Woody Allen a dit un jour que, dans la vie, « 80 % du succès réside dans le fait d’être vu ». Selon un nombre croissant d’études sur les comportements en matière d’assiduité au travail, cette estimation est probablement plutôt optimiste. En effet, ces travaux relèvent l’essor du présentéisme en entreprise – lorsque les travailleurs sont au travail alors qu’ils ne devraient pas y être –, une zone grise entre la notion d’engagement total au travail et l’absentéisme.
Tout d’abord, il existe deux types de présentéisme : le premier, appelé « surprésentéisme », est associé à un surinvestissement au travail. On y retrouve les personnes qui travaillent le soir ou le week-end mais aussi ceux qui ne prennent pas l’intégralité de leurs congés.
Le second type, appelé « présentéisme maladie » est associé à l’état de santé. Il est défini comme le comportement d’un individu qui travaille alors qu’il devrait être arrêté en raison de son état de santé, physique ou mental. Par conséquent, « travailler alors qu’il ne faut pas » se traduit notamment par une baisse de satisfaction ou de bien-être du travailleur ou par la production d’une externalité négative sur son environnement, aussi bien personnel que professionnel. Une conséquence extrême du présentéisme est le burn-out.
L’entrepreneuriat est devenu, en moins de 50 ans, un Graal universel, célébré par un concert de louanges médiatiques, politiques voire académiques, et affublé de pouvoirs puissants. En France, la « start-up nation » en est la forme actuelle, censée assurer la croissance, créer de l’emploi, favoriser l’innovation, mais aussi et par un amalgame discutable, réduire le chômage, lutter contre la pauvreté et, ce faisant, permettre l’inclusion des populations fragilisées.
Ainsi, les politiques publiques encouragent non seulement la création de firmes technologiquement innovantes, à fort potentiel de croissance et gourmandes en investissements, mais aussi une tout autre forme d’entrepreneuriat, qu’Alain Fayolle, professeur à l’EM Lyon Business School, décrit comme « la face cachée de l’entrepreneuriat » : ce sont les entrepreneurs par nécessité, « individus poussés à la création d’entreprise car ils ne perçoivent pas de meilleures alternatives d’emploi ».
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Favoriser le retour au travail après un cancer ou un handicap : encore un (gros) effort
Reprendre le travail après avoir été soigné pour un cancer ou après un handicap causé par un accident ou une maladie relève, trop souvent, d’une course d’obstacles. Il existe aujourd’hui des données solides pour mesurer le retour à l’emploi après un problème de santé. Cinq ans après la survenue d’un tel événement, les difficultés rencontrées sont manifestes et persistantes.
Dans cette population, en effet, la proportion de personnes exclues de l’emploi un an après augmente de façon importante, d’une sur dix, comme le montrent nos travaux. Le phénomène est plus marqué, encore, chez les femmes, les salariés âgés et les moins éduqués.
Les candidats à l’élection présidentielle devraient, logiquement, se préoccuper de la mise à l’écart de personnes qui, souvent, expriment le désir d’un retour à l’emploi. L’analyse de leurs programmes montre une conscience du phénomène, mais les mesures avancées paraissent, pour le moins, modestes et isolées.
En France, on évalue à 700 000 le nombre de personnes présentant un trouble du spectre autistique (TSA), enfants et adultes confondus. Améliorer leur situation passe évidemment par une réponse plus efficace des pouvoirs publics. Toutefois, les entreprises ont également un rôle à jouer, en favorisant leur emploi. Il ne s’agit pas d’une vision utopiste : des business models adaptés existent, et ils sont performants.
Vers une idéologie de la valorisation
Grâce à l’implication d’associations très actives et à la médiatisation de témoignages d’autistes ou de leurs familles, la question de l’autisme est désormais inscrite à l’agenda politique. À la veille du quatrième plan autisme, la Haute Autorité de Santé a émis le 19 février plusieurs recommandations concernant le dépistage et la prise en charge de l’autisme chez l’adulte, l’enfant et l’adolescent. Ces recommandations arrivent après un rapport publié en janvier par la Cour des comptes, qui faisait état des faiblesses de la prise en charge des personnes présentant un trouble du spectre autistique en France.
Favoriser l’accès à l’emploi des personnes en situation de handicap, c’est l’un des objectifs affichés par la loi « Avenir professionnel », qui entre en vigueur en 2020. Les entreprises sont toujours tenues d’embaucher 6 % de travailleurs bénéficiant de la reconnaissance de qualité de travailleur handicapé (RQTH), faute de quoi elles s’exposent à des sanctions financières. Mais les modes de calcul et de déclaration de ces travailleurs évoluent, notamment en étendant l’obligation aux PME comptant moins de 20 salariés et en incluant tous les types d’emploi, même les stages.
Dans ce contexte, les étudiants concernés ont-ils intérêt à révéler leur situation à de potentiels employeurs ? Parmi les demandeurs d’emploi, si 25 % ont un niveau supérieur au bac, ce taux recule à 11 % chez ceux qui bénéficient de la RQTH. Cette pénurie de compétences est souvent pointée par les entreprises qui peinent à atteindre les quotas réglementaires : les candidats peuvent donc supposer qu’elle joue en leur faveur.
Mais la lourdeur des démarches administratives peut dissuader certains jeunes de les entreprendre, surtout dans le cas d’un stage court. En effet, il faut parfois compter des délais de plus de six mois pour obtenir la RQTH.
Trouver un stage, dénicher une alternance, décrocher son premier job ou changer de poste en cours de carrière suppose de passer par la case incontournable de rédaction du CV pour rentrer dans le jeu du recrutement. C’est ce document qui permettra aux candidats de présenter synthétiquement à l’entreprise dans laquelle il postule son « déroulement de la vie », pour reprendre l’étymologie latine du mot curriculum vitae.