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Euthanasie, suicide assisté : dix points de vigilance éthique à considérer

Au cours de son audition le 2 avril 2025 par la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, le président du Conseil national de l’ordre des médecins s’est dit favorable à ce que la fonction du médecin puisse en certaines circonstances justifier qu’il pratique une euthanasie.

Pour respecter la personne dans ses droits et la prémunir de toute souffrance, le Code de déontologie médicale qui avait évolué, notamment en tenant compte des deux dernières lois relatives aux droits des malades en fin de vie (2005, 2016), préconisait déjà les conditions de recours à la sédation, y compris « profonde et continue maintenue jusqu’au décès ».

Il évoluera désormais du point de vue de ses principes. Le médecin n’aura pas l’autorité de contester la demande de la personne qui solliciterait son assistance pour abréger sa vie, au risque d’être poursuivi pour « délit d’entrave » s’il était amené à y faire obstacle.

La clause de conscience lui sera cependant accordée, alors que le Code de santé publique intégrera l’euthanasie et le suicide médicalement assisté aux devoirs et aux bonnes pratiques du professionnel de santé comme s’agissant d’un traitement indifférencié (qui fera l’objet d’enseignements universitaires). Toutefois, une question se pose : qu’en est-il d’une clause de conscience dès lors que la loi, avec sa transposition dans la déontologie, érige de nouvelles normes ?

Les micro-violences éducatives ordinaires : un impensé de l’institution scolaire ?

Lorsqu’on parle de violences à l’école, on pense aux brutalités physiques ou au harcèlement entre élèves. Mais il existe aussi des violences bien plus insidieuses, que les chercheurs qualifient de micro-violences éducatives : de petits actes ou paroles du quotidien qui portent atteinte à la dignité d’un élève, sans être forcément perçus comme une forme de violence.

Que penser de ce phénomène, à la fois actuel et difficile à percevoir, qui émane principalement des enseignants à l’égard de leurs élèves ?

De nombreux témoignages d’anciens élèves illustrent pourtant son ampleur. Julie, par exemple, aujourd’hui en formation d’enseignant, se souvient qu’en classe de quatrième, un professeur lui a « lancé » :

« Dans ton cerveau, c’est le désert, tu n’arriveras jamais à rien. »

Cette humiliation publique l’a dévastée : Julie explique y avoir cru, au point de décrocher scolairement dès la fin du collège. Il lui a fallu des années pour se reconstruire.

Paul, aussi, étudiant dans la même formation, dira d’une enseignante :

« Elle me faisait sortir de la classe à chaque leçon de mathématiques et m’envoyait en CP, sans avertir mes parents. J’avais honte. Et pendant les contrôles, elle disait aux autres de faire des murs de classeurs pour que je ne copie pas. »

Pourquoi tant de difficultés à recruter des enseignants ?

Depuis une quinzaine d’années, la France fait face à une crise persistante de recrutement des enseignants, en primaire comme dans le secondaire. Certes, le système éducatif français a déjà connu par le passé des crises de grande ampleur. Mais les causes en étaient différentes, et elles ne présentaient pas les spécificités de la crise qui affecte l’école aujourd’hui.

On peut rappeler à cet égard les épisodes liés à la massification de l’enseignement secondaire dans les années 1960, à la création des instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM) et à l’élévation du recrutement des professeurs des écoles de bac à bac+3 au début des années 1990 et, plus récemment, à la mastérisation de la formation des enseignants. Cette dernière réforme a été mise en œuvre alors que 60 000 postes d’enseignants étaient recréés dans les années 2010, nécessitant un afflux de candidats pour combler tous les besoins.

Installation des médecins généralistes : des territoires sur-dotés, mais pas forcément bien dotés

La question de la régulation à l’installation des médecins, véritable arlésienne des débats liés à la réforme du système de santé, est une nouvelle fois au centre des discussions. Mercredi 7 mai, l’Assemblée nationale a adopté en première lecture une proposition de loi allant dans ce sens, contre l’avis du gouvernement.

