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EDUCATION

L’école après l’assassinat de Samuel Paty : un impossible deuil collectif ?

L’assassinat de Samuel Paty le 16 octobre 2020 est un événement sans précédent dans l’histoire éducative et politique de France : le meurtre prémédité d’un enseignant par un islamiste radical. Signe de l’ampleur du choc, cet acte terroriste a déjà suscité un grand nombre d’articles et de publications, centrés pour la plupart sur l’engrenage qui a conduit au drame, sur le travail policier et judiciaire qui a suivi.

Paradoxalement, les réactions des enseignants et de la communauté éducative en général ont été beaucoup moins traitées. Pour comprendre ce que la mort de notre collègue a signifié pour les acteurs d’une école touchée en son cœur même – l’acte d’enseigner – nous avons mené une enquête pluridisciplinaire (croisant sciences de l’éducation, histoire, science politique, sociologie), à la fois qualitative et quantitative, publiée en octobre 2024 sous le titre Une école sous le choc ? (éd. Le bord de l’eau).

Travailler sur cette question ne constitue pas qu’une simple étude. Cela renvoie aussi à nos propres vécus professionnels et à nos thématiques de recherches. Nous avons tous deux été enseignants d’histoire-géographie, appartenant à la même génération que Samuel Paty. En tant qu’universitaires, nous travaillions déjà, chacun de notre côté, sur différents sujets dits sensibles : les réactions du monde scolaire aux attentats de 2015, les rapports entre jeunes, religieux et système éducatif, ou les reconfigurations de la laïcité à l’école.

Recruter des enseignants contractuels : une solution durable pour l’Éducation nationale ?

Depuis plusieurs années, le manque de professeurs fait la une de la presse à chaque rentrée. Les concours enseignants peinent en effet à attirer un nombre suffisant de candidats : en 2024, le taux de postes pourvus par les concours (internes et externes) était de 88,3 % dans le premier comme dans le second degré.

Si ce taux représente une amélioration de la situation par rapport aux deux années précédentes, il signifie tout de même qu’à l’issue des concours, près de 12 % des postes d’enseignants du primaire et autant du secondaire n’étaient pas pourvus.

Le pendant de ce manque de candidats est le recours croissant à des personnels contractuels, c’est-à-dire à des non-fonctionnaires. Si leur part reste encore relativement limitée dans les corps enseignants par rapport à d’autres corps de l’Éducation nationale, elle a toutefois doublé dans le second degré public entre 2008 et 2023, passant de 5,1 % à 10,4 %. Bien qu’encore très faible (2,7 %), le phénomène s’étend depuis 2014 au premier degré.

L’admiration, un sentiment qui nous fait grandir ?

Nous gardons tous le souvenir de professeurs que nous avons profondément admirés. Personnellement, les seuls enseignants qui m’ont marquée sont ceux qui ont compté pour leur générosité, l’étendue de leurs savoirs, la simplicité avec laquelle ils parvenaient à transmettre quelque chose de vivant. L’intérêt profond qu’ils avaient pour les objets qu’ils enseignaient les rendait brillants. Ils parvenaient à nous faire partager leur passion, sans pour autant en rabattre sur la rigueur, le sérieux, la complétude de leur enseignement.

Ainsi, ces enseignants conjuguaient plusieurs facultés que notre école classique nous a généralement enjoint à séparer, à savoir la raison d’un côté et les passions de l’autre.

Ne faudrait-il pas interroger cette ligne de partage ? Différente de l’adoration comme de la fascination, l’admiration nous propulse hors de nous-mêmes sans nous affaiblir, comme en témoignent les philosophes, scientifiques, artistes ou inconnus croisés au fil de mon enquête Admirer. Éloge d’un sentiment qui nous fait grandir (éd. Premier Parallèle).

Alors, pourrait-on envisager que l’école nous dispense des leçons d’admiration ? Peut-on, doit-on apprendre à admirer ? Autant de questions qui nous invitent à dissiper les malentendus autour de l’autorité ou à questionner la place de l’imitation en éducation.

