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EDUCATION

Existe-t-il un « langage jeune » ?

« Gadjo », « despee », « tchop » : ces mots sont associés, dans les discours médiatiques, à un « parler jeune ». Nombreux sont les articles qui s’arrêtent sur ce vocabulaire pour le rendre accessible aux autres générations ou encore les dictionnaires destinés aux parents qui semblent ne plus comprendre leurs ados.

Alors, ce parler jeune existe-t-il vraiment en tant que tel ? Pourrait-il être résumé à un lexique qui lui serait propre ? Plusieurs études ont été menées en linguistique sur ces pratiques langagières, mais celles-ci ne constituent pas un champ homogène, notamment parce qu’elles concernent des situations sociolinguistiques diverses.

Si nous voulons considérer l’existence d’un parler jeune, il faudrait a minima le penser au pluriel. Il n’y a pas deux personnes pour parler de la même façon et une même personne ne parle pas constamment de la même manière. Tous les individus possèdent plusieurs répertoires ou plusieurs styles, les jeunes ne font pas exception.

Éducation à la sexualité : ce que disent vraiment les programmes scolaires

Les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle, en attente de publication, font l’objet en cette fin 2024 de contestations et d’une campagne de désinformation. Mais en quoi consistent-ils vraiment ? Retour sur l’histoire de cet enseignement pour mieux en comprendre les enjeux à travers trois questions.

Qu’entend-on par « éducation à la sexualité » dans le cadre scolaire ?

Sans parler de ceux qui, par plaisanterie ou dénigrement, l’assimilent à une sorte de « Kama-sutra pour adolescents », beaucoup de gens croient, et cela crée des malentendus, voire des résistances, qu’il s’agit toujours et uniquement de présenter aux élèves les organes sexuels, voire le rapport sexuel. Comme si, d’ailleurs, la sexualité était uniquement affaire de biologie alors qu’elle comprend une dimension psychologique, une dimension sociale, une dimension éthique et une dimension culturelle. Toutes ces dimensions doivent être abordées, en tenant compte de l’âge des élèves.

La circulaire du 12 septembre 2018 indique ainsi qu’à l’école élémentaire, la « dimension sexuelle stricto sensu » est exclue. Mais cela n’empêche pas, au contraire, de parler du respect de son corps et de celui des autres, de la notion d’intimité et de respect de la vie privée, de l’égalité entre filles et garçons, etc.

De ce point de vue, il faut bien voir que l’on parle d’« éducation », et non pas d’« instruction ». Parler d’éducation, cela veut dire qu’il ne s’agit pas seulement de transmettre des savoirs, mais aussi de faire réfléchir sur les comportements. En ce sens, l’éducation à la sexualité est une éducation à la responsabilité. Si on devait la définir, on pourrait dire qu’elle est une éducation à son corps et à sa sexualité ainsi qu’au corps de l’autre et à sa sexualité. Ce qui veut dire qu’un autre enjeu est aussi de favoriser l’estime de soi.

La circulaire du 10 décembre 1998, qui est la première à avoir rendu obligatoire l’éducation à la sexualité (pour les collégiens) indiquait ainsi parmi ses objectifs celui de « construire une image positive de soi-même et de la sexualité́ comme composante essentielle de la vie de chacun ».

Réformer l’école selon Marc Bloch, historien et résistant : des réflexions toujours actuelles ?

Le 23 novembre 2024, la panthéonisation de Marc Bloch a été annoncée par le président de la République, « pour son œuvre, son enseignement et son courage ». Par ces mots, Emmanuel Macron faisait référence à son engagement dans la résistance ainsi qu’à son œuvre d’historien, fondateur de « l’École des Annales » et spécialiste du Moyen Âge – qu’il enseigne de 1919 à 1936 à la faculté de Strasbourg.

S’il n’était probablement pas question, dans ce discours présidentiel, de la réflexion critique de Marc Bloch sur le système d’enseignement ou de ses propositions de réformes à engager dans ce domaine, cette annonce nous donne l’occasion de revenir sur les idées qu’il formule dans L’Étrange Défaite (rédigé dès 1940 et publié à titre posthume en 1946) et dans un article intitulé « Sur la réforme de l’enseignement », publié dans la revue du Comité général d’études (CGE), les Cahiers politiques (n°3, août 1943).

Reparcourons ces textes dont les propos sur la compétition et « la manie examinatoire » de l’école, la nécessité de repenser l’évaluation des connaissances ou encore de revaloriser les salaires des enseignants éclairent encore les débats actuels.

L’éducation à la vie affective : quels enjeux en CM2 ?

