Depuis que la « crise des réfugiés » de 2015 a précipité la montée de l’extrême droite en Europe, le débat sur l’impact de la migration sur les États-providence fait rage sur le continent. Il n’est donc guère surprenant que les migrants, qu’ils soient de l’UE ou non, aient encore du mal à accéder aux prestations sociales dans leurs pays européens de résidence. Les immigrés sont pourtant plus exposés à la précarité : en 2019, 45 % des citoyens non européens et 26 % des citoyens d’autres États membres de l’UE étaient exposés au risque de pauvreté ou d’exclusion sociale, contre 20 % des citoyens nationaux, selon Eurostat.
En tant que chercheurs du Centre d’études de l’ethnicité et des migrations (CEDEM) de l’Université de Liège, nous étions curieux de voir comment l’accès des immigrants aux prestations pouvait varier entre les États membres de l’UE. Soutenu par le Conseil européen de la recherche, notre projet a donné naissance à une base de données et à trois ouvrages qui recensent les conditions que les immigrés – européens et non européens – doivent remplir pour avoir accès aux prestations dans des domaines tels que les soins de santé, l’emploi, la vieillesse, la famille et l’aide sociale.
Tout au long du projet, nous avons été en contact avec des dizaines de migrants sénégalais, tunisiens et roumains et leurs proches dans différentes villes européennes, ainsi qu’avec des fonctionnaires et des ONG chargés de les aider à avoir accès aux prestations sociales. Les résultats de notre recherche permettent de tirer trois grandes leçons.