Depuis qu’il existe un dispositif d’orientation institutionnalisé, répartissant les jeunes entre les filières scolaires, puis vers des métiers, on n’a de cesse de dénoncer les difficultés et la cruauté de ce système. Mais peut-il y avoir, dans la société telle qu’elle est, une « orientation heureuse » ?
Si les processus d’orientation et les inégalités sociales qui leur sont liées font régulièrement débat dans les sociétés démocratiques, c’est parce qu’ils sont au cœur de leur idéologie fondatrice, à savoir l’idéologie méritocratique. Dans un monde où règne une fine division du travail, on n’admet plus que la naissance – ou l’entreprise léguée de père en fils – détermine le devenir des personnes. L’affaire est d’autant plus sérieuse que l’attractivité des places à prendre varie considérablement, qu’il s’agisse de leur rémunération ou des conditions de travail.