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FORMATION

Parcoursup, le mirage d’une égalité face à l’orientation ?

Lors de son lancement en 2018, la procédure Parcoursup a été présentée comme un gage de démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur. Au fil des sessions a cependant ressurgi la question des inégalités entre les candidats. Afin de saisir les évolutions induites par le dispositif lui-même sur le processus d’orientation post-bac, il faut en distinguer les étapes et les différents acteurs.

Si la campagne Parcoursup débute officiellement chaque année en décembre par l’ouverture du site éponyme, pour les acteurs du supérieur, elle commence plus tôt. Dès octobre sont mises à jour les cartes d’identité des formations. Celles-ci présentent les prérequis pour accéder au cursus, les données statistiques, ainsi que les critères d’analyse des dossiers. Tous ces éléments, standardisés et recensés sur une carte interactive présentant 24000 formations, constituent une mine d’informations. Cela devrait offrir a priori une bonne base à un choix éclairé.

Formation à distance : comment accompagner les apprenants qu’on ne rencontre pas ?

La formation à distance devient-elle la nouvelle norme dans le monde de la formation des adultes ? En 2024, 60 % des entreprises auraient proposé une offre de formation majoritairement à distance (FAD) ou en hybride. Même si ce pourcentage montre une tendance à la digitalisation des formations, il faut noter qu’il est en baisse par rapport à l’année passée (64 % en 2023).

La présence d’un tuteur est en première position des facteurs de motivation pour terminer une formation à distance. Ainsi, la priorité pour les formateurs, au-delà de la création des contenus digitaux asynchrones (48 %), est l’enrichissement de l’accompagnement des apprenants (24 %).

D’ailleurs, selon le spécialiste de l’e-formation Jacques Rodet, on peut observer une constante depuis les premiers cours par correspondance en 1728 jusqu’aujourd’hui avec les MOOC (massive online open courses) : dans la plupart des formations ne comprenant pas de dispositif d’accompagnement à distance, les taux d’abandon peuvent dépasser les 90 %.

Or, depuis 2019, à la suite de l’article D6313-3-1, l’existence d’un accompagnateur humain n’est plus obligatoire pour mettre en œuvre une formation. Le chemin s’ouvre ainsi à l’automatisation de l’accompagnement à distance.

L’un des plus grands défis de la formation à distance est donc de maintenir le lien avec les apprenants et leur engagement malgré tout.

« L’emprise scolaire » : les diplômes ont-ils trop de poids sur nos vies ?

Peu de politiques sont aussi consensuelles que les politiques éducatives menées en France ces dernières décennies : même si leurs modalités concrètes font débat, aucune voix ne s’élève contre l’expansion considérable de la scolarisation à laquelle elles mènent. Depuis les années 1950, le taux de bacheliers a été multiplié par plus de 15. En 1970, 44 % des jeunes de 17 ans étaient scolarisés ; ils le sont quasiment tous aujourd’hui (96 %).

Un consensus semble s’être installé sur le fait que l’éducation scolaire serait la meilleure manière d’instruire et d’éduquer un enfant, de former des travailleurs qualifiés et des citoyens actifs. Diffuser plus largement l’éducation, ce serait aussi tendre vers plus d’égalité des chances.

Se demander si ces promesses ont été tenues, ce n’est en rien contester la valeur de l’éducation. Mais il en est de l’explosion de la scolarisation comme du développement des sciences et de l’industrie qui ont tant enrichi nos sociétés mais qui, par leur dynamique même, ont endommagé la nature, produit de nouvelles inégalités, à tel point que l’on questionne leur expansion infinie… Toujours plus d’un bien n’est pas forcément bénéfique.

Concernant l’éducation, on peut se demander si nous ne sommes pas à la fin d’un cycle tant les diplômes rythment aujourd’hui la vie sociale, depuis le quotidien des familles jusqu’à l’organisation du travail, comme le montre notre enquête L’Emprise scolaire – Quand trop d’école tue l’éducation (éd.Presses de Sciences Po, 2024).

