs avec personnes handicapées mentales, je commence à m'épanouir un peu plus
depuis 3 ans en entreprise, alors là c'est le top, je m'éclate je suis autonome je comprends le rôle de mon travail car dans un environnement pas social...

en gros à 22 ans je n'étais pas prête pour ce travail (je pense qu'aujourd'hui je serai différente en polyvalence de secteur..)

il faut murir, prendre confiance en soi, je pense qu'on a toute des périodes de doutes...

il faut trouver sa voie, sa strucuture...avec le temps

bon courage!

[elix]

Bonjour Manon,

Oh comme je te comprends, moi aussi j'ai vécu et je "revis" dans cette période ce sentiment d'incertitude, de lassitudes et de doutes sur l'exercice du métier.

as depuis l'âge de 20 ans, ça fait 4 ans que j'exerce maintenant, je commence à lasser!!!

il y a quelques mois, j'ai vécu une petite dépression suite à une surcharge de travail avec 1 semaine d'arrêt maladie.

je ne me vois pas faire autre chose que d'être dans une relation d'aide mais je pense souvent dans quelques années à une reconversation mais dans quoi???

c'est peut être aussi le travail que tu occupe (charge de travail, relations entre colègues, ambiance)qui ne te convient pas...

moi je travaille actuellement dans un centre pour enfants handicapés et je trouve (contrairement à d'autres lieux de travail) que c'est un milieu humain et chaleureux où j'ai réussi à m'épanouir professionnellement (enfin au début!!!)

peut être qu'une petite structure spécialisee te conviendrait plus?

bon courage et ne laisse pas ce boulot te miner ta santé!!!

[sandra]

bonjour
en troisième année moi aussi je me suis retrouvé dans un tel état d'épuisement que je n'arrivais même plus à réfléchir à savoir ce que je voulais c'est un état très angoissant. j'ai fais une coupure d'un an et contrairement à ce que je pensais ça m'a permis de mieux me rapprocher du métier par la suite. durant cette année j'ai pu prendre du recul et mieux me connaitre et repenser les situations de travail vécues difficilement. chaque situation est particuliére mais je dirais que la premiére chose à faire est de se proteger. ca ne sert à rien de s'acharner et se remettre dans des situations difficiles soit on peut se faire aider d'une personne tiers qui aide à prendre du recul et à analyser soit on se retire un temps pour se protéger avant tout et se donner le temps qu'il faut. pour avancer il faut parfois savoir s'arreter sans se projeter trop loin dans le futur.

[Manon]

Merci pour vos messages. Je me rends compte que j'ai exagéré mes propos. Durant mes 3 ans de formation, malgré le stress et la pression, j'ai apprécié mes lieux de stage, je me suis investie dans la formation, dans mes écrits.
Le relationnel me plait réellement.

Je pense qu'il faut que je me repose, et que je prenne du recul sur mon vécu professionnel dans cette structure.


Je ne sais pas trop quoi penser. Peut-être que je ne suis pas faite pour bosser dans cette structure, mais mes précédentes expériences professionnelles me confirment qu'il y a de nombreux dysfonctionnements dans les structures. En tout cas, pour le moment, je n'ai pas trouvé une structure où je me suis épanouie. C'est sans doute cela qui me fatigue : changer de structure, s'adapter de nouveau, signer de nouveau un CDD, ne pas pouvoir se projeter....


Avant d'être AS, j'ai bossé 6 ans dans des structures médico-sociales en tant que faisaint "fonction d'éduc".


Au CCAS où je bosse, ce qui me plait c'est le degré d'autonomie, on est très autonomie, je gère mon planning, comme je le souhaite, et ça c'est agréable, mais ce qui est diffiicle, c'est la surcharge de travail. Nous sommes plusieurs AS, et effectivement, nous faisons le même constat, qu'il y a de plus en plus de stress, de tension, de pression, manque de respect, agressivité, colère des allocataires...Nous avons des files actives bien remplies (entre 130 et 160 personnes par TS). Nous avons de l'analyse des pratiques mais elle n'est pas suffisante au vu des difficultés rencontrées avec le public.

Le CCAS ferme ses portes pour 1 mois. J'espère que cette période de vacances me permettra de réfléchir à ce que je souhaite réellement. Malgré tout, je songe souvent à faire un autre métier ? Je suis très intéressée par les domaines de l'enseignement, du secretariat et de la comptabilité.
Si quelqu'un envisage également de se reconvertir, j'aimerais bien échanger avec des travailleurs sociaux qui se sont reconvertis , quel que soit le domaine.

Merci à vous, et merci pour votre soutien.

[vanilla]

130 à 160 personnes en file active me parait en effet très difficile à gérer! L'équipe devrait en référer de façon collective à l'employeur. Bon courage à toi et bonnes vacances.