Qu’il s’agisse de conditionner toute nouvelle installation au départ d’un confrère (zones « sur-dotées ») ou d’imposer deux jours par mois d’exercice dans les déserts médicaux (zones « sous-dotées »), les propositions actuellement examinées ne doivent pas être réduites à la question de la liberté d’installation.

Pourquoi la référence à la dotation en médecins questionne-t-elle ? Par rapport à quelle norme les sur- ou sous-dotations sont-elles évaluées ? Explications.

Statut de l’embryon et du fœtus en France : comment les anti-IVG et les anti-choix brouillent les pistes

« Les embryons cryoconservés sont des enfants ». C’est ce qu’a conclu la Cour suprême d’Alabama, le 16 février 2024, laissant place à une forme de sidération de la part des professionnels de l’assistance médicale à la procréation (AMP, également appelée PMA, pour procréation médicalement assistée) et de certaines personnes ayant recours à ces techniques aux États-Unis.

Cette décision illustre le climat actuel dans ce pays qui vise à renforcer la protection des êtres avant la naissance et à restreindre le droit à l’avortement, comme cela a été le cas en 2022 avec l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade par la Cour suprême.

Au cœur de ces débats, se pose en fait la question du statut de l’embryon et du fœtus, toujours discuté et objet de nombreuses controverses. Cette question traverse l’ensemble de nos travaux sur ces thématiques depuis plus de dix ans.

De ces longues années de recherche est né le projet de recherche NorPro (pour « normes procréatives »). Il rassemble cinq chercheuses et chercheurs de différentes disciplines (anthropologie et sciences politiques) qui travaillent sur des objets hautement débattus sur la scène politique : la gestation pour autrui, les diagnostics anténataux, la procréation avec tiers donneurs et enfin la médecine périnatale.

Le projet NorPro vise à interroger les dilemmes éthiques et pratiques qui se posent à l’ensemble des protagonistes à partir d’une approche ethnographique qui vise à rendre compte de la réalité de leurs expériences.

Face à la précarité étudiante, les filets de sécurité s’effilochent

Au lendemain des confinements, la problématique de la précarité étudiante a été mise sur le devant de la scène médiatique. Les images d’étudiants patientant masqués devant les distributions alimentaires ont elles-mêmes nourri la presse pendant plusieurs mois. Mais qu’en est-il quatre ans après ? Les files d’attente se sont-elles dispersées ?

Malheureusement non, puisque dans le contexte d’inflation, et comme a pu l’alerter l’association Cop1 dans son dernier baromètre de la précarité étudiante, la dépendance aux aides alimentaires d’une partie des étudiants n’a cessé de croître.

Si la question de la précarité étudiante est déjà très bien renseignée dans la littérature scientifique, autant à des niveaux nationaux que locaux (en particulier en région parisienne), quelques données sur l’évolution des conditions étudiantes méritent encore d’être exposées. Une lecture sociologique s’avère particulièrement utile pour saisir les liens entre la dégradation des conditions de vie et la reconfiguration des régimes de protection sur lesquels les étudiants peuvent compter.

En 2003, dans une contribution portant sur l’insécurité sociale, le sociologue Robert Castel affirmait déjà que la condition à la protection est de disposer de droits et de ressources minimums pour être indépendant, faire face aux principales menaces sociales et se projeter sereinement dans l’avenir. C’est précisément sur ces paramètres de la vie étudiante, et à partir des résultats d’une enquête menée à l’Université d’Angers, démarrée en 2008, répétée en 2011 et réactualisée en 2022, que notre analyse entend apporter quelques éclairages sur la progression de la précarité étudiante.

Le Social est édité par la société Social Connexion. Son équipe propose des services en ligne depuis plus de 25 ans dans le domaine du secteur social et du médico-social.