Pourquoi nous oublions ce que nous avons appris

Certains apprentissages, de la grammaire au vélo, nous suivent toute notre vie. D’autres notions, acquises pour un devoir sur table ou un examen, finissent par s’évaporer très vite, une fois l’échéance passée. Comment l’expliquer ? Et comment ancrer les savoirs dans nos mémoires ?

Tata Noelia, j’ai une question : puisque mon corps se muscle si je fais beaucoup de sport, est-ce que mon cerveau grossira si j’étudie beaucoup ? Est-ce parce que je n’ai plus de place dans mon cerveau que j’oublie ce que j’apprends à l’école ?

C’est le genre de question que peut poser un enfant, à l’instar de ma nièce qui a déjà l’intuition que la mémoire réside d’une manière ou d’une autre dans le cerveau. Qui ne s’est pas déjà demandé où et comment sont stockées les choses que l’on apprend ? Ou pourquoi on oublie l’essentiel de ce qu’on étudie ?

Pour lutter contre l’orientation « subie », aider les jeunes à prendre conscience de leur potentiel

Mis en place par le Bulletin officiel depuis la rentrée 2015, le parcours avenir, qui s’adresse aux élèves de la sixième à la terminale, entend accompagner les élèves dans leur réflexion sur leur orientation. Ce dispositif, axé sur une information précoce sur les filières et les métiers, exacerbe assez tôt dans la scolarité la responsabilité individuelle des élèves dans leurs trajectoires et leurs choix de formation.

La circulaire de la rentrée 2023 propose et décrit la découverte des métiers, à destination des élèves de la cinquième à la troisième, comme une mise en œuvre du parcours avenir. Il s’agit, pour les équipes éducatives, de mettre en place un ensemble d’actions visant à faire connaitre le monde professionnel aux élèves. Une grande autonomie est laissée aux établissements ce qui conduit à une diversité de dispositifs (conférences, journée métiers, stages, etc.).

Qu’apporte un tel dispositif ? Peut-il encourager la persévérance scolaire et limiter les inégalités en termes de choix d’orientation ?

Les résultats de la recherche que nous présentons dans cet article alertent sur les écueils relatifs aux dispositifs précoces d’orientation scolaire et professionnelle.

Contester les verdicts de Parcoursup : les parents en première ligne ?

Lorsque l’on considère la nature des réclamations, on observe une forte parentalisation des recours et de son caractère genré, même si le panel des entretiens (fondé sur un une surreprésentation des catégories sociales moyennes et supérieures) ne donne pas un résultat aussi affirmé que les dossiers du Défenseur des droits. Ainsi, dans les entretiens menés, la moitié des répondants (N = 40) sont des parents, dont 11 mères.

En termes de négociation familiale, il est fréquent qu’un parent soit toujours plus impliqué que l’autre dans le recours, mais avec l’accord de ce dernier (y compris pour les couples séparés). En général, le parent engagé est celui qui a mis en œuvre des normes parentales d’accompagnement scolaire très serrées, typiques des classes moyennes et supérieures (extrascolaire, options stratégiques, mobilisation du réseau, etc.).

L’analyse des dossiers et des entretiens souligne à quel point ces réformes (et Parcoursup) peuvent engendrer une crise de la parentocracy chez les parents interrogés. Par ce terme, le sociologue britannique Philip Brown désigne le fait que, dans un contexte où le niveau général de diplôme des parents d’élève est de plus en plus élevé, les trajectoires scolaires des élèves sont explicitées comme le produit de l’effort de celui-ci (selon une rhétorique méritocratique classique) mais aussi de l’effort du parent. Dans ce cadre, toute difficulté est vécue comme un échec personnel. C’est ce que l’on retrouve également dans les travaux sur le rapport des parents de milieux populaires à l’école.

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