Moi non plus. Entre pauvres, on se comprend...
À l'ère du sans contact, où ne manque plus que le papier toilette à ton smartphone — et ça ferait du bien à certains pour leur rappeler à leurs bons souvenirs qu'ils font caca comme tout le monde — ce n'est pas facile d'écrire de l'art sur un morceau de carton en échange d'une petite pièce.
La sonnante, la trébuchante, celle qui tintait et faisait frémir les oreilles de De Funès dans L'Avare de Molière, c'est ce à quoi cela me fait penser : une drôlerie !
Allons bon : l'argent, le flouze, le pognon, le fric, le pèze, la thune, le blé, l'oseille, les ronds, la maille, les galettes, la radée, les artiches, les biftons, les pépettes, bref LES SOUS !
Ce qui rend les gens dingues — enfin, certains — capables d'imaginer des enlèvements de gens proches, voire même d'envoyer un doigt coupé... à la sicilienne ! Mais le code d'honneur en moins, parce que la racaille ne respecte rien.
Pas mieux que tous ces délinquants en col blanc, me direz-vous, et vous aurez probablement raison.
Pas mieux que ceux et celles qui, à distance, appuient sur le bouton — celui des "fins de droits" — ou quand la misère a, elle aussi, sa réglementation.
Pour garder bonne conscience. Pour prétendre être de bonne morale.
Faire économiser 2 ou 3 milliards, dit-on : combien de pertes humaines ?
Des gens fracassés ?
Bon nombre survivront, d'autres se foutront en l'air.
En fait, de combien de suicides sont responsables les conseils départementaux ?
Pas de chiffres de cause à effet ?
Ça ferait tache pour nos élus.
Je répète : NOS élus — qu'ils n'oublient pas qu'ils sont élus — et je ne mets pas tout le monde dans le même panier.
Mais la politique de la sanction, de la radiation, de l'humiliation, la répression exercée pour lutter contre les pauvres — et non contre ce qui génère et entretient la misère — c'est la politique de la honte.
Celle d'un échec collectif.
Celle d'une société qui ne sait pas se regarder en face !
Ces mêmes gens qui se réclament d'avoir droit d'exercer sereinement, dans des conditions de travail où ils doivent se sentir en sécurité (ce qui est normal en soi).
Je me demande simplement : comment font-ils pour aller rejoindre leur petite famille le soir, lorsqu’il a fallu prendre des décisions contre-productives — qui, si elles réalisent quelques économies à court terme — contribuent surtout à bousiller des vies, et génèrent de la souffrance, morale, sociale.
À l'ère du binaire, de la crypto et des IA génératrices de dégénérés qui ne jurent que par "le temps immédiat", celui du gain, toi aussi, tu es incité·e à parier, à jouer ta vie.
Et si tu n'en as pas les moyens, tu te feras simplement rouler dessus.
Enfin, tout ça pour en revenir à l'ère du sans contact.
À l'ère du zéro et du un.
À l'ère des robots — étymologiquement : esclaves.
La France doit s'aligner sur des pays sans valeur, où productivité rime avec destruction environnementale.
Le problème n'est pas le travail en soi.
Le problème, c'est "quel travail", pour ce que tu en as, pour ce que tu en tires, pour ce qu'il reste.
Les misérables, ce ne sont pas ceux qui en subissent les dictats et refusent de se plier à une norme pour une société malade.
Les misérables, ce sont ceux qui ont trop de pouvoir entre les mains et décident du sort d'autrui, le jettent comme un malpropre.
À l'ère du sans contact, cette époque où chacun, dans son coin, cherche son plus beau reflet dans le mirage de nos écrans.
Alors ? Toi aussi, tu veux "personnaliser" ton fil de régie publicitaire sur le web ?
Moi non plus. Entre pauvres, on se comprend...
Texte écrit par Po3m, un être humain radié de ses droits.

Une petite pièce ? Envoie-la moi en zéro et un, des fois que le courant passerait entre nous.
