Fait exceptionnel, inédit peut-être, le nombre d’étudiantes et étudiants boursiers a baissé de 3,9 % dans l’enseignement supérieur français en 2021-2022. Signe, à nouveau qu’en France, ce système chargé de permettre l’accès des classes populaires à l’enseignement supérieur est à bout de souffle, peinant à combler les inégalités qu’il est censé corriger ?
Il faut savoir que les bourses concernent 650 000 personnes, soit 4 jeunes sur 10 inscrits dans les établissements publics (et près de 70 000 dans le privé, en forte croissance) pour un total de 2,4 milliards d’euros. Les boursiers et boursières sont majoritairement concentrés dans les filières moins prestigieuses, les territoires moins dynamiques et les établissements distanciés dans la course aux classements internationaux de « l’excellence ». Rappelons, en comparaison, qu’avec la demi-part fiscale supplémentaire accordée aux parents d’enfants inscrits dans le supérieur, des personnes très bien loties bénéficient aussi d’une aide financière aux études : avec ce système, les familles les plus aisées reçoivent 1,7 milliard d’euros chaque année.
On peut dès lors s’interroger sur le caractère réellement redistributif de ce système, d’autant qu’il peine à aider suffisamment les plus démunis : même à l’échelon le plus élevé (qui concerne les jeunes qui ne peuvent compter sur aucun soutien financier familial), la bourse reste sous les 600 € par mois, très loin du seuil de pauvreté (1063 €), même après la revalorisation de 4 % décidée pour la rentrée 2022 et censée compenser l’inflation.