Trouver un stage, dénicher une alternance, décrocher son premier job ou changer de poste en cours de carrière suppose de passer par la case incontournable de rédaction du CV pour rentrer dans le jeu du recrutement. C’est ce document qui permettra aux candidats de présenter synthétiquement à l’entreprise dans laquelle il postule son « déroulement de la vie », pour reprendre l’étymologie latine du mot curriculum vitae.
De manière concrète, on retrouve dans un CV la formation et les expériences professionnelles qui permettent de faire le lien entre l’offre et la demande sur un marché du travail très concurrentiel. D’autres rubriques doivent également y figurer : la fiche signalétique avec les moyens de contact, une photographie professionnelle, les compétences en langues et informatiques (souvent regroupées), ainsi que… les fameux centres d’intérêt ! Les deux premières rubriques évidemment incontournables, formations et expériences professionnelles, permettent de prouver connaissances et savoir-faire. Mais dans ce duo, il manque une dimension importante pour retenir l’attention, se valoriser et se différencier : le savoir-être ! Or, ce savoir-être est le troisième pilier qui apporte de la cohérence et de la stabilité à la candidature, à l’instar du trépied pour un photographe.
Illustrer les compétences comportementales
Pour valoriser ce savoir-être, nul besoin de lister les « soft skills » (ou « compétences comportementales ») que l’on pense détenir. Il ne s’agit pas d’écrire simplement que vous êtes par exemple organisé, mais bien de le prouver. En ce sens, raconter un projet que vous avez mené en insistant sur les résultats obtenus illustrera les soft skills que vous êtes capable de mobiliser et retiendra donc davantage l’attention du recruteur.
Comme ces expériences peuvent tout aussi bien avoir eu lieu dans un cadre professionnel que personnel, la rubrique « centres d’intérêts » peut lui fournir de précieuses informations qui pourront l’interpeller et servir de base de discussion lors d’un éventuel entretien d’embauche. Plus généralement, « les centres d’intérêt » sont à soigner, car c’est ce qui permet d’identifier ce qui est au cœur même de la personne. Ils expriment ce qui lui importe, ce par quoi elle est concernée, l’attention qu’elle porte à quelqu’un ou à quelque chose. Il ne s’agit pas de rentrer dans l’intime du candidat mais de cerner ses sujets de curiosité, de connaître ses valeurs… et ainsi d’identifier ses « soft skills ».
Aujourd’hui, 62 % des managers se disent prêts à recruter un collaborateur principalement pour ses soft skills ! Il est donc essentiel de ne pas délaisser cette rubrique et de la travailler tout aussi sérieusement que les autres parties du CV, même si elle figure généralement en bas de page.
34 secondes d’attention
Tout d’abord, attention à cette tendance très répandue d’illustrer une idée uniquement par des symboles et autres dessins ! En effet, que signifie le sigle ✈ ? Vous êtes passionné d’avion de guerre et vous construisez des maquettes, preuve de votre précision et de votre minutie ? Vous avez passé votre brevet après des études de management et vous pilotez des avions de tourisme, preuve de votre ténacité et de votre responsabilité ? Vous voyagez pour partir à la découverte d’autres cultures et parler la langue du pays, preuve de votre curiosité culturelle et de votre maîtrise de langues rares ? Ou vous avez la chance d’avoir suivi votre famille dans des vacances farniente à l’autre bout du monde ?
Si le visuel passe avant le contenu, vous perdez le recruteur : il n’a pas le temps de mener l’enquête et de déchiffrer le message codé. Aujourd’hui, un recruteur passe en moyenne 34 secondes pour lire un CV. Conseil : il faut nommer ses centres d’intérêt et les expliciter de manière efficace.
Par exemple, la musique est certainement un centre d’intérêt partagé par beaucoup de candidats. Mais ne citer que le mot « musique » dans la rubrique ne vous aidera pas à vous distinguer d’un autre candidat. Indiquez plutôt que la pratique de la guitare depuis plusieurs d’années en solo puis dans un groupe vous a permis de développer de l’écoute. Cette activité dans la durée témoignera aussi de votre capacité à vous engager. Vous pouvez aussi parler de votre intérêt pour la publicité et la musique, ou comment vous vous êtes intéressé à la musique classique en étudiant des publicités.
Pouvoir en parler longuement…
Les sujets sur lesquels on peut échanger sont donc nombreux puisqu’ils dépendent de chacun : la pratique régulière d’une activité sportive, la connaissance approfondie d’une période de l’histoire, la participation à des compétitions sportives, une pratique artistique (musique, peinture, photographie), l’engagement dans une association, la réalisation d’un projet humanitaire… sont autant de sujets non exhaustifs sur lesquels on peut échanger.
Attention toutefois : il s’agit de mettre en avant un atout personnel dont on peut parler longuement et avec passion. Ne mentez surtout pas : si un recruteur vous interroge sans que vous puissiez lui démontrer votre intérêt et votre connaissance du sujet, vos chances d’embauche peuvent être réduites à néant en quelques secondes.
Un « centre d’intérêt » doit donc être accompagné d’une brève description de l’expérience et des résultats obtenus. À partir de là, le recruteur va s’attacher à repérer un savoir-être transférable à un cadre professionnel. Ce n’est pas tant la compétence technique que la compétence comportementale associée qui devient donc importante.
Les recruteurs trouveront certainement dans les centres d’intérêt le top 3 des compétences qu’ils recherchent : travailler en équipe (si vous avez pratiqué un sport collectif dans une équipe qui a remporté des titres), fiabilité (si vous êtes bénévole depuis longtemps dans une association carritative) et autonomie (si vous avez effectué des voyages lointains seul). On peut ainsi ajouter que, pour exprimer au mieux ses centres d’intérêt, tout est affaire de connaissance de soi et de préparation. Soit un autre sujet à travailler…
Virginie Ferrouillat, Responsable Alternance EMLV, Pôle Léonard de Vinci – UGEI - Indypendenz / Shutterstock
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