Dans un précédent article paru en février 2020, je rappelais l’avertissement de la commission d’enquête destinée à évaluer la manière dont avait été programmée, expliquée et gérée la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1) en 2009 :
« La défiance à l’égard de la vaccination constitue un défi pour l’avenir. Demain, il nous faudra peut-être faire face à une nouvelle pandémie à la gravité plus sévère. La mobilisation du corps social sera alors indispensable. Comment ferons-nous si l’on ne croit plus aux mesures de santé publique ? »
Cette interrogation me paraît aujourd’hui encore déterminante, alors que l’exécutif évoque la perspective de contraindre des professionnels de santé et du médicosocial à la vaccination, faute d’avoir su donner à comprendre la signification démocratique de cet engagement et de cette responsabilité.
Le contexte épidémique inquiétant, marqué par la montée de variants plus transmissibles, ainsi que les données, probantes, relatives à l’efficacité du vaccin pour limiter la transmission virale, plaident pour l’accentuation de la mise en avant de l’urgence vaccinale ainsi que de sa pertinence scientifique. Les avantages préventifs individuels et collectifs d’un vaccin auquel nous avons le privilège de pouvoir accéder sans restriction en France s’opposent en effet aux convictions, aux représentations, aux défiances et aux peurs des personnes qui refusent l’injection.
Avant d’évoquer les enjeux immédiats de la vaccination, je proposerai quatre constats pour tenter de cerner les réticences des personnes qui résistent aux prescriptions et aux injonctions, aussi fondées soient-elles.