Depuis l’introduction de la loi Aubry n° 2001-588 du 4 juillet 2001 rendant « obligatoire l’éducation à la sexualité dans tous les établissements scolaires, de l’école primaire au lycée », plusieurs circulaires ont rappelé cette nécessité, en 2003, en 2018, puis en 2022. Aujourd’hui, le pré-programme proposé par le Conseil supérieur des programmes le 5 mars 2024 met l’accent sur la nécessité d’adapter l’éducation à la sexualité à chaque étape du développement des élèves et ambitionne de relancer cette obligation de manière plus efficace.

Selon la ministre de l’Éducation, Anne Genetet, ce programme est crucial pour appliquer « pleinement et entièrement la loi de 2001 ». Prévu pour la rentrée de septembre 2025, il s’articule autour de trois grands axes (qui s’appuient eux-mêmes sur les thématiques clés de la circulaire de 2018) :

  • « se connaître, vivre et grandir avec son corps » ;

  • « rencontrer les autres et construire des relations, s’y épanouir » ;

  • « trouver sa place dans la société et y être libre et responsable ».

Parmi les changements importants du pré-programme figure la modification de la terminologie : l’expression « éducation à la sexualité » est remplacée par « éducation à la vie affective et relationnelle » pour les niveaux allant de la maternelle au CM1, avec l’ajout de la mention « et sexuelle » à partir du CM2 jusqu’à la terminale. Cette distinction vise à clarifier les objectifs des enseignements et à rassurer les parents ainsi que les enseignants.

L’ambition n’est pas d’enseigner la sexualité à proprement parler, mais de préparer les élèves à mieux vivre en société en leur apportant des repères essentiels pour comprendre les changements corporels, développer des relations saines et aborder des questions clés comme le consentement et le respect de soi et des autres.

Lutter contre les inégalités éducatives : agir sur les individus et/ou sur le système ?

Les résultats des tests du programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) montrent que, d’une manière générale, le niveau scolaire tend à se dégrader. Entre 2020 et 2023, on observe par exemple une baisse du score obtenu en lecture et en science, mais surtout en mathématiques.

Au-delà de la moyenne des élèves, la différence de score entre les élèves favorisés et défavorisés est flagrante : le score moyen en mathématiques est en effet de 534,5 pour les premiers alors qu’il n’est que de 421,9 pour les seconds. Et ce n’est là qu’un exemple.

L’impact de l’origine socioéconomique des élèves sur différents indicateurs de leur réussite scolaire a tendance à s’être accentué ces 50 dernières années partout dans le monde. C’est le cas également en France, malgré les politiques mises en place pour tenter de le réduire.

Les 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant sont cruciaux – mais les 1 000 jours suivants seraient tout aussi importants

Les 1 000 premiers jours de la vie d’un enfant – qui correspondant à la grossesse et aux mois qui précèdent son deuxième anniversaire – sont une période critique. Les futures mères ont besoin de soins prénataux de qualité. Plus leur santé physique et mentale est bonne, plus elles ont de chances de donner naissance à un bébé en bonne santé et de pouvoir l’élever pendant les deux premières années de sa vie.

Un grand nombre de données montrent que ce qui se passe pendant cette période a, tout au long de la vie, des effets sur la santé, la croissance et le bien-être d’une personne.

Moins d’attention a été accordée aux « 1 000 jours suivants », quand les enfants ont entre 2 et 5 ans. Mais les experts en santé publique et en développement de l’enfant savent qu’il s’agit là aussi d’une période cruciale. Au cours de cette période, il est possible de tirer parti des investissements réalisés au cours des 1 000 premiers jours et de remettre sur les rails les enfants qui n’ont pas reçu l’aide dont ils avaient besoin plus tôt dans leur vie, afin de les préparer à l’école, ainsi qu’à une enfance et une adolescence en bonne santé.

The Lancet, l’une des principales revues médicales au monde, vient de lancer une série d’articles sur les « 1 000 prochains jours », dans le prolongement des séries précédentes de 2007, 2011 et 2016 sur le développement de la petite enfance. En tant que spécialiste de santé publique et du développement de la petite enfance, j’ai dirigé cette série, en collaboration avec des experts du monde entier, afin de mettre en lumière les dernières données scientifiques sur cette période cruciale de la vie des enfants. Nous nous sommes particulièrement concentrés sur les pays à revenus faibles et intermédiaires.

Le Social est édité par la société Social Connexion. Son équipe propose des services en ligne depuis plus de 25 ans dans le domaine du secteur social et du médico-social.