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Enquête sur le « viol ordinaire »

Elles ont cherché les mots justes sur ce qui leur est arrivé. Elles repassent le film en boucle. Mais parce qu’il n’est pas question d’une ruelle sombre, d’un inconnu, d’une menace au couteau, le mot « viol » n’a rien d’évident. Dans ce scénario, elles passent un bon moment avec un ami, un amoureux ou un amant, chez elles ou chez lui, jusqu’à ce que celui-ci les contraigne à avoir un rapport sexuel. Elles n’en ont pas envie, et chacune à leur manière, elles manifestent leur refus. Malgré ça, il va jusqu’au bout, se rhabille et part, comme si de rien n’était. Elles le reverront dès le lendemain ou dans les semaines à venir, parce qu’il fait partie du groupe d’amis, parce qu’il fréquente la même université, parce que c’est leur colocataire. La vie ordinaire reprend son cours.

À rebours de la mythologie du viol, qui fait de ce crime un événement extraordinaire commis par un étranger déviant, nous savons que dans 91 % des cas de violences sexuelles, les femmes connaissent les agresseurs. Cela met en lumière un fait dérangeant : l’intimité est un espace constitué de rapports de force, au sein duquel le consentement peut être l’objet de marchandage, de pressions, de luttes. En parallèle, le lien d’amitié, d’amour ou de séduction qui lie les individus invisibilise les potentiels viols qui se produisent au sein de ces relations.

Nommer ces violences est une étape nécessaire pour les dénoncer. Ce fut la stratégie des féministes nord-américaines dans les années 1980, qui ont forgé l’expression de « date rape » pour attirer l’attention sur les viols (« rape ») commis par des étudiants sur les campus lors de soirées festives ou de rendez-vous amoureux (« date » en anglais).

Dans le sillage de ce concept, j’ai proposé celui de « viol ordinaire pour désigner un acte sexuel contraint qui s’inscrit dans un quotidien, dans l’intimité, avec un partenaire sexuel potentiel. L’expression « viol ordinaire » ne vise pas à banaliser ces viols ni leurs conséquences mais à constituer une ressource à même d’identifier ces expériences afin de mieux les analyser.

Pourquoi le smic n’est pas une protection suffisante contre la pauvreté des travailleurs ?

La poussée inflationniste qu’a connue la France en 2022-2023, rappelle qu’une part conséquente des personnes, qui pourtant occupent un emploi, ne parviennent que difficilement, et au prix de nombreuses privations, à atteindre la fin du mois. Certains croyaient la France en partie protégée du phénomène des « travailleurs pauvres » grâce à un salaire minimum dont les mécanismes d’indexation lui évitent de stagner ou de décrocher du reste des salaires. Le smic joue un rôle important pour éviter une course vers des rémunérations toujours plus basses. Mais il ne suffit pas à résoudre la question des bas salaires.

La crise des urgences, un miroir de la crise du système de santé français

« L’histoire se répète toujours deux fois, la première comme une tragédie, la seconde comme une farce ». Concernant les urgences médicales en France, l’adaptation de cette citation de Karl Marx donnerait : « l’histoire se répète tous les ans, illustrant la tragédie humaine du déclin du système de santé français et la farce de l’impuissance politique à le redresser ».

L’été 2024 a révélé une nouvelle fois le mode dégradé des urgences médicales en France, démontrant que les mesures instaurées ces dernières années n’ont pas solutionné le problème de fond. Comme pour les autres secteurs du soin, la solution impose une réforme systémique qui est à notre portée.

Les responsables du recrutement peuvent contribuer à attirer des candidats plus diversifiés

Dans un contexte de pénurie de talents et de complexité accrue du marché de l’emploi, accentué par le phénomène de « grande démission », les recruteurs peinent à attirer les profils dont les entreprises ont besoin pour se développer. C’est d’autant plus important que plusieurs études indiquent que sous certaines conditions près de la moitié des salariés interrogés en mai dernier envisageaient de quitter leur emploi d’ici à la fin de l’année.

Pour recruter et garantir l’égalité des chances, les entreprises doivent se démarquer et pouvoir toucher tous les candidats potentiels, quelle que soit leur origine. Or, bien que le rôle des recruteurs soit central dans la démarche d’inclusion et de diversité, les personnes en première ligne lors d’un recrutement ne sont pas toujours suffisamment formées pour relever ce défi, alors que leur contribution est tout aussi importante. Comment les aider à adopter la bonne posture lors d’un entretien ? Nous avons mené une recherche pour répondre à cette question.

« L’emprise scolaire » : les diplômes ont-ils trop de poids sur nos vies ?

Peu de politiques sont aussi consensuelles que les politiques éducatives menées en France ces dernières décennies : même si leurs modalités concrètes font débat, aucune voix ne s’élève contre l’expansion considérable de la scolarisation à laquelle elles mènent. Depuis les années 1950, le taux de bacheliers a été multiplié par plus de 15. En 1970, 44 % des jeunes de 17 ans étaient scolarisés ; ils le sont quasiment tous aujourd’hui (96 %).

Un consensus semble s’être installé sur le fait que l’éducation scolaire serait la meilleure manière d’instruire et d’éduquer un enfant, de former des travailleurs qualifiés et des citoyens actifs. Diffuser plus largement l’éducation, ce serait aussi tendre vers plus d’égalité des chances.

Se demander si ces promesses ont été tenues, ce n’est en rien contester la valeur de l’éducation. Mais il en est de l’explosion de la scolarisation comme du développement des sciences et de l’industrie qui ont tant enrichi nos sociétés mais qui, par leur dynamique même, ont endommagé la nature, produit de nouvelles inégalités, à tel point que l’on questionne leur expansion infinie… Toujours plus d’un bien n’est pas forcément bénéfique.

Concernant l’éducation, on peut se demander si nous ne sommes pas à la fin d’un cycle tant les diplômes rythment aujourd’hui la vie sociale, depuis le quotidien des familles jusqu’à l’organisation du travail, comme le montre notre enquête L’Emprise scolaire – Quand trop d’école tue l’éducation (éd.Presses de Sciences Po, 2024).

Faut-il supprimer l’Aide médicale d’État ? ce que nous dit la recherche scientifique

Depuis la nomination du gouvernement de Michel Barnier, l’Aide médicale d’État (AME), cette couverture maladie dont peuvent bénéficier les étrangers en situation irrégulière, se retrouve de nouveau au cœur de l’actualité. Bruno Retailleau, le nouveau ministre de l’intérieur, a en effet annoncé sa volonté de réformer ce dispositif.

Ce droit à l’accès aux soins et à la protection de la santé des personnes résidant sur le territoire français sans titre de séjour est fortement menacé depuis les discussions autour de la loi « immigration ».

À l’époque, le gouvernement d’Élisabeth Borne avait d’abord envisagé la suppression de l’AME, dans le cadre de cette loi, sur la base notamment du rapport établi par Claude Évin et Patrick Stefanini… avant de reculer. À noter que les conditions d’accès à l’AME avaient déjà été durcies en 2019.

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