Lorsque l’on considère la nature des réclamations, on observe une forte parentalisation des recours et de son caractère genré, même si le panel des entretiens (fondé sur un une surreprésentation des catégories sociales moyennes et supérieures) ne donne pas un résultat aussi affirmé que les dossiers du Défenseur des droits. Ainsi, dans les entretiens menés, la moitié des répondants (N = 40) sont des parents, dont 11 mères.
En termes de négociation familiale, il est fréquent qu’un parent soit toujours plus impliqué que l’autre dans le recours, mais avec l’accord de ce dernier (y compris pour les couples séparés). En général, le parent engagé est celui qui a mis en œuvre des normes parentales d’accompagnement scolaire très serrées, typiques des classes moyennes et supérieures (extrascolaire, options stratégiques, mobilisation du réseau, etc.).
L’analyse des dossiers et des entretiens souligne à quel point ces réformes (et Parcoursup) peuvent engendrer une crise de la parentocracy chez les parents interrogés. Par ce terme, le sociologue britannique Philip Brown désigne le fait que, dans un contexte où le niveau général de diplôme des parents d’élève est de plus en plus élevé, les trajectoires scolaires des élèves sont explicitées comme le produit de l’effort de celui-ci (selon une rhétorique méritocratique classique) mais aussi de l’effort du parent. Dans ce cadre, toute difficulté est vécue comme un échec personnel. C’est ce que l’on retrouve également dans les travaux sur le rapport des parents de milieux populaires à l’école.