Très souvent, les infirmières (il est plus juste de mettre le féminin pour cette profession à 88 % féminisée en France) invoquent « la vocation » pour décrire leur métier.
Autrement dit, elles assimilent leur travail à la mission qui le circonscrit, elles s’identifient en quelque sorte à la cause du soin qu’elles défendent, comme des militantes convaincues. Plus rarement, elles s’identifient à l’établissement où elles travaillent, ou alors il s’agit de l’hôpital public en tant qu’institution, chargée d’accueillir tous les patients sans distinction, par contraste avec le secteur privé lucratif. Mais cette mission suffit-elle à expliquer la nature de leur engagement, ordinaire ou extraordinaire ?
En m’appuyant sur une série de travaux successifs, je propose de dépasser les faux semblants sur l’engagement des soignants en précisant comment il m’est apparu au cours de nombreuses enquêtes de terrain portant sur les relations de travail à l’hôpital.