La psychologie positive, un atout pour le bien-être des élèves ?

Alors que la santé mentale des jeunes s’est considérablement dégradée au cours de la dernière décennie, sensibiliser les élèves aux concepts de la psychologie positive pourrait-il contribuer à inverser la tendance ?

Pour rappel, les niveaux de désespoir, de tristesse et de solitude relevés chez les jeunes Américains sont historiquement élevés. Selon les données les plus récentes des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies, plus de 20 % des adolescents ont sérieusement envisagé de se suicider – et le suicide est la deuxième cause de décès chez les enfants âgés de 10 à 14 ans.

En France, une enquête nationale menée dans les collèges et lycées, et publiée en avril 2024, révélait qu’un adolescent sur sept présente de graves risques de dépression. Du côté des étudiants, 41 % d’entre eux présenteraient des symptômes dépressifs contre 26 % avant la crise du Covid, mettait en avant France Inter en mars 2024 en se fondant sur une étude de l’Université de Bordeaux.

Ce qui est peut-être encore plus alarmant que cette prévalence des problèmes de santé mentale chez les jeunes, c’est la difficulté pour les nombreux enfants qui en ont besoin d’accéder aux services de soutien à la santé mentale. Aux États-Unis, environ 60 % des adolescents déprimés ne reçoivent aucun traitement.

L’une des solutions consiste à fournir des soins dans les écoles, là où se trouvent les enfants. C’est déjà le cas avec le travail des psychologues et travailleurs sociaux qui font équipe avec les soignants. Mais il faudrait aller plus loin.

Les recherches montrent que les élèves qui portent un regard positif sur leur vie obtiennent de meilleurs résultats que les autres élèves sur le plan scolaire et émotionnel. Les élèves qui sont initiés à des approches de psychologie positive scientifiquement fondées auraient moins de problèmes de comportement.

Smartphones au collège : de quoi la « pause numérique » est-elle le nom ?

La « commission d’experts sur l’exposition des enfants aux écrans » annoncée lors de la conférence de presse du président de la République du 16 janvier 2024, a rendu ses conclusions le 30 avril 2024. Son rapport final, intitulé « Enfants et écrans. À la recherche du temps perdu », avait vocation à éclairer, par ses analyses et ses recommandations, l’élaboration d’une politique publique destinée à encadrer « le bon usage des écrans pour nos enfants dans les familles, à la maison comme en classe, parce qu’il en va de l’avenir de nos sociétés et de nos démocraties ».

Cette grande ambition se réduit aujourd’hui à l’instauration d’une « pause numérique » au collège, annoncée par Nicole Belloubet à l’occasion de la rentrée 2024. Cette mesure de rétention des smartphones à l’entrée des collèges ne fait pas consensus. Expérimentée au sein de 199 collèges dès la rentrée 2024, elle devrait être généralisée en 2025.

Pourquoi changer les rythmes scolaires ? Retour sur 140 ans d’expérimentations

Ce lundi 2 septembre, plus de 6 millions d’élèves ont repris le chemin et le rythme de l’école. Alors que les emplois du temps diffèrent pour chaque classe dans les collèges et lycées, plus de 90 % des établissements du premier degré organisent la semaine des écoliers selon la semaine des 4 jours depuis 2017.

La réforme mise en œuvre à partir de 2013 par le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon avait réorganisé les 24 heures d’enseignement hebdomadaire des 36 semaines de l’année scolaire dans le cadre d’une semaine type de quatre jours et demi incluant le mercredi matin et des activités périscolaires. Son successeur, Jean-Michel Blanquer, avait mis un terme à ces changements, actant un retour très large à la semaine de 4 jours.

En a-t-il toujours été ainsi ? Comment en est-on arrivé à cette situation et comment s’est organisée la semaine des écoliers depuis la généralisation de la scolarisation ? Faisons le point sur les enjeux des rythmes scolaires.

Le Social est édité par la société Social Connexion. Son équipe propose des services en ligne depuis plus de 25 ans dans le domaine du secteur social et du médico-social.