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Pourquoi changer les rythmes scolaires ? Retour sur 140 ans d’expérimentations

Ce lundi 2 septembre, plus de 6 millions d’élèves ont repris le chemin et le rythme de l’école. Alors que les emplois du temps diffèrent pour chaque classe dans les collèges et lycées, plus de 90 % des établissements du premier degré organisent la semaine des écoliers selon la semaine des 4 jours depuis 2017.

La réforme mise en œuvre à partir de 2013 par le ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon avait réorganisé les 24 heures d’enseignement hebdomadaire des 36 semaines de l’année scolaire dans le cadre d’une semaine type de quatre jours et demi incluant le mercredi matin et des activités périscolaires. Son successeur, Jean-Michel Blanquer, avait mis un terme à ces changements, actant un retour très large à la semaine de 4 jours.

En a-t-il toujours été ainsi ? Comment en est-on arrivé à cette situation et comment s’est organisée la semaine des écoliers depuis la généralisation de la scolarisation ? Faisons le point sur les enjeux des rythmes scolaires.

Pour les personnes en situation de handicap, l’insertion dans l’emploi demeure une course d’obstacles

Alors que se tiennent les jeux paralympiques de Paris, la question de l’emploi des personnes présentant un handicap mérite d’être posée, car une double marginalité, par rapport à l’emploi et dans l’emploi, prévaut toujours (Revillard 2019). Selon l’enquête emploi, en 2021, 15 % des 15-64 ans déclaraient une situation de handicap (définie au sens de l’indicateur Gali), soit 6 millions de personnes. Leur taux d’emploi est bien inférieur à celui des personnes valides (50 % contre 70 %). Si le taux de chômage n’est « que » de 13 %, avec un halo du chômage très important, il affecte un public en moyenne plus âgé, moins qualifié, et plus touché par le chômage de longue durée. Un constat de marginalité par rapport à l’emploi des personnes en situation de handicap s’impose.

Ce constat s’impose aussi dans l’emploi : la population handicapée en emploi est moins diplômée que l’ensemble de la population, et occupe plus souvent des postes moins qualifiés, moins prestigieux et moins rémunérateurs ; elle travaille plus souvent à temps partiel.

Apprendre les langues sur Instagram ou TikTok : faut-il suivre les profs influenceurs ?

En flânant sur les réseaux sociaux, vous avez peut-être vu passer ces vidéos d’influenceurs enseignants qui vous donnent des conseils pour apprendre une langue étrangère ou vous expliquent des points de grammaire. C’est ce que fait Athéna Sol, par exemple, professeure de lettres aux millions d’abonnés, qui s’attache principalement à expliciter des faits linguistiques en français.

Le phénomène est loin d’être marginal. À l’instar d’Athéna Sol, de nombreux professeurs du primaire au secondaire, tout autant que des indépendants, présentent leur travail sur les réseaux sociaux. D’ailleurs, l’usage du terme « influenceur » explose depuis les années 2010, ce qui confirme la vitalité de ces mises en scène numériques.

En tant qu’élève ou apprenant, qu’attendre des vidéos et autres contenus interactifs qui sont ainsi proposés ? Et, plus généralement, en quoi ces usages interrogent-ils l’apprentissage des langues ?

L’éducation en crise : vrai naufrage ou fausse alerte ?

Si l’on en croit les médias et la classe politique française, l’école, l’enseignement et, plus largement, l’éducation sont en crise dans notre pays. On ne compte plus les articles de presse qui relaient cette idée ; même chose sur les réseaux sociaux et à la télévision.

L’émission Zone interdite sur la chaîne M6 diffusait, par exemple en novembre 2023, un documentaire au titre significatif : « Professeurs malmenés, chaos administratif : l’Éducation nationale au bord du naufrage ». Dès les premières minutes, à l’écran, une brève séquence d’archives filmées montre ce qu’on devine être une classe secondaire de garçons dans la France des années 1960. Elle cède la place à des scènes scolaires d’aujourd’hui. Le commentaire de la voix off donne le ton :

« Que reste-t-il de cette école publique là, avec ce professeur respecté face à des élèves disciplinés ? Pas grand-chose. Tout le monde le sait. »

La suite du documentaire présente la myriade de maux qui accablent l’institution : l’absentéisme et le non-remplacement des enseignants ; le recrutement hasardeux et en urgence de contractuels peu formés, et aux compétences disciplinaires plus que fragiles ; des établissements scolaires en état de profond délabrement ; un climat scolaire dégradé ; une autorité quasi inexistante ; une pédagogie et une transmission largement défaillantes ; une gestion calamiteuse des ressources humaines.

Bref, l’enquête donne le sentiment d’une crise profonde de l’école française ; car qu’est-ce qu’une école au bord du naufrage, sinon une école en crise ? Sans dénier certains éléments de vérité au contenu de ce documentaire, la recherche en sciences humaines et sociales invite à prendre du recul sur cette idée d’une crise de l’éducation. Tout d’abord parce qu’il s’agit d’un poncif ancien ; ensuite, parce que cette rhétorique à succès contribue à simplifier les données du problème éducatif et masque des processus de réforme de l’institution qui gagneraient à être mieux connus du grand public.

Rentrée 2024 : quel budget pour l’école ?

La ministre de l’Éducation nationale démissionnaire Nicole Belloubet a plaidé lors de sa conférence de presse du mardi 27 août 2024 pour que « le budget de l’Éducation nationale soit au moins sanctuarisé : le prochain gouvernement devra y être attentif s’il souhaite maintenir une réelle ambition pour cette priorité nationale ».

Si l’on en juge par les données publiées par les services statistiques du ministère, la part de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur dans le budget de l’État est manifestement déjà prioritaire : de 2006 à 2019, cette part se situe autour de 30 %, même si, à partir de 2020, il y a une baisse sensible pour finir à 26 % en 2023 – en euros constants, cependant, les sommes restent stables, autour de 119 milliards d’euros.

Couchers tardifs et manque de sommeil peuvent abîmer le cerveau des enfants

En tant que neuroscientifiques, nous nous passionnons pour les questions touchant à la réduction des disparités socioéconomiques qui peuvent influer sur le développement des enfants. À ce titre, notre objectif est de mieux comprendre comment de telles disparités affectent la qualité du sommeil et le développement du cerveau chez les plus jeunes. Pour mener nos travaux les plus récents, nous avons recruté 94 enfants âgés de 5 à 9 ans vivant à New York, au sein de familles dont de statuts socioéconomiques variés. Parmi les foyers participants, environ 30 % percevaient des revenus inférieurs au montant considéré comme le seuil de pauvreté aux États-Unis.

Les résultats que nous avons obtenus indiquent que le manque de sommeil et les heures de coucher tardives sont associés à des modifications fonctionnelles du cerveau. Potentiellement nuisibles, ces changements sont localisés dans des régions importantes pour faire face au stress et contrôler les émotions négatives. Nos travaux révèlent par ailleurs que les enfants issus de familles disposant de peu de ressources économiques sont particulièrement à risque d’être concernés par ces modifications cérébrales.

Le Social est édité par la société Social Connexion. Son équipe propose des services en ligne depuis plus de 25 ans dans le domaine du secteur social et du médico-social.

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