En France, la communication publique en faveur de l’emploi de personnes en situation de handicap se heurte notamment à l’objectif politique de 6 % d’emploi sous menace de sanctions financières des organisations contrevenantes. Ce système d’obligation est controversé pour ses effets pervers. Des entreprises réservent surtout aux handicapés des emplois peu gratifiants, à faible niveau de compétences et de responsabilités, ou sans possibilité d’évolution de carrière. Des salariés seraient aussi incités par leur entreprise à déclarer et faire reconnaître un handicap en vue de bénéficier d’aides publiques.
Nos récentes recherches suggèrent que les modalités d’incitation et de coercition en faveur de l’emploi de personnes handicapées inciteraient les dirigeants d’entreprise, les managers et les recruteurs à penser cet emploi comme une contrainte pénible plutôt qu’une opportunité pour améliorer l’organisation globale du travail et la qualité de vie au travail de chacun, d’où le choix d’une communication publique axée sur des considérations gestionnaires plutôt que des valeurs morales, des jugements éthiques ou des sentiments comme l’empathie ou la pitié. Il n’est pourtant pas anodin de privilégier dans l’argumentation la performance au détriment de l’émotion.