Les débats autour du projet de loi sur la réforme des retraites ont entraîné d’importantes discussions sur la pénibilité, les inégalités des femmes et des hommes, l’emploi des seniors, ainsi que sur le travail : son contenu et son sens, au-delà du terme contestable « de valeur ».
Le travail semble ainsi être revenu au centre de l’action syndicale et des nouvelles dynamiques que l’on observe depuis plusieurs jours et qui pourraient prendre de l’ampleur lors de la journée de mobilisation du 7 mars.
Au-delà de la mobilisation, le sens même de ce que le travail représente pourrait connaître un tournant, après des décennies de contestations ouvrières et syndicales.
Une rupture avec l’histoire ouvrière
Tout au long de l’ère industrielle, le travail a été en France au cœur du conflit opposant le mouvement ouvrier aux maîtres des organisations. Les travailleurs les plus qualifiés apportaient leur créativité, un savoir-faire ils étaient porteurs d’une conscience fière. Ces derniers étaient les héritiers des ouvriers de métier, qui, avant le taylorisme, étaient seuls à pouvoir faire ce qu’ils faisaient, tels des artisans. Les patrons étaient alors perçus comme des intermédiaires inutiles entre eux-mêmes et le marché.
Les travailleurs non qualifiés étaient pour leur part porteurs d’une conscience prolétarienne, ils apportaient leur force de travail. Ceux qu’on appelle les ouvriers spécialisés (OS) étaient les héritiers des manœuvres, dont les tâches étaient purement physiques. Le passage au taylorisme a signifié ppur eux aliénation et exploitation maximale.