En cette rentrée scolaire 2023 comme à la rentrée de l’année précédente, la question est à nouveau posée des atteintes à la laïcité que constituerait le port d’abayas pour les filles (robes amples traditionnelles couvrant l’ensemble du corps), et de leur équivalent masculin, les qamis – atteintes dont le chiffre est croissant : de 2167 à 4710 signalements en un an.
Certes, il convient de relativiser la signification d’une telle augmentation : d’une part, en regard des 12 000 000 d’élèves inscrits dans les établissements scolaires en France, la proportion des cas reste très faible ; d’autre part, ils ne sont pas nécessairement univoques et leur interprétation est malaisée.
Il demeure toutefois que la visibilité de l’appartenance religieuse des élèves dans un espace dont la laïcité est un principe d’organisation majeur pose à l’institution un problème qu’elle a d’autant plus de mal à résoudre que les solutions avancées peinent à faire consensus. Arrêtons-nous sur l’histoire déjà longue – 35 ans – de ce problème et des dissensus à la fois politiques et moraux qu’il